Zong, la société fondée par David Marcus, se spécialise dans le micropaiement par téléphone mobile. Sa solution a été choisie par les plus grandes communautés en ligne.
«J’ai toujours été convaincu de l’essor du téléphone mobile comme outil de paiement car il offre tous les avantages: simplicité, rapidité et sécurité.» Le succès de Zong vient démontrer que David Marcus avait vu juste en déménageant en Californie en 2008 pour lancer sa société. Après avoir persuadé les grands acteurs du jeu en ligne, et les réseaux sociaux, dont Facebook en début d’année, son entreprise vient de lever 15 millions de dollars auprès de Matrix Partners, acteur prestigieux du venture capital américain.
«Cette levée de fonds nous permettra d’alimenter l’importante croissance de notre entreprise, explique David Marcus. Nous sommes moins de 100 collaborateurs aujourd’hui, mais il est raisonnable de penser que nous serons plus de 250 d’ici à deux ans.» L’équipe est essentiellement basée à Palo Alto, mais Zong emploie aussi 30 personnes à Genève, où David Marcus avait fondé EchoVox quelques années auparavant (lire ci-dessous).
«En Suisse, nous avons acquis l’expérience technique pour mettre en place les solutions avec les opérateurs télécoms. Plus largement, l’Europe est en avance sur ces technologies et nous allons donc conserver un pied à Genève.» La solution de Zong fonctionne ainsi: pour acheter quelque chose sur l’internet, l’usager introduit son numéro de mobile et reçoit instantanément un code par SMS qu’il insère sur la page. Le montant est ajouté sur sa facture de téléphone. «La simplicité explique pourquoi le taux de conversion des visiteurs en acheteurs est très élevé: il atteint 70% avec notre système, ce qui est 10 fois plus élevé qu’avec les cartes de crédit.» L’entreprise a signé des accords avec 174 opérateurs dans le monde entier, y compris en Suisse.
Zong a d’abord séduit les communautés de jeux vidéo en ligne, dont IMVU, une des plus grandes d’entre elles, qui réunit plus de 40 millions de joueurs dans un espace virtuel en 3D. Les usagers peuvent y acquérir des objets virtuels (armes, accessoires) en utilisant leur téléphone. Zong prélève une commission sur chaque transaction, tout comme l’opérateur télécoms. Des commissions que les marchands trouvent logiquement trop élevées, mais qui sont compensées par l’augmentation du nombre d’acheteurs, en particulier les jeunes, qui noient facilement quelques dépenses supplémentaires dans leur facture télécoms, et qui n’ont pas toujours une carte de crédit.
«Le système fonctionne même pour des achats de quelques centimes, mais le montant moyen des transactions ne cesse d’augmenter, il est désormais de 9 dollars.» Depuis quelques semaines, les 400 millions de membres de Facebook peuvent acheter des «crédits» avec leur mobile afin, notamment, d’acquérir et d’offrir des cadeaux virtuels ou de participer à des jeux. «Facebook n’est pas encore notre plus gros client, mais le potentiel est énorme et ce partenariat nous offre une distribution inégalée.» A ce jour, 20 millions d’internautes ont utilisé Zong pour effectuer des paiements en ligne. «Ce n’est qu’un début. A titre de comparaison, Paypal compte 80 millions d’utilisateurs actifs.» Et on estime à 4,5 milliards le nombre d’abonnés mobiles sur la planète…
«D’ici à quelques années, nous paierons énormément de choses avec nos téléphones, et pas seulement des contenus numériques, articles de journaux ou des achats virtuels: au restaurant, le serveur viendra avec un terminal qui permettra d’approcher son mobile et de régler l’addition ainsi. Même chose dans les kiosques.» C’est le pari de David Marcus. Et jusqu’ici, il ne s’est pas souvent trompé.
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PROFIL
David Marcus
1973
Naît à Paris.
1996
Fonde GTN, un opérateur télécoms suisse.
2000
Vend GTN et lance EchoVox.
2003
Fonde VOX Telecom avec Claude Schaerer, grossiste en télécoms.
2005
Lance echo6, une filiale entre EchoVox et M6.
2008
Part en Californie, lance Zong.
2010
Signe avec Facebook et lève 15 millions de dollars.
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Une version de cet article est parue dans l’Hebdo.