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2008, année de la haute définition

«Les prix ont chuté de façon phénoménale au cours des six derniers mois; le marché est arrivé à maturité et il ne faut plus s’attendre à de fortes baisses.» Albrecht Gasteiner, directeur du HDTV Forum, le consortium qui regroupe les grands fabricants se réjouit logiquement que la télévision à haute définition se démocratise enfin. La technologie existe depuis quelques années et les appareils sont en vente depuis un certain temps, mais il manquait encore l’offre en matière de programmes.

Avec l’Eurofoot et les Jeux de Pékin, les chaînes, y compris en Suisse, se sont réveillées. Et les lecteurs DVD compatibles avec la haute résolution se sont développés rapidement. Reste à faire le bon choix, car les variantes sont nombreuses.

Plasma ou LCD

En matière d’écran plat, il y a eu longtemps deux catégories: les «grands» plasma et les «petits» LCD. La technologie à cristaux liquides (LCD), aussi utilisée dans les écrans d’ordinateurs a énormément progressé. Elle a comblé son retard dans deux domaines où le plasma restait jusqu’ici intouchable: la taille, le contraste et la réactivité (fluidité de l’image lors des mouvements de caméra). Désormais, le LCD peut rivaliser avec le plasma: il affiche des noirs plus profonds et l’effet de retard est devenu quasiment imperceptible, grâce notamment à la technologie 100 Hz, apparue l’an dernier.

Le format n’est plus une restriction et l’on trouve des modèles de plus de 42 pouces, voire 50 pouces. Les écrans LCD consomment par ailleurs moins d’énergie que leurs rivaux plasma. L’image LCD apparaît particulièrement nette, au point que certains la trouvent aseptisée. Très adaptée aux jeux vidéo, elle ne plaira pas à tous les amateurs de cinéma. Le plasma offre un rendu plus naturel, plus doux, avec de meilleurs dégradés de couleurs et des noirs d’une profondeur inégalable. La dernière série d’écrans Pioneer (le maître incontesté du plasma) s’avère sur ce point remarquable. L’un des défaut du plasma est sa durée de vie, plus courte que son concurrent: après environ 30’000 heures, l’écran perd environ 50% de sa luminosité. Par ailleurs, le plasma nécessite une période de rodage, un millier d’heures pendant lesquelles il vaut mieux éviter de pousser le contraste à fond, sous peine d’endommager la dalle. Les images fixes, tels que les logos des chaînes, ont également tendance à s’incruster durablement: c’est le phénomène du «marquage», certes beaucoup moins présent sur les plasma de dernière génération, mais assez sensible pour déconseiller l’usage prolongé de jeux vidéo, où précisément, des éléments statiques en surimpression peuvent laisser une trace.

HD Ready ou Full HD?

La technologie baptisée Full HD se veut le summum actuel, soit la plus haute résolution d’écran disponible, soit 1920 X 1080 pixels. Pour l’instant, seuls les nouveaux lecteurs DVD, on le verra plus loin, propose une telle résolution. Les chaînes de télévision se limitent pour l’instant à un format inférieur de 1280 x 720, que l’on peut restituer dans un téléviseur appelé HD Ready. Ce format servira de standard aux chaînes pour la décennie à venir au minimum. On ne privilégiera donc le Full HD que s’il on utilise son écran pour d’autres activités que la télévision. Le Full HD constitue aussi le compagnon idéal des consoles de jeu de nouvelle génération (Playstation 3, Xbox 360) ou même d’un ordinateur (on peut l’utiliser pour visionner des photos par exemple). On notera que si l’on veut bénéficier pleinement de l’amélioration de la qualité de l’image en haute résolution, il s’agit de se poster à une distance relativement proche de l’écran, soit 1,5 fois la diagonale de l’écran. Rien à voir avec le facteur cinq conseillé avec un téléviseur classique. En d’autres termes, pour tirer un réel bénéfice de la haute résolution, mieux vaut disposer d’un très grand écran (50 pouces ou davantage). En dessous de cette taille, la différence ne saute pas aux yeux.

L’Euro 2008 en haute résolution

SSR SRG idée suisse propose depuis le 3 décembre 2007 un canal en haute résolution baptisé HD Suisse, disponible sans abonnement et accessible aux possesseurs d’appareils HD Ready ou Full HD. Cette nouvelle chaîne, relayée via le câble ou par satellite, nécessite un décodeur. Cablecom propose l’appareil en location pour 15 francs par mois. Pourtant compatible, le système Bluewin TV ne fonctionne pas encore en haute résolution, Swisscom préférant régler d’abord certains problèmes techniques.

HD Suisse propose une sélection d’émissions en version originale provenant des autres chaînes nationales, auxquelles s’ajoutent des productions achetées à l’étranger telles que des films, séries, concerts ou documentaires. La programmation reste minimaliste car les chaînes suisses ne disposent pas encore de l’équipement permettant de tourner ses propres émissions en HD. Sur la TSR, l’émission «Passe-moi les jumelles» ouvrira les feux en 2008.

