LATITUDES

Et voici la potion anti-gueule de bois

La nouvelle poudre inventée par un chercheur genevois a déjà séduit trois distributeurs. Si elle peut adoucir l’atterrissage après une soirée bien arrosée, elle ne réduit pas le taux d’alcoolémie. Explications.

Finis les lendemains de la veille! Cette nouvelle poudre à diluer a tout d’une potion de grand-mère, mais apparemment, ça marche. Du moins auprès des professionnels.

Est-ce l’effet placebo, ou les propriétés réelles de ces extraits de réglisse, de pissenlit, d’angélique, d’artichaut et de myrtille? La potion doit adoucir les fins de soirées et surtout abolir la méchante gueule de bois qui vous tombe dessus telle une punition.

«Mon mélange a pour but de procurer un bien-être aux consommateurs après un repas bien arrosé», indique Serge Leuthold, chimiste et inventeur genevois. Les distributeurs ont déjà flairé l’ampleur du marché du «hangover» (gueule de bois). Ils sont pas moins de trois, en Suisse, à commercialiser depuis le début de l’année la même potion sous des noms différents: «After Drink», «Digescool» et «L’After Midnite».

Joint en fin de soirée dans un bar de Tokyo, Olivier Brunisholz, administrateur de la société BFM à Genève qui a financé la production de la poudre, se dit convaincu des effets bénéfiques de la boisson sur les Japonais: «Comme ils supportent beaucoup moins l’alcool que nous, ils sont enthousiasmés par l’After Drink.»

En parallèle, la société Digescool s’est créée dernièrement à Bulle dans le seul but de distribuer la boisson. Son premier objectif: introduire le produit dans 400 points de vente romands et écouler 4 millions de sachets dans les 18 prochains mois.

L’ambition est tout aussi vaste du côté de «L‘After Midnite». La compagnie AlpaPharma, basée à Fribourg, distribue la poudre surtout en Espagne et au Portugal. «Notre étude de marché montre que la demande est énorme, explique Claude Francey, responsable du marché européen et international. Surtout dans les restaurants et les boîtes de nuit.» Le Macumba, en effet, le propose déjà à la carte, en tant que cocktail sans alcool.

Si les distributeurs semblent convaincus de leur marchandise, leur message n’est pas toujours clair. Les trois la présentent comme la boisson qui «aide à retrouver tonus et bien-être après la fête», sans préciser par quel procédé.

Un journaliste du quotidien «Le Nouvelliste» a récemment qualifié le produit de «poudre de perlimpinpin», car ses tests ont démontré que le taux d’alcoolémie dans le sang était encore plus élevé après avoir pris le mélange…

Serge Leuthold regrette la confusion du public entre le taux d’alcoolémie et les effets collatéraux. «Le but n’est pas de pouvoir reprendre le volant après la fête, explique-t-il. Aucun produit ne peut réduire le taux d’alcoolémie dans le sang.»

«La poudre a uniquement été conçue pour réduire le stress oxydant causé par la transformation de l’éthanol dans l’organisme, poursuit-il. Elle permet justement à l’alcool de rester dans le sang et de ne pas se transformer.» Ce qui minimise, paraît-il, les effets de la gueule de bois. Au prix de 15 francs le sachet, la potion a intérêt à être efficace…