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Comme chaque printemps, les ténors de la droite s’entretuent

Séguin a-t-il implosé ou explosé? Les analyses divergent

Il fallait voir François Bayrou tout à l’heure sur TF1. Ravi de pouvoir commenter le psychodrame gaulliste, le président de l’UDF parlait de la démission surprise de son homologue du RPR: «Séguin a explosé», disait-il. Quel drôle de terme, «explosé»! Comme si les viscères du maire d’Epinal avaient éclaboussé une droite française en décomposition.

Explosion… Le mot de Bayrou avait au moins le mérite d’illustrer les conséquences politiques du coup de théâtre séguinien. De son côté, le quotidien «Libération» de samedi parlait plutôt d’«implosion», ce qui semblait réduire l’événement aux seuls effets intimes sur la carrière de l’homme aux larges sourcils.

Implosif ou explosif, le départ du patron du RPR illustre bien les déchirements de cette droite archaïque. Chaque printemps, désormais, elle offre un nouveau spectacle de son inconséquence. En 1997, c’était la dissolution chiraquienne qui polarisait les forces de l’opposition. En 1998, les alliances avec le Front national traumatisaient la République. Aujourd’hui, en avant-première des élections européennes, le caprice de Philippe Séguin ouvre une nouvelle fracture. A quand l’épuration politique?

Face à la gauche plurielle, qui réussit tant bien que mal à maintenir son unité de façade, on voit s’entretuer plusieurs «droites singulières», toujours autour de la question européenne.

Ce n’est donc pas en proposant l’établissement d’une vraie défense européenne, la création d’une constitution européenne et l’élection d’un président européen que François Bayrou réussira à recomposer l’opposition autour de sa personne.

Mais dimanche soir sur TF1, avec ces propositions-là, le patron de l’UDF paraissait un peu moins antipathique que d’habitude.

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Pierre Grosjean est journaliste. Il ne connaît la politique française que via la presse et la télévision.