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Le cirque se dope sans compétition sportive

La rentrée scolaire coïncide avec l’ouverture de nouvelles écoles de cirque en Suisse romande. Les arts de la piste ont la cote, même en entreprises.

«Comme disait Grock, il suffit simplement d’en avoir envie. Ainsi, même un petit bout de ficelle peut devenir un spectacle.» François Pythoud, co-fondateur de l’Elastique Citrique à Nyon il y a 12 ans, est bien placé pour mesurer l’engouement actuel pour le cirque: son école reçoit chaque semaine 230 élèves et affiche déjà complet pour cette année.

Les autres écoles dans le canton de Vaud sont elles aussi presque toutes complètes. Et depuis la rentrée d’août, deux nouvelles adresses s’ajoutent à la liste de la dizaine de structures existantes: l’Association Coquino, à Morges, et le Cirque Amara, à Marchissy.

C’est souvent dans le cadre des cours de gymnastique à l’école que les enfants prennent goût à la discipline, comme le constate Jacques Dupuis, président de l’Association Arc-en-Ciel à Yverdon.

Plusieurs raisons sont évoquées pour expliquer la popularité des arts de la piste. «Les écoles de cirque permettent aux enfants de s’épanouir, d’exprimer leur corporéité de manière dynamique et joviale», explique Frédéric Klink, fondateur de Coquino. Pour François Pythoud, les parents constatent une dérive du sport à haut niveau relatée par les médias: «Le cirque les séduit car il permet à leurs enfants de faire du sport sans pour autant faire de la compétition.»

Ces arts permettent aussi à chacun de trouver sa place. «Il y a toujours un moyen d’utiliser ses défauts pour en faire quelque chose», estime Yvette Challande, directrice du Théâtre Cirqule à Genève qui reçoit notamment 300 stagiaires par été.

Trapèze, tissus, monocycle, diabolo, massues…Le cirque contemporain est entré dans le domaine des loisirs accessibles à tout un chacun. Même le Club Med s’est emparé du phénomène: il propose des cours de cirque dans ses villages dans le monde entier.

Pieds nus sur la piste poussiéreuse, jeans retroussés, Sarah, 11 ans ½, jongle en silence avec quelques balles colorées. Elle prépare un spectacle pour clore ses deux semaines de stage de cirque estival sous le chapiteau du Théâtre Cirqule. Dehors, Sévane, 8 ans, explique qu’il s’apprête à faire le «loup sur la boule». Un peu plus loin, trois adolescentes en chapeau et bas résilles répètent leur numéro au trapèze volant, bien sécurisées par des harnais et des matelas.

L’art du cirque qu’apprennent ces enfants fait partie d’un courant né dans le début des années 1970, lorsque les animaux ont été supprimés de la piste et la performance traditionnelle remplacée par la créativité, la théâtralité, la danse et la poésie: un spectacle interdisciplinaire continu et fluide appelé le «cirque nouveau». Celui-ci s’ouvre à tous. «On n’a plus besoin d’être né dans une roulotte pour en faire», précise Stéphane Hort, jeune enseignant à l’Ecole de cirque de Sion et auteur d’une étude sur le sujet dans le cadre de sa maturité.

Cette petite et lente «révolution artistique», comme la nomme Stéphane Hort, s’est développée notamment grâce aux tournées du Cirque du Soleil, fondé en 1984 à Québec. Le Cirque Eloize suscite également de nouvelles envies chez les spectateurs. Et pas seulement chez les enfants.

En effet, les adultes se découvrent également de nouvelles vocations. Les cours qui leur sont réservés dans les écoles s’agrandissent. Constatant cet engouement, Anaïs Spuehler, circassienne depuis son enfance, a créé un cirque pour adultes amateurs, le Patchwork Circus à Cartigny. Les membres concilient tous leur passion du cirque avec une activité lucrative en annexe. «Cela m’apporte de l’équilibre, de la légèreté et me permet de vivre mes rêves», relève la psychologue du travail genevoise.

Certaines personnes bénéficient des arts de la piste sans même se déplacer sous un chapiteau. Car les entreprises saisissent peu à peu les avantages des cours de cirque, notamment du jonglage. «Nous avons reçu des commandes de certaines banques en Suisse alémanique qui voulaient proposer à leurs employés de jongler pour se destresser», dit Chrislaine Schambacher, directrice de Jonglerie Diffusion, la société genevoise qui fabrique le matériel depuis 20 ans. Une grande entreprise suisse a récemment offert à ses cadres des balles afin de pratiquer l’art de la jonglerie entre deux séminaires. Pour Chrislaine Schambacher, «cela permet également de dédramatiser les comportements sociaux en mettant toute la hiérarchie au même niveau».