L’opérateur romand VTX va lancer son offre de TV ADSL en janvier prochain. Pour se distinguer de la concurrence de Bluewin TV, il mise sur des fonctions d’enregistrement inédites et des tarifs serrés.
Jusqu’ici, pour capter les chaînes de télévision via la prise du téléphone, il fallait impérativement se tourner vers Swisscom et sa Bluewin TV. Cette contrainte touche à sa fin. Dès janvier prochain, les téléspectateurs-internautes auront enfin le choix: ils pourront s’ils le souhaitent opter pour l’offre de VTX — actuellement en phase de test à Pully et à Bâle — avec à la clé quelques très bonnes surprises, parmi lesquelles des fonctions d’enregistrement inédites.
Qui n’est jamais tombé sur une émission de télévision en cours de diffusion — qu’il s’agisse d’une série, d’un débat ou encore d’un reportage — en se disant que, mince, il est vraiment frustrant d’avoir manqué le début? La solution de VTX, et c’est l’un de ses atouts majeurs, permettra de remédier à ce cas de figure agaçant: l’utilisateur pourra, d’un clic, obtenir l’intégralité de l’émission déjà commencée qu’il souhaite visionner (lire le complément ci-dessous).
Pour rappel, Swisscom avait été le premier à concurrencer les téléréseaux en lançant son service de télévision sur l’ADSL dès la fin de 2006. Mais depuis la dernière étape de la libéralisation du marché des télécoms (celle dite du «dernier kilomètre») en avril 2007, le contrôle de la ligne permet à la concurrence d’offrir, elle aussi, l’internet à très haut débit, et donc la télévision via ce canal.
La société VTX, dont le siège se trouve à Pully, va exploiter cette opportunité pour compléter son offre actuelle. Comme Swisscom, elle misera en priorité sur un package dit «quadruple play», regroupant la téléphonie, l’accès internet haut débit, l’abonnement mobile (grâce à un partenariat avec Orange) et l’abonnement TV, le tout sur une même facture.
«Jusqu’à présent, il nous manquait une jambe, ironise Christian Matthey, responsable de ce projet chez VTX. Avec la télévision, nous disposons désormais d’une solution complète pour nos clients.» Afin d’offrir cette prestation, la société de Pully, qui compte à ce jour 200 employés, a investi plusieurs millions au cours des trois dernières années. «Pour rentabiliser nos investissements, il est nécessaire d’atteindre une masse critique d’utilisateurs et donc de nous adresser aux clients privés», explique Philippe Roditi, directeur de VTX.
Une telle orientation stratégique ne va pas de soi pour l’entreprise de Pully, historiquement plutôt rattachée à la clientèle d’entreprise — essentiellement des PME, qui constituent son cœur de cible depuis sa fondation en 1986. «Nous comptons actuellement 25’000 entreprises clientes et 50’000 privés; notre chiffre d’affaire (70 millions de francs l’an dernier) dépend à 60% du secteur professionnel, détaille Philippe Roditi. Mais cette situation n’est pas figée pour autant: nous observons que de nombreux chefs d’entreprise satisfaits viennent ensuite chez nous à titre privé.»
Proximité, qualité du service, efficacité du bouche-à-oreille, tels sont les principes qui ont permis à VTX de se développer sans recourir à la publicité. Au fil des ans, la société a racheté de nombreux concurrents locaux (elle dispose à ce jour de 12 filiales), qui proposaient un service similaire au sien, mais n’avaient pas les moyens de se développer à l’échelle nationale. «En grandissant, nous avons toujours veillé à conservé l’esprit original, proche du client», insiste Christian Matthey.
Si ce type d’arguments intéresse en premier lieu les PME, il peut aussi s’avérer agréable pour les clients privés de disposer d’un service après-vente à taille humaine, souligne Philippe Roditi. «Sur chacune des factures adressées à nos clients figure le nom et le contact d’un assistant personnel, facilement joignable en cas de problème.»
