Epargnés par la crise, les sites de rencontres enflamment les marchés. Depuis janvier, le titre Meetic s’est envolé de 50%.
Dix euros en janvier dernnier… plus de quinze aujourd’hui! Le cours de l’action Meetic, leader européen des sites de rencontres sur l’internet, vit une véritable idylle avec les marchés financiers. C’est que l’entreprise est une des rares à pouvoir se vanter de ne pas être touchée par la crise. «Nous sommes épargnés par la récession, confirme Sandrine Leonardi, directrice financière et secrétaire générale du site de rencontres. Les 98 % de nos revenus proviennent des abonnements, si bien que la chute des rentrées publicitaires ne nous touche que de manière marginale.»
Mieux, l’entreprise pourrait bénéficier d’un «effet crise». «Meetic apparaît actuellement comme une valeur refuge, explique Arnaud Riverain, analyste financier chez Arkeon Finance. En cette période de récession, les marchés financiers s’attendent à ce que les gens restent davantage chez eux et donc que les sites de divertissement, comme Meetic, mais aussi les plateformes de jeux en ligne, en profitent.» En 2008, le nombre d’abonnés payants de Meetic a ainsi progressé en Europe de 20%, passant de 577’000 à 696’000.
Même les mauvais résultats de l’entreprise en 2008, (une perte nette de 6,3 millions d’euros contre 14,2 millions d’euros de profit un an plus tôt), n’ont pas douché l’enthousiasme des investisseurs. Néanmoins, les professionnels restent prudents sur cet «effet crise». «Aux Etats-Unis, il semblerait que la récession dope l’audience des sites de rencontres. Mais je n’observe pas encore un tel phénomène en Suisse», note Yvan Vuignier, le patron de Swissfriends. Un avis partagé par Sandrine Leonardi: «Il est trop tôt pour savoir si la crise nous amène de nouveaux clients.» En attendant, l’attrait des financiers pour le titre Meetic ne se dément pas.
Le rapprochement avec l’américain Match.com joue un rôle important dans cet engouement. «Depuis plusieurs années, Meetic se livrait une guerre sans merci et coûteuse avec son principal concurrent, Match.com, rappelle Benoît de Broissia, analyste financier chez Richelieu Finance. Le marché a salué l’accord passé entre ces deux entreprises, qui met fin à la bataille.» Dans le cadre de cette opération, Meetic a racheté les activités européennes de Match, se dégageant ainsi de presque toute concurrence sur le Vieux Continent.
«Cette opération devrait nous permettre de réaliser entre 10 et 15 millions d’euros en synergies dès la première année, se félicite Sandrine Leonardi. Par ailleurs, la fin de notre politique de surinvvestissement publicitaire devrait également nous permmettre d’économiser une dizaine de millions supplémentaires.» De quoi attiser l’appétit des marchés. «En 2008, Meetic a lancé une politique un peu fumeuse orientée principalement vers la télévision et les médias, qui a rogné les marges, rappelle un analyste. L’annonce de la fin de cette stratégie et d’un retour à une marge de 20 à 25%, pour 2009, a rassuré les marchés.»
Reste à savoir si l’action Meetic va poursuivre son envol au-delà de 15 euros. «La majeure partie de la hausse est derrière nous, estime Arnaud Riverain. Mais je m’attends à une opération de rachat, qui pourrait intervenir d’ici à l’été. Un mariage entre Match et Meetic me paraît la suite logique de cette histoire. Une telle opération conduirait l’action de Meetic entre 20 et 25 euros.»
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Une version de cet article est parue dans L’Hebdo du 2 avril 2009.
