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Divisée, la gauche profite mal de la défaite de Berlusconi

Le «Cavaliere» a certes pris une claque électorale, mais les juges sont tenus à distance, sa fortune augmente chaque jour et, politiquement, il s’est imposé comme leader incontesté de la droite italienne.

Silvio Berlusconi vient de prendre une sonore claque électorale lors des régionales du 3 avril. Les commentateurs péninsulaires sont donc unanimes à prédire une défaite irrémédiable l’an prochain lors des législatives. C’est bien la moindre des choses!

Il n’empêche. Comme l’opposition n’a pas l’intention de faire tomber son gouvernement avant le terme légal, le «cavaliere» (il fut adoubé chevalier du travail sous la Ière République démo-chrétienne) sera parvenu à tenir son pari: battre le record de longévité gouvernementale depuis la Seconde Guerre mondiale. Et (c’est loin d’être accessoire!) augmenter d’autant, grâce à son immunité, la prescription concernant les nombreuses casseroles judiciaires encore pendues à ses basques.

Il sera intéressant d’observer au cours de ces prochains mois comment le beau Silvio s’y prendra pour échapper – si possible définitivement – à la justice. A moins de modifier le code pénal avec effet rétroactif, il ne lui reste guère que l’accession à la présidence de la République. Ce d’autant plus qu’il ne cesse, même au pouvoir, de violer la loi comme les Sardes viennent de nous l’apprendre en révélant diverses entorses aux lois sur la construction et l’environnement commises par le président du Conseil pour améliorer le standing de ses résidences.

Sur le plan personnel – c’était sa motivation essentielle – Berlusconi peut donc faire état d’un beau bilan: les juges sont tenus à distance, sa fortune augmente chaque jour et, la semaine dernière, le Milan a encore flanqué une déculottée à ces intellos de l’Inter. Tout baigne.

Politiquement, le bilan ne s’annonce guère plus mauvais. Quoique perdant probable des prochaines élections, Berlusconi est parvenu à s’imposer comme leader incontesté de la droite italienne et tout indique qu’il le restera. Les deux régions qui, dimanche dernier, ont résisté à l’assaut de la gauche, sont les bastions traditionnels de cette droite, la Lombardie et la Vénétie. En langage de droite italien, cela s’appelle la Padanie.

On comprend mieux pourquoi le cavaliere ménage à ce point les léguistes d’Umberto Bossi. Leur étroite alliance leur permettra de conserver une sorte de minorité de blocage dans le gouvernement du pays le jour où la gauche reprendra le pouvoir. Par ailleurs, l’aura de Berlusconi est telle que Gianfranco Fini, malgré quelques escarmouches et autres peaux de bananes, ne peut jouer sa propre carte. Ce que la base de son parti lui reproche déjà en un murmure appelé à devenir assourdissant au fil des prochains mois.

Ces éléments donnent toujours à la droite un fort avantage sur une gauche que la traversée des années Berlusconi n’a pas rendu plus homogène. Bien au contraire. Rentré au pays après ses cinq ans à la tête de la Commission européenne, Romano Prodi a retrouvé ses escarpins d’ancien dirigeant démocrate-chrétien, tendance centre gauche. Plus que jamais, il pratique la rondeur, la langue de bois, la grâce féline et souriante de qui utilise le coup de griffe comme arme de destruction massive.

Or malgré ses aptitudes à gouverner reconnues et même célébrées, Prodi n’est de loin pas le leader indiscuté du centre gauche. Il doit compter, dans sa propre formation, avec les ambitions de Rutelli et, chez les Démocrates de gauche, avec celles de D’Alema et Fassino. De surcroît, contrairement à Berlusconi qui a intégré toute la droite, y compris ses extrêmes, le centre gauche doit toujours compter sur sa gauche avec Refondation communiste dont le leader, Bertinotti, jouit d’une grande popularité et est parvenu à conserver à sa formation un socle électoral de 6 à 8%, donc incontournable.

Une preuve supplémentaire de la faiblesse de ce centre gauche – faiblesse manifestée dans le refus de demander ces jours-ci la démission d’un gouvernement Berlusconi pourtant battu à plate couture – réside dans l’absence de programme de gouvernement. Si elle veut gagner (ce qui n’est pas encore certain!) la gauche ne peut aller au combat électoral que coalisée. Or qui dit coalition, dit base programmatique commune. En l’état actuel des rapports de force, une année ne sera pas de trop pour élaborer cette plate-forme!

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