Aider les grandes fortunes à investir dans des projets sociaux: c’est l’idée de Wise, une organisation genevoise qui a rassemblé un million de francs en quelques mois.
«Nous fonctionnons comme un trait d’union entre deux mondes: celui du riche philanthrope, qui désire investir une partie de son patrimoine dans une action sociale, et celui du leader de projets qui a besoin de fonds sur le terrain», dit Etienne Eichenberger, 34 ans.
Le cofondateur de Wise (pour Wealthy Individuals Social Entrepreneurs) a de quoi être satisfait. Opérationnelle depuis le début de l’année, la start-up qu’il a créée avec Maurice Machenbaum a déjà rassemblé plus d’un million de francs.
L’argent est affecté à des projets humanitaires dans les domaines de l’éducation et de la santé notamment, pour la plupart en Amérique latine (Colombie, Argentine, Brésil, etc.). Wise demande à ses clients d’investir au minimum 100’000 francs par année sur trois à cinq ans, et leur offre un suivi complet du projet.
Lorsqu’un donateur fait appel à eux, les experts définissent son profil, ses attentes et ses envies. Ils lui fournissent des informations concrètes liées à ses thématiques d’intérêt. Et si le candidat philanthrope décide de s’engager financièrement, Wise définit avec lui sous quelle forme (fondation ou autre «véhicule d’investissement») avant de lui soumettre un projet pilote.
Enfin, les jeunes entrepreneurs emmènent leurs clients sur le terrain, pour leur permettre de constater directement le résultat concret de leur aide financière. «Nous garantissons également le suivi professionnel du projet et l’évaluation de son impact à long terme», précise Maurice Machenbaum, 34 ans, cofondateur de la société.
Wise, qui compte déjà cinq grands donateurs comme clients, n’est pas la première initiative de ce type à Genève. La Fondation Mediantis, à laquelle participent les banquiers Melchior de Muralt et Thierry Lombard, est aussi active dans le conseil aux mécènes depuis 2004.
«Plus il y aura de personnes pour sensibiliser les donateurs potentiels aux besoins sur le terrain, mieux ce sera, dit Sylvie Léget, secrétaire général et membre fondateur de Mediantis. Notre fondation poursuit un but philanthropique et non commercial.» Les deux organismes font la même analyse: le marché de la philanthropie et sa prise en main par des professionnels répondent à un besoin fort, et l’avenir du secteur semble donc prometteur.
C’est grâce à leurs carnets d’adresses respectifs, et à leur expérience dans l’humanitaire, que les deux fondateurs de Wise ont pu lancer avec succès leur entreprise. Etienne Eichenberger connaît bien l’Amérique latine puisqu’il y a suivi des projets pour le compte de la fondation Avina (de Stefan Schmidheiny). Il a aussi travaillé en Inde chez Nestlé, avant de rejoindre la Coopération suisse à Berne. C’est après avoir travaillé cinq ans pour le World Economic Forum (WEF) qu’il a décidé de lancer Wise.
Juriste de formation, Maurice Machenbaum bénéficie lui aussi d’une longue expérience sur le terrain: il a travaillé au Honduras comme bénévole pour l’association Casa Alianza, puis au Costa Rica comme bras droit du directeur pour l’Amérique latine. Deux ans après, il a fondé et dirigé l’antenne Casa Alianza du Nicaragua. De retour en Suisse, il a obtenu un master en action humanitaire et rejoint le CICR, puis Terre des hommes.
——-
Une version de cet article est parue dans L’hebdo du 7 juillet 2005.