Chiens et chats sont de plus en plus touchés par des problèmes de surpoids, qui influencent leur espérance de vie.
Les croquettes allégées risquent de ne pas leur plaire autant que les biscuits, mais ils devront s’en contenter. Car pour eux aussi, une prise de poids peut déboucher sur de sérieux soucis de santé. Les cas d’obésité sont de plus en plus fréquents chez les animaux domestiques, notamment chez les chiens et les chats.
Le fabricant de nourriture Royal Canin estime qu’en Suisse, près de 44% des chiens et près de 40% des chats sont obèses. Les vétérinaires, eux, le constatent lors des consultations. «Lorsque l’on passe la main sur leur cage thoracique, explique Jean Pfister, président de l’Association suisse pour la médecine des petits animaux, on doit pouvoir toucher leurs côtes. Si ce n’est pas le cas, cela signifie que la couche de graisse est trop importante et que l’animal doit maigrir.»
La cause principale de la prise de poids? Le manque d’exercice, accompagné d’une suralimentation. «L’animal domestique, note Jean Pfister, se sédentarise. Lorsqu’il vit en appartement, en zone urbaine, il reste passif pendant des heures lorsque son maître s’absente. Rien ne le stimule à bouger, et donc à brûler des calories.» Le mode de vie du propriétaire compte également. «Un animal en bonne santé signifie que son maître l’est aussi», ajoute le vétérinaire.
Quand un cas de surpoids est diagnostiqué chez un chat ou un chien, c’est au propriétaire d’agir. «Mais face au suivi proposé, les attitudes divergent, remarque Jean Pfister. Certaines personnes veulent aider leur animal à redevenir svelte, alors que d’autres ne s’en responsabilisent pas.»
Gabor Luka, président de la Société genevoise des vétérinaires, remarque cependant une prise de conscience chez les propriétaires: «Ils viennent consulter plus facilement lorsqu’ils pensent que leur animal est obèse.» La santé de leur compagnon est en jeu: risques de diabète, problèmes de foie, troubles articulaires et respiratoires, difficultés motrices, etc. Des maladies qui se répercutent sur l’espérance de vie de l’animal. Tony Glaus, directeur du département de cardiologie au Tierspital à Zurich, estime d’ailleurs «que 50% des petits félins atteints de diabète ne nécessitent pas d’insuline: ils devraient simplement changer de régime alimentaire». Mais certains propriétaires, par une sorte de phénomène de compensation, continuent à se faire plaisir à eux-mêmes en surnourrissant leur compagnon.
Face à un animal obèse, suffit-il de réduire les rations? «C’est possible de le faire un peu, confirme Jean Pfister, mais il faut que l’animal ait le sentiment de satiété. Sinon, le chien pourrait profiter de sa promenade pour manger ce qui lui tombe sous la dent.»
Les fabricants d’aliments pour animaux ont flairé le créneau et développent depuis plusieurs années des gammes «light», vendues légèrement plus cher en magasin (12,70 francs le kilo contre 12,30 francs pour les croquettes de poulet Hill’s chez Cats&Dogs). Pour les cas plus sérieux, certains vétérinaires vendent des produits amaigrissants (environ 18 francs le kilo pour le même type de produits).
Sans aller jusque là, plusieurs stratégies permettent d’aider les maîtres à reprendre en main le poids de leur animal à moindre coût. «Pour les félins, il faut créer une sorte de parc d’attraction dans son environnement, recommande Jean Pfister. Par exemple, en plaçant diverses écuelles à des endroits et à des hauteurs différentes pour encourager l’animal à bouger.»
Autre possibilité, lui offrir un jouet de type «Pipolino», un distributeur mobile de croquettes qui garantit «plus de 4 heures d’activité indispensable à sa santé» (environ 50 francs). Les maîtres peuvent quant à eux augmenter le temps de promenade de leur chien. «Certaines races, comme le labrador, sont plus prédisposées à prendre du poids, explique Jean Pfister. Ils adorent manger! Il est important d’être plus strict avec eux et de leur imposer un régime alimentaire à basses calories.»
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Une version de cet article est parue dans L’Hebdo du 24 juillet.