Mais c’est le sport qui constituera le fer de lance de HD Suisse, en particulier les retransmissions en direct. Ainsi, entre Noël et Nouvel An, les amateurs de hockey sur glace ont pu apprécier la Coupe Spengler en haute définition. Avec une image constituée de cinq fois plus de pixels que sur un écran au standard actuel, le puck n’a jamais été aussi facile à suivre! Et bien entendu, en format large 16/9.
Le meilleur reste à venir puisque, en juin de l’année prochaine, HD Suisse retransmettra tous les matches de l’Euro 2008 en haute définition. SRG SSR idée suisse estime que 100’000 ménages, au minimum, seront branchés d’ici là. En attendant que les sept chaînes de la SSR fassent le pas à leur tour, à l’horizon 2012. A l’étranger, l’offre demeure encore très réduite. Parmi les offres payantes, Canal + en France, Pro7, Sat1 et Premiere en Allemagne proposent des déclinaisons en HD.

Quel format de DVD?

En matière de lecteur DVD, deux formats se partagent le marché de la haute résolution: le Blue-ray et le HD-DVD. «Nous n’avons aucune idée lequel s’imposera», confesse Albrecht Gasteiner. Du côté de l’offre matériel, la balance penche sérieusement en faveur du Blue-ray. On en trouve chez Sony, Philips, Sharp, Samsung, Pioneer… alors que seul Toshiba propose pour l’instant une platine HD-DVD, ainsi que Microsoft en complément externe de sa console Xbox 360.

Le combat s’équilibre en matière de films disponibles: pour l’heure, un peu plus de 200 titres de chaque côté. Le catalogue est très axé sur les nouveautés, même si l’on trouve aussi des grands classiques en format HD-DVD. Les prix restent élevé: autour des 50 francs, mais il devrait baisser par la suite.

La qualité d’image est exactement identique dans les deux cas. Au Japon, le Blue-ray a pris nettement l’ascendant puisqu’il occupe 90% du marché. Aux Etats-Unis et en Europe, la situation reste incertaine. Alors, attendre ou pas? Pas forcément, si l’on considère que ces deux supports sont aussi d’excellentes platines de DVD traditionnels: elles améliorent le rendu des films existants en exploitant au mieux la résolution maximale de l’écran. Par ailleurs, rappelons que la nouvelle console Playstation 3 de Sony fonctionne aussi comme lecteur Blue-ray d’excellente tenue. Elle représente même un choix tout-en-un pertinent.

Et pourquoi pas un projecteur?

À condition de disposer d’une pièce où règne l’obscurité totale, le projecteur vidéo constitue une alternative particulièrement adéquate aussi bien pour les films que la vidéo. En quelques années, les prix ont chuté et la qualité de ces appareils a considérablement progressé. On trouve des projecteurs HD Ready d’excellente qualité dès 1500 francs. Pour un modèle Full HD, la note grimpe à près de 4000 francs, pour un résultat simplement époustouflant. On différencie deux types de technologie en matière de projecteurs: DLP et LCD. Pendant longtemps, on réservait le LCD à la bureautique et le DLP au cinéma, mais les deux technologies se valent désormais, à quelques détails près. Le projecteur pose quelques problèmes d’aménagement: il doit être fixé derrière le spectateur, et il faut disposer d’un grand mur blanc, voire d’une toile adaptée à fixer ou dérouler.

Quelques conseils supplémentaires

Connectique
Mieux vaut anticiper et opter pour une télévision dotée de plusieurs prises HDMI, le standard de connexion haute définition actuel, qui permet de relier lecteurs DVD, consoles de jeux, PC, etc. Pour regarder des photos sur l’écran, certains appareils sont munis d’un lecteur de cartes (SD ou memorystick) intégré. Bien vu. Les produits récents disposent également d’un port USB permettant d’en mettre à jour le logiciel depuis son PC.

Marques
Entre les fabricants, la concurrence est telle que toutes les marques grand public proposent aujourd’hui à leur catalogue des produits de qualité. En matière d’écran plasma, Pioneer demeure néanmoins la référence dans le très haut de gamme. Plus accessibles, les produits Panasonic jouissent aussi d’une excellente réputation. Côté LCD, le choix s’avère plus vaste encore: Sony, Samsung, Sharp, Philips, Toshiba… En dépit des fiches techniques, la meilleure façon de trancher consiste à juger sur pièce. Les sous-marques proposent toujours des tarifs plus attractifs. Elles utilisent cependant des dalles fournies par les mêmes constructeurs, mais qui n’ont pas bénéficier du même contrôle de qualité et proposent moins d’option. Les bonnes affaires existent, mais mieux vaut se faire une opinion dans le magasin.

Son
En matière de home cinéma, le son reste un élément décisif. Les téléviseurs ne disposent pas toujours d’équipement audio très élaboré, et les amateurs préfèrent s’équiper d’enceintes séparées, idéalement un système Dolby surround (cinq enceintes et un caisson de basse).

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Une version de cet article est parue dans L’Hebdo du 3 janvier 2008.