KAPITAL

Swinglet, le drone suisse révolutionnaire

La jeune société Sensefly vient de mettre sur le marché un petit aéronef ultraléger. Sans pilote à bord, il se destine à l’imagerie aérienne ou la météorologie.

Dans son carton d’emballage, le Swinglet ressemble à un avion pour enfant. Mais une fois l’engin déployé comme un grand oiseau, il n’a plus rien à voir avec un gadget volant. «Pour le faire décoller, il faut le secouer trois fois d’avant en arrière, détaille Jean-Christophe Zufferey, fondateur de la jeune société Sensefly, une spin off de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) à l’origine du Swinglet. Le moteur électrique se met en marche et, lorsque l’hélice tourne, il peut être lâché, de préférence dans un champ.»

A plein gaz, Swinglet monte alors jusqu’à une cinquantaine de mètres en tournant en rond, puis se pose doucement après une minute. Ce minidrone ultraléger, en mousse souple, peut aussi se déplacer dans les airs en suivant un plan de vol préprogrammé, grâce à un GPS intégré. «Sa batterie en lithium polymère lui permet de parcourir jusqu’à vingt kilomètres, pendant une heure, pour autant qu’il n’ait pas le vent de face, poursuit son concepteur. Il peut monter jusqu’à 3’500 mètres d’altitude.» En plus d’un GPS, l’appareil possède un système d’autopilotage, un accéléromètre, mais aussi des capteurs de pression, de vitesse et d’altitude. De plus, il est également équipé d’un gyroscope qui mesure sa vitesse de rotation, et d’un modem radio qui lui permet d’être reprogrammé pendant son vol. Une technologie mise au point dans les locaux de l’EPFL, qui a valu à la start-up un prêt de 100’000 francs de la Fondation pour l’innovation technologique, qui soutient les projets audacieux de ce genre.

L’engin volant ne se destine pas aux particuliers et ne sera donc pas produit en grande quantité. Il s’adresse, pour l’instant, uniquement à un marché de niche. Sa cible principale est la météorologie. Pour leurs observations, les météorologues utilisent habituellement des ballons munis d’une sonde qui redescendent sur terre une fois les relevés sont faits. «Excepté en Suisse où ils sont récupérés, les boîtiers sont perdus et génèrent donc des déchets importants dans la nature, explique Jean-Christophe Zufferey. S’ils étaient fixés sur un Swinglet, ils reviendraient à bon port et pourraient donc être utilisé plusieurs fois. Les météorologues pourraient investir dans des capteurs plus chers et plus précis.» La start-up travaille d’ailleurs étroitement avec Météo Suisse en faisant voler le Swinglet à côté des fameux ballons, afin de comparer leurs données respectives.

Dans sa version actuelle, Swinget a néanmoins un défaut de taille: il n’est pas en mesure de percevoir son environnement, et donc d’éviter les éventuels obstacles. La start-up planche depuis plusieurs mois sur un système «bio-inspiré» en collaboration avec le Laboratoire des systèmes intelligents de l’EPFL. Ensemble, ils ont conçu un algorithme imitant le traitement des informations chez la mouche. Ce dernier est intégré dans un microprocesseur qui, une fois installé dans un drone muni de deux caméras à basse résolution imitant les yeux à facettes des insectes, permet d’avoir un champ de vision à 360 degrés.

Swinglet est commercialisé depuis décembre dernier au prix de 5’000 francs. Quatre modèles ont d’ores et déjà été écoulés via des revendeurs en Suisse et aux Etats-Unis. En parallèle à la diffusion de son drone intelligent, la start-up cumule les projets pour 2010. Son principal défi? Séduire le marché de l’imagerie aérienne. Sur ce segment, Sensefly est en concurrence avec l’imagerie satellite et des drones militaires, plus gros et plus coûteux. Elle vise donc un produit très compétitif. Jean-Christophe Zufferey, sans trop dévoiler les contours de sa prochaine invention, laisse entendre qu’«il s’agit d’une sorte d’appareil photo volant qui serait beaucoup moins cher à exploiter et plus simple à utiliser que nos concurrents». A suivre, donc.