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Histoires de couvertures

Jadis associé à la literie, puis tombé peu à peu en désuétude, le mot «couverture» revit et fait les grands titres de la presse. De Barack Obama à Marge Simpson, en passant par Swisscom et nos caisses de pensions, chacun se soucie désormais de couverture.

couverture.jpgJusqu’à l’arrivée d’un géant suédois dans les années septante, nous dormions sous des couvertures. Pour dormir à la nordique, nous les avons abandonnées, données aux pauvres ou conservées — on ne sait jamais — au fond d’une armoire où les mites se régalent.

Seules les victimes consentantes de voyages «gratuits» en car achètent encore, à prix d’or, des couvertures chauffantes: «On ne pouvait pas faire autrement, ils nous ont offert un vrai repas gastronomique!»

Avec un peu de décalage, l’armée suisse, les cabanes du Club Alpin et les Auberges de jeunesse se sont aussi alignés. Entre temps, Ingvar Kamprad, patron d’Ikea à l’origine de cette révolution dans nos chambres à coucher, est devenu l’un des hommes les plus riches de la planète.

Une planète sur laquelle le clivage entre riches et pauvres ne se réduit pas, bien au contraire. Pour l’évoquer, on parlait hier d’inégalités et d’injustices à combler, certains appelaient de leurs voeux une lutte des classes. Obsolète, ce vocabulaire militant! Avec l’ère du politiquement correct est arrivée, tellement plus «soft», la lutte pour la couverture. L’image de miséreux grelottant a laissé place à celle de frileux osant demander davantage de couverture.

Or, dans bien des domaines, même la meilleure des gestions possibles ne permet pas d’étendre à tout le monde une couverture par trop exiguë. En matière d’alimentation, un milliard de personnes souffrent de la faim dans le monde. La couverture maladie de leurs concitoyens préoccupe bien des politiciens. En France, dix ans après la création de la Couverture maladie universelle (CMU), un dispositif censé garantir le droit à la santé pour tous, Olivier Bernard, le président de Médecins du Monde constate que «8 patients sur 10 que l’on reçoit dans nos centres n’ont aucune couverture maladie alors qu’ils y ont droit!»

Barack Obama vient de stigmatiser les compagnies d’assurance qu’il a accusées de chercher à torpiller sa réforme de la couverture santé devenue une de ses priorités. Au Brésil, le président Lula da Silva vient de s’enorgueillir d’un beau résultat: en 1969, 8,7 millions de personnes, soit 30% de la population active de l’époque, possédaient une couverture sociale. Aujourd’hui, 60% en profitent.

Chez nous, c’est le taux de couverture des caisses de pension suisses qui demeure insatisfaisant, selon Swisscanto, le gestionnaire de fonds et prestataire de solutions de prévoyance professionnelle commun aux banques cantonales.

Et la grippe A(H1N1), ne vient-elle pas de révéler une couverture vaccinale bien inégale entre les Etats? L’OMS a dû demander une aide financière urgente aux pays riches ainsi qu’une augmentation des dons de vaccins pour les pays pauvres.

Une fois garanties les couvertures alimentaire, médicale et sociale, c’est l’accès à d’autres couvertures qui préoccupe les citoyens: téléphonie, internet, télévision. Faire savoir que l’on s’en soucie est une excellente publicité. Swisscom combat cette fracture numérique et se réjouit du résultat: «Nous desservons aujourd’hui plus de 99,8% de la population suisse avec notre réseau mobile haut débit».

Jamais comme cet automne, les couvertures de magazines n’ont tant fait parler d’elles. C’est Anna Wintour qui refuse celle de son magazine à la chanteuse Rihanna, qui en pleure avant d’apparaître sur celle de «Vogue Italie» au mois de septembre. C’est la couverture d’octobre de l’édition française du même magazine, avec Lara Stone recouverte de maquillage noir qui fait scandale et déclenche la colère de SOS Racisme.

C’est Serena Williams qui pose nue pour la couverture du magazine américain Body. «Le magazine m’a indiqué que j’avais un corps magnifique et qu’il devait figurer en couverture, j’étais super flattée.» C’est encore Marge Simpson, en pose sexy sur la couverture de cialis why so expensivequi veut, à sa manière, fêter les vingt ans de la série.

C’est enfin Rachida Dati, qui fit la couverture de bien des magazines avec une couverture sur les bras à sa sortie de la maternité. Une couverture vide aux dires de son frère…