LATITUDES

Globalisation des soins: hôpital et vacances au soleil

Certains assureurs suisses conseillent à leurs clients d’aller se faire soigner à l’étranger, où les coûts sont nettement moins élevés. On voit même apparaître des offres de vacances «sun and surgery».

«C’était vraiment parfait! J’y retournerai volontiers.» Anita Bont ne parle pas de ses dernières vacances au soleil, mais de son séjour à la clinique Waldeck de Bad Dürrheim dans le sud de l’Allemagne.

Cette patiente saint-galloise de 68 ans devait se faire implanter une prothèse à un genou, mais elle voulait éviter «une clinique qui ressemble trop à un hôpital». En traversant le Rhin, elle a trouvé un établissement à sa convenance: «Je me suis sentie comme à l’hôtel», confie-t-elle dans le magazine «Senso» publié par l’assureur Helsana.

Est-ce donc se comporter en mauvais citoyen que de se faire hospitaliser en Suisse? Les propos de Thomas Lüthi, porte parole de Helsana, le laissent entendre. «En effectuant une réadaptation dans une clinique du sud de l’Allemagne, vous contribuerez aussi à diminuer les coûts de la santé. La qualité des traitements est identique à celle des établissements de notre pays mais ils sont nettement moins onéreux.»

L’assurance Chrétienne Sociale (CSS) lance également un projet-pilote. Ses assurés de base pourront désormais suivre des réadaptations orthopédiques, neurologiques ou cardiologiques en Allemagne. «La CSS souhaite offrir à ses assurés le meilleur rapport prix-prestations possible. En d’autres termes, un traitement médical de pointe à des prix raisonnables», déclare Georg Portmann, président de la direction générale de la CSS.

En matière de séjours de réadaptation orthopédique, les prix peuvent effectivement varier du simple au triple. En ce qui concerne la cardiologie, l’écart est du simple au double. Des chiffres auxquels Pascal Couchepin n’est pas demeuré insensible. Il vient de mettre en consultation la modification de l’ordonnance sur l’assurance maladie qui assouplit le principe de territorialité. Le remboursement de prestations à l’étranger pour les assurés de base étant exclu par l’actuelle loi sur l’assurance maladie.

Si des patients suisses abandonnent l’hospitalisation de proximité pour se faire soigner à quelques centaines de kilomètres de leur domicile, les patients britanniques sont de plus en plus nombreux à en parcourir des milliers. Découragés par les listes d’attente et les prix pratiqués par la NHS, ils s’envolent pour des destinations pour le moins surprenantes: Inde, Costa Rica, Afrique du Sud ou Thaïlande.

Ce tourisme porte un nom: sun and surgery. La compagnie de voyage Thomas Cook se profile dans ce créneau très prometteur.

Heidi Rogers, une infirmière de 47 ans, témoigne dans le Sunday Times (19 février 2006) de son expérience. Elle est revenue enchantée de son voyage à Delhi organisé par «Taj Medical Group». Il lui a permis d’être opérée sans délai et à moindre frais d’une hernie discale (4’400 livres à Delhi contre 15’000 à Londres).

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Différents sites fournissent des informations aux candidats à ces voyages «sun and surgery», notamment People-Logistics et Treatment Abroad.