La baronne Nadine de Rothschild crée à Carouge une école d’art de vivre. Une première.
«Mon école sera un passeport pour la réussite, annonce-t-elle d’emblée. On pourra y apprendre à rédiger une correspondance, à parler en société, à se mettre à son avantage et à dresser une table convenablement.» Nadine de Rothschild, domiciliée depuis quarante ans dans le canton de Genève, s’apprête à y enseigner officiellement ses bonnes manières.
Sa «finishing school», qui sera située à la place du Temple de Carouge, sera mixte et pourra accueillir des adultes de tous âges. Les cours s’adresseront aussi bien aux femmes au foyer qu’à celles qui sont professionnellement actives ou aux jeunes filles impatientes d’apprendre les bonnes manières. Quant à la gent masculine, l’école touchera surtout, selon la baronne, de «jeunes hommes désireux d’évoluer dans le monde de la finance ou des affaires et d’en apprendre les codes, notamment vestimentaires».
Si la baronne a décidé de se lancer, c’est justement parce que, dans ce domaine, elle fait école depuis longtemps: «Beaucoup de gens, inspirés par la lecture de mes livres, ont proposé des cours de savoir-vivre. Il me semblait donc juste et naturel d’ouvrir mon propre établissement.» Les frais de gestion de cette école seront entièrement financés par la baronne. Les éventuels bénéfices sur les cours iront à l’une des nombreuses fondations caritatives qu’elle préside.
Les usages du monde, Nadine de Rothschild les a appris. Née en 1932 à Saint-Quentin, dans un milieu modeste, elle a en effet exercé une multitude de professions: travailleuse à la chaîne chez Peugeot, speakerine à l’Olympia, mannequin, comédienne dans des séries B («Une ravissante idiote», «Miss Catastrophe», «Ce soir les jupons volent»), et même écrivain. En 1963, elle épouse le banquier Edmond Adolphe Maurice Jules Jacques de Rothschild et devient baronne. Elle s’installe la même année dans le somptueux domaine du Château de Pregny, à Chambésy, où elle vit toujours.
Bien qu’il n’existe à ce jour en Suisse aucune école exclusivement consacrée au savoir-vivre, de nombreuses institutions abordent ce domaine. C’est le cas de l’Ecole hôtelière de Genève. «Nous enseignons à nos élèves comment s’habiller et se comporter en société, ainsi que le respect du protocole, c’est-à-dire la priorité donnée aux femmes, aux personnes âgées et à la hiérarchie», explique le directeur, Oskar Sykora.
La demande pour ce type de cours existe, car «savoir créer un climat agréable dans les comportements interpersonnels permet de dégager une plus-value sur le marché, explique Bernard de Muralt, ancien militaire, depuis cinq ans consultant en savoir-vivre.
Il s’agit souvent de petits détails qui font la différence comme la façon de saluer, d’accueillir ou simplement de rédiger une lettre.» Après trente ans passés au sein du Département fédéral de la défense, Bernard de Muralt présente aujourd’hui des séminaires de savoir-vivre en Suisse et à l’étranger dans des secteurs aussi variés que la banque privée, les assurances, la diplomatie ou les écoles hôtelières et de tourisme.
L’école Surval Mont-Fleuri à Glion, strictement réservée aux filles, propose, outre des cours de français et d’anglais en matinée, des leçons très variées les après-midi: étiquette, analyse des couleurs, style d’habillement, art de recevoir, atelier de maquillage et de beauté, cuisine ou management domestique figurent notamment au programme de l’établissement créee en 1961, et qui accueille chaque année près de 300 élèves, âgées de 14 à 24 ans.
«Nous apprenons à nos étudiantes des règles très concrètes concernant l’organisation d’une invitation, le comportement face à des personnes plus âgées ou plus importantes qu’elles, mais aussi la façon de monter et de sortir d’une voiture comme le faisait Lady Di, par exemple», explique Françoise Furrer, directrice adjointe. Cette formation n’est pas accessible à toutes les bourses, on s’en doute: une année à l’internat pour jeunes filles, comprenant cours, logement et repas, coûte en moyenne 60’000 francs…