Les hausses moyennes de température ont été plus élevées en Suisse romande qu’outre-Sarine. Explications.
La Suisse romande se réchauffe plus vite que la région alémanique. C’est du moins ce qu’indique l’Académie suisse des sciences naturelles, par le biais de sa plate-forme ProClim consacrée au changement climatique.
Au cours du XXe siècle, les températures de la zone francophone ont crû de 1,6°C en moyenne, contre 1,3°C outre-Sarine. De là à dire qu’il existe un Röstigraben climatique, il n’y a qu’un pas.
Mais, «cette différence n’est pas vraiment significative, explique la climatologue Martine Rebetez, de l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL). Cela n’a pas beaucoup de sens d’observer ces deux régions l’une par rapport à l’autre, notamment parce que les stations météorologiques sont situées dans des zones très différentes: certaines sont en altitude, où la hausse des températures est plus importante, et d’autres sont en plaine.»
S’il faut diviser la Suisse en fonction de son réchauffement, la frontière ne suit pas les limites linguistiques.
«La différence se ferait plutôt entre le sud et le nord des Alpes, qui subissent des influences climatiques très différentes», estime Martin Beniston, professeur de climatologie à l’Université de Genève, qui a récemment reçu le prix Nobel en tant que membre du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Sur la seule décennie 1991-2000, la température s’est appréciée, durant la période hivernale, de 1,56°C en moyenne au nord des Alpes, contre seulement 0,59 au sud.
«La partie septentrionale se réchauffe beaucoup plus vite, notamment en raison de la réduction du couvert neigeux», explique Martin Beniston. En été, en revanche, il n’y a pas eu de réchauffement climatique entre 1991 et 2000, ni d’un côté des Alpes, ni de l’autre.
«Cette absence de réchauffement pourrait être associée à une augmentation de la couverture nuageuse durant la période estivale. Mais ces données ne prennent pas encore en compte la fameuse canicule de 2003…»
Prise dans son ensemble, la Suisse se réchauffe beaucoup plus vite que le reste du monde. Entre 1975 et 2001, les températures ont crû de 0,57°C par décennie dans la Confédération, soit 2 fois plus rapidement que le reste de l’hémisphère nord, selon une étude de Martine Rebetez (du WSL) et Michael Reinhard, chercheur à l’EPFL.
Les scientifiques avancent deux hypothèses principales pour justifier ce phénomène. Relativement éloignée des océans, la Confédération ne bénéficierait pas de leur effet modérateur. De plus, la diminution de la couverture de neige dans les régions de montagnes entraînerait un réchauffement supplémentaire – la glace et la neige reflétant davantage les rayons solaires que la terre.
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Le magazine scientifique Reflex, édité par l’EPFL et l’agence de presse Largeur.com, publie cette semaine un numéro spécial dédié au climat et à la recherche écologique en Suisse.
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Une version de cet article est parue dans L’Hebdo du 6 décembre 2007.