Une nouvelle variété de la fleur des Alpes a été créée en Suisse. Dotée d’une tige plus longue que sa cousine sauvage, elle répond aux exigences des fleuristes.
On connaissait les vertus antivieillissantes de l’edelweiss, utilisées dans des crèmes. Et, sous forme de liqueur ou de chocolat, son utilisation dans l’alimentaire. Mais l’étoile alpine, dont la cueillette reste interdite en Suisse, est en passe de vivre une révolution: une nouvelle variété mise au point par les chercheurs de l’Agroscope de Changins-Wädenswil va désormais permettre aux fleuristes de l’utiliser pour leurs bouquets.
Dotée d’une tige de 20 à 30 cm, soit nettement plus longue que celle de sa cousine sauvage, la dénommée Helvetia possède de belles fleurs uniformes et une durée de vie en vase qui dépasse la semaine. «Nous avons mis dix ans pour développer un edelweiss qui corresponde aux critères de l’industrie des fleurs coupées», explique Pascal Sigg, ingénieur agronome au centre de recherche de Conthey (VS), où l’espèce a été créée. Les chercheurs ont procédé à des sélections à partir des plants cultivés pour l’industrie agroalimentaire.
«L’objectif de notre programme consiste à valoriser les fleurs indigènes comme l’edelweiss, la gentiane ou la marguerite, afin que nos fleuristes puissent se démarquer de la concurrence étrangère», poursuit Pascal Sigg. L’industrie suisse de la fleur coupée se trouve en effet dans une situation économique difficile. «Notre facture d’énergie a augmenté de 400’000 francs en trois ans, sans que nous ne vendions une fleur de plus, déplore Jean-Marc Crousaz, patron de Crousaz Fleurs à Yvorne, l’un des deux derniers producteurs de fleurs en Suisse romande. Nous souffrons de la concurrence des pays du Sud comme le Kenya ou l’Equateur, qui produisent 80% des roses vendues en Suisse. Malgré le bilan écologique évidemment catastrophique de ces fleurs importées, les consommateurs continuent de les acheter en raison de leurs prix compétitifs.»
L’arrivée sur le marché de variétés indigènes comme l’Helvetia donne de l’espoir à Jean-Marc Crousaz: «Nous nous sommes mis à l’edelweiss au printemps dernier. La culture de cette fleur se contente d’un sol pauvre, de peu de nutriments et surtout ne nécessite pas de chauffage. Son bilan écologique est excellent et cela nous permet de réduire notre facture d’énergie.» Mais, pour le producteur, l’étoile alpine restera un marché de niche: «Le marché des fleurs évolue peu et lentement: 70% des fleurs vendues sont des roses, des chrysanthèmes ou des lys. Il reste peu de place pour les autres variétés ou pour les nouveautés.»
Jean-Marc Crousaz a tout de même été étonné du succès rencontré par l’edelweiss, notamment pour les mariages et les baptêmes. «Le potentiel de cette fleur reste dans le symbole de pureté qu’elle représente.» Et il n’est pas le seul: Urs Zenhäusern, directeur de Valais Tourisme, voit dans le développement de bouquets d’edelweiss un atout de plus pour le tourisme helvétique. «Nous souhaitons développer sa culture en Valais afin de proposer des bouquets souvenirs aux touristes, ou pour la décoration des hôtels. L’edelweiss est un symbole qui équivaut au Cervin. Il représente la pureté, mais aussi la qualité suisse.»
