«Les années 20 ont été récupérées par l’ensemble des marques de mode, y compris celles de lingerie et de maillots de bain. L’obsession pour le rétro, pour le vintage, se nourrit de cette période. Après les strass et paillettes des années 2000, les designers reviennent aujourd’hui à des coupes plus traditionnelles.»
Pierre-François Le Louët, directeur général de l’agence de style Nelly Rodi, explique ainsi ce que certains hommes considèreront comme une mauvaise nouvelle: exit l’utra-sexy, au profit d’une esthétique sensuelle plus sophistiquée.
A mesure que l’économie montre à nouveau des signes de faiblesse, les consommateurs se tournent vers des formes plus sages et conservatrices. Dans les défilés, les culottes ne cessent de remonter ou à se faire remplacer par des minishorts.
On s’inspire aussi des références «carte postale du bord de mer», représentatives de l’époque. Bref, chic et tirée à quatre épingles, l’imagerie des années 20 colle parfaitement à cette tendance, lancée initialement par des marques comme Galliano, Betsey Johnson ou La Perla.
Les grandes chaînes telles que H&M ont rapidement exploité le filon, en faisant produire en masse des modèles rétro pour cet été 2008.
«Le retour vers une taille appuyée, après plusieurs saisons de taille basse, voire très basse, souligne le caractère plus féminin qui se dessine pour l’été 2008, estime Leyla Belkaïd Neri, de la Haute école d’art et de design de Genève. Les imprimés et les couleurs pastel, parfois vieillies, accentuent l’effet revival et l’image un peu pin-up qui en découle.»
Ce retour en grâce des années folles a débuté l’année dernière, selon Pierre-François Le Louët, à l’occasion d’une exposition consacrée à la période au Palais Galliera de Paris. Depuis, les designers s’inspirent toujours plus de cette décennie qui a vu le corps des femmes se libérer des carcans vestimentaires du 19ème siècle. La pratique du sport se généralisait, il devenait de bon ton d’arborer une mine hâlée, les silhouettes se découvraient et se permettaient plus de confort.
De nos jours, d’autres influences apparues dès 1918 refont surface, telles que les motifs coloniaux ou les figures géométriques et végétales. Seule différence, ces clins d’œil à la liberté très esthétisée des années 20 reflètent avant tout une «recherche de sécurité, de liberté et en aucun cas des valeurs décadentes ou excentriques», résume Pierre-François Le Louët.