Voilà pour le service. Concernant le contenu de l’offre TV, hormis l’utile fonction d’enregistrement susmentionnée, l’arrivée de VTX ne bouleversera pas le paysage. Au programme: une centaine de chaînes de télé, dont plus de 30 en langue française, une quarantaine de stations de radios. Bref, plus ou moins semblable à la concurrence. Idem pour l’interface, qui — au vu de la démo présentée dans les locaux de VTX — s’inspire plus ou moins de ce que propose Bluewin TV.
La technologie retenue est de type ADSL2+, avec une bande passante de 20 Mbit/s. un standard différent de celui de Swisscom, qui utilise une technologie baptisée VDSL. Avantage à l’opérateur national concernant les programmes en haute définition (tels que la chaîne Suisse HD ou BBC HD par exemple), une option que VTX ne proposera pas, arguant que l’offre en haute définition reste encore marginale.
Pour faire bonne figure, l’opérateur alternatif proposera aussi des vidéos à la demande (films, documentaires), mais l’étendue de l’offre ne risque pas de marquer les esprits. «Ce n’est pas notre créneau ni notre valeur ajoutée, reconnaît Philippe Roditi. De plus, la négociation des droits est très compliquée en Suisse.» Sur ce point, précisons au passage que l’offre de Swisscom n’a rien de transcendant non plus, si ce n’est pour les retransmissions sportives en direct et à la carte, cheval de bataille et exclusivité du géant bleu.
Aucun tarif officiel n’a encore été dévoilé, mais Philippe Roditi annonce qu’ils seront «un peu en dessous de ceux pratiqués par Swisscom». Soit moins de 100 francs pour l’offre internet et TV, qui comprendra la téléphonie fixe gratuite illimitée à destination d’une quarantaine de pays — l’un des arguments massue de VTX. «Nous partons du principe que nos futurs clients pour la TV seront en majorité des clients intéressés par le quadruple play. C’est d’abord cette offre globale que nous comptons mettre en avant.»
Quant à l’offre TV standard, elle devrait également afficher des prix similaires à ceux de Bluewin TV, dont les offres sont facturées 19,90 et 29,90 francs par mois, respectivement sans et avec fonction d’enregistrement.
La question de l’accès à Canal Plus agite déjà l’infosphère. Car les abonnés à Bluewin TV sont nombreux à regretter de ne pas avoir accès aux programmes en clair de la chaîne française (Le Grand Journal, Les Guignols de l’info, etc.). VTX aurait là un bon coup à jouer sur le marché romand. «La diffusion des émissions en clair de Canal Plus soulève des questions de droit, mais des discussions sont en cours, répond le directeur de l’opérateur. Il va de soi que notre origine romande nous rend particulièrement attentif au contenu francophone…» À vérifier dès le mois de janvier prochain.
Si vous avez raté le début du film…
Pour avoir accès à l’offre TV de VTX, l’utilisateur doit au préalable disposer d’une connexion internet haut débit (également proposée par VTX). Le matériel fourni comprend un modem, relié à un petit boîtier de réception (appelé set-top box), lui-même connecté au téléviseur. Contrairement à Swisscom, VTX a opté pour un système d’enregistrement centralisé, autrement dit, la set-top box n’embarque pas de disque dur. Tous les enregistrements sont ainsi stockés sur un serveur informatique à distance. Ce choix technique a comme premier effet d’offrir une set-top box très peu encombrante, mais surtout, il ouvre la voix à des possibilités d’enregistrement innovantes: «Depuis notre serveur central, nous enregistrons toutes les émissions de toutes les chaînes, détaille Christian Matthey. Ainsi, il est possible pour l’utilisateur d’enregistrer plusieurs émissions en même temps. De plus, le téléspectateur qui aurait manqué le début d’un programme peut demander d’obtenir l’émission dans son entier, et cela d’un simple clic.» Une option qui s’apparente à ce que l’on appelle la «catch-up TV», une formule «à la carte» similaire à ce que propose par exemple la TSR sur son site Internet. Mais pas tout à fait: «Pour des raisons légales, il faut que l’émission soit encore en cours pour activer cette option, précise Christian Matthey. Il ne sera pas possible d’enregistrer une émission déjà diffusée.» Du moins pour la majorité des chaînes, car s’agissant de la TSR, des pourparlers sont en cours. Il n’est pas exclu que la chaîne romande mette finalement à disposition ses propres productions en catch-up TV.
