Quelles sont les fonctions exactes de nos offices de pyrotechnie, de métrologie et de logistique? Plongée dans le fascinant dédale de l’administration fédérale.
Quelques jours avant le 1er Août, un fonctionnaire de l’Office de la pyrotechnie intervenait sur les ondes de la Radio Suisse Romande pour mettre la population en garde contre les dangers liés à la Fête nationale.
De toute évidence, cette intervention radiophonique constituait le moment fort de son calendrier annuel. Son professionnalisme montrait aussi, en filigrane, que l’administration fédérale dispose d’experts dans vraiment tous les domaines: ainsi, quelque part à Berne, il existe un bureau nommé OCEP (Office central pour les explosifs et la pyrotechnie) dont la seule charge est de contrôler ces substances détonantes et de faire avancer les connaissances à leur sujet.
Fascinante administration. Les quatre fonctionnaires de l’OCEP ne s’occupent ni du commerce, ni de l’acquisition des feux d’artifice ou des matières explosives (cela relève de la compétence des cantons). Ils ne travaillent pas davantage au déminage (puisque cette tâche est effectuée dans l’ensemble de la Suisse par un service scientifique zurichois). Mais ils sont là, fidèles au poste dans leurs locaux de la Nussbaumstrasse, à homologuer les explosifs, à récolter des données et à les distribuer aux cantons en attendant le prochain 1er Août.
En feuilletant les 816 pages de l’Annuaire fédéral, on découvre d’innombrables offices dont l’existence saura rassurer même les citoyens les plus paranoïaques.
Saviez-vous que la Suisse dispose d’un Service technique et pépinière expérimentale (p. 254), d’un Service de protection des informations et des objets (p. 354), d’un Centre microbiologie de l’environnement et écotoxicologie moléculaire (p. 260), d’une Section privilèges et immunités (p. 112), d’un Bureau d’appréciation de la situation et de détection précoce (p. 351), d’un Service du personnel non transférable (p. 106), d’une Autorité centrale en matière de recouvrement international d’aliments (p. 284), ainsi que d’un Centre spécialisé dans la détention convenable des ruminants et des porcs (à ne pas confondre avec le Centre spécialisé dans la détention convenable de la volaille et des lapins, p. 568)?
Personne n’oserait mettre en doute l’importance de ces services dans la protection des humains, des animaux, des objets et des informations qui composent le pays. Mais à l’heure où le Parlement réfléchit à des économies en examinant le catalogue des tâches de l’Etat, il n’est pas inintéressant de se pencher sur quelques-uns de ces départements aux noms si opaques.
Prenez l’Office fédéral de métrologie et d’accréditation (METAS), qui emploie 160 collaborateurs, soit 140 postes à plein temps. Sa mission? Adapter les unités de mesures suisses aux unités internationales. «Nous développons aussi des méthodes de mesure pour que celles-ci soient de plus en plus exactes», précise Jürg Niederhauser, adjoint à la direction.
Les spécialistes du METAS veillent notamment à ce que les pèse-pains des boulangeries soient réglés correctement. Non pas en faisant irruption dans les magasins pour vérifier si les balances sont réglementaires (ce travail-là est effectué par les fonctionnaires cantonaux), mais en s’assurant que chaque canton procède de la même manière dans cet exercice. Le METAS prend soin de l’harmonisation intercantonale.
Le fait que les mesures soient «intercantonalement harmonisées» facilite d’ailleurs le travail de l’Office fédéral du développement territorial (ARE), qui rassemble les plans directeurs des cantons pour les faire approuver par le Conseil fédéral. Cet office, qui emploie environ 70 collaborateurs, s’occupe également de développement durable et de «monitoring de l’espace rural».
Quant à l’OFAE (Office fédéral pour l’approvisionnement économique du pays), il doit vérifier que la Suisse dispose de suffisamment de denrées alimentaires, pharmaceutiques ou énergétiques pour faire face à une éventuelle pénurie. Avec ses 5 millions de budget annuel, il emploie 35 personnes à plein temps, qui suivent l’évolution des situations de crise dans le monde.
«Durant la guerre en Irak, nous étions proches de la pénurie de pétrole, confie un collaborateur. Nous devons toujours être préparés.» L’OFAE dispose d’ailleurs de stocks de 4 mois pour certaines denrées.
Dans le cadre de son projet de réforme de l’administration, le Conseil fédéral se penchera à la rentrée sur la répartition des tâches entre ces différents services. Il n’est pas exclu qu’il annonce des regroupements, dans le but de réduire les dépenses publiques. Sa stratégie d’assainissement exige des «mesures urgentes», des «réformes approfondies» et des «économies importantes et durables».
L’OFAE aurait-il du souci à se faire? «Voilà plus de dix ans que j’entends des menaces selon lesquelles nous ne devrions plus exister, dit l’un de ses employés. Car en temps normal, les gens ne s’intéressent pas à nous. Mais en situation de crise, tout le monde est soudainement content qu’on existe!»