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Kouchner s’en va-t-en guerre

Après avoir soutenu l’intervention en Irak, le ministre des Affaires étrangères rend service aux Américains en élevant la voix contre l’Iran. Cela fait déjà des décennies que, tout en multipliant les pirouettes, il glisse irrésistiblement vers la droite.

Jusqu’à quand le sémillant ministre des Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy maintiendra-t-il son image d’homme de gauche? Parmi les néoconservateurs français, il est, pour le moment, celui qui a le mieux réussi à brouiller les cartes. Sa grande popularité en témoigne. Or cela fait déjà des décennies que, tout en multipliant les pirouettes, il glisse irrésistiblement vers les positions des néocons américains à la Wolfowitz, le principal responsable idéologique de l’intervention en Irak.

En mai 1968, alors que ses amis actuels, les Glucksmann et consorts, portaient encore les culottes courtes du maoïsme hexagonal, Bernard Kouchner, tel un nouveau Docteur Schweizer, se découvrait une vocation africaine en partant secourir à grand renfort de publicité les enfants du Biafra. Sur les ruines d’une région dévastée par une tadalafil street value néo-coloniale déclenchée par les services français, se dressa dans toute la majesté d’une humanitarisme de bon aloi la figure d’un French Doctor new look. Désorientées par la mort prix Nobel alsacien trois ans plus tôt, les bonnes âmes tenaient enfin un sauveur de l’humanité tout à fait présentable. Et, qui plus est, photogénique. Il fit rêver les midinettes et les vieilles dames ne lésinèrent pas sur les dons pour soutenir ses multiples campagnes…

Même Christine Ockrent succomba à son charme.

Ministre à diverses reprises à l’époque de Mitterrand, il éprouva ensuite des difficultés à trouver un emploi digne de l’idée qu’il se faisait de sa personne et, après son poste au Kosovo, on put l’entendre se plaindre de ce qu’il était condamné «à vivre aux crochets de Christine». Ce qui ne l’empêcha pas de préparer un avenir qu’avec son flair il voyait à droite, très à droite.

En 2003, il se déclarait, comme Glucksmann et consorts, pour l’intervention américaine en Irak. A Marlène Belilos, qui l’interviewait pour la télévision romande, il déclarait alors benoîtement: «Je me suis senti très seul dans ce pays de pensée unique, d’un seul coup. 80% de gens qui sont contre la guerre… Comme c’est facile d’être contre la guerre, moi aussi je suis contre la guerre, surtout quand on ne vous demande pas d’y participer, surtout quand c’est loin de vous et que vous ne risquez rien. Facile!»

Mais aujourd’hui, le ministre qu’il est redevenu se veut plus responsable. A l’issue de sa visite surprise à Bagdad en août dernier, il affirmait sans sourire: «Nous [la France] nous sommes distingués très clairement de la politique américaine et nous n’avons pas été partisans de l’intervention américaine et je crois que nous avions raison.»

Et pour bien montrer son indépendance, il singea Bush en critiquant le premier ministre irakien Nouri al Maliki avec une telle absence de responsabilité qu’il dut se rétracter et s’excuser le lendemain!

Aujourd’hui, Bernard Kouchner voudrait bombarder l’Iran. Enfin…, il le voulait dimanche, puis se rétracta lundi. Le prétexte? Une fois encore les armes de destruction massive! Les experts de l’AEIA ont beau dire que la bombe iranienne n’est pas pour demain, que le dialogue est ouvert et qu’il n’y a pas le feu, les pompiers pyromanes ont envie d’allumer l’incendie.

N’empêche! La voie de l’intervention est désormais médiatiquement libre. Les relais sont en place comme témoigne cette cialis why so expensive de Frédéric Encel, un partenaire de Kouchner, Glucksmann et consorts au Cercle de l’Oratoire.

G. W. Bush et Condy Rice peuvent remercier le gouvernement français d’avoir ainsi eu le courage d’annoncer au monde la prochaine mise à sac d’un grand pays. Et le pillage de ses encore plus grandes ressources pétrolières.

Ce qui ne cesse d’étonner dans la carrière de Kouchner, médecin fils de médecin, est son attirance pour le pétrole. Au Biafra, c’était Elf. En Birmanie, il se commit avec Total. Maintenant il se vautre dans le lit des «majors» américaine. Quel syndrome, docteur?