CULTURE

Quand la ville surgit au détour d’un scénario

La capitale vaudoise s’invite dans de nombreuses œuvres, d’un film oscarisé sur Netflix à un clip de Whitney Houston. Florilège.

Lausanne, citée dans un film de Wes Anderson? Dans La Merveilleuse Histoire d’Henry Sugar, dévoilée sur Netflix fin 2023 et récompensée de l’oscar du meilleur court-métrage de fiction en mars, la ville a beau ne pas être visible à l’écran, elle joue un rôle important. Comme dans le texte original de Roald Dahl, qui évoquait «la belle colline qui surplombe le Léman», c’est là que le héros dépose ses millions, gagnés au casino grâce à un talent très particulier: celui de voir à travers les cartes. Cet argent, il en fera ensuite don à des orphelinats.

«Lausanne a servi de décor à de nombreux films, tels que Le Grand Soir, Merci pour le chocolat ou L’Amour est un crime parfait (voir The Lausanner n° 12), mais pour ce qui est d’être citée, c’est plus rare», remarque Pierre-Emmanuel Jaques, maître d’enseignement et de recherche en histoire et esthétique du cinéma à l’Université de Lausanne. «On entend davantage les noms de Genève et Zurich, plus internationales et plus facilement identifiables.»

Quand la capitale vaudoise est mentionnée, c’est souvent son panorama ou son image de petite ville où il fait bon vivre qui sont soulignés. Même The November Man, pourtant tourné dans les Balkans, avait voulu mettre ces qualités en avant en 2014. Dans la séquence censée se jouer à Lausanne d’après le roman There Are No Spies sur lequel le film se base, on découvre Pierce Brosnan, agent secret, couler des jours heureux au bord d’un lac. Une légende explicative a beau affirmer qu’il est à Lausanne, le paysage est en réalité celui de Perast, au Monténégro.

Lausanne, la vraie, se plaît aussi à se dévoiler furtivement, créant une complicité avec ceux qui ont la chance de la connaître: «Dans une scène du Milieu du monde d’Alain Tanner, les personnes avisées reconnaissent la ville, car on voit la tour Bel-Air en arrière-fond», relève Pierre-Emmanuel Jaques. Dans Cet Obscur Objet du désir de Luis Buñuel, une séquence se déroule au Beau-Rivage Palace. Clin d’œil, en musique cette fois, avec le clip de I Wanna Dance with Somebody en 1987, où l’on apercevait Whitney Houston arriver au Lausanne Palace. Où à la télévision encore, dans la version française de l’épisode «Tout n’est qu’illusion» de Columbo: le magicien Santini, tentant de camoufler sa véritable identité, imite plusieurs accents, avant de lancer «Je pourrais aussi prendre une pointe d’accent de Lausanne», avec un semblant d’intonation vaudoise qui ne berne pas le célèbre lieutenant.

Lausanne les a aussi inspirés

En 1934, F. Scott Fitzgerald mentionne la ville à 13 reprises dans son livre Tendre est la nuit, écrit en partie lors d’un séjour à l’Hôtel de la Paix, à Lausanne.

Le chanteur Alain Bashung ouvre Helvète Underground avec une «fondue enchaînée sur la baie de Lausanne», en 1986.

Dans Daddy’s Car, en 1995, le groupe The Cardigans imagine un voyage «du Luxembourg à Rome, de Berlin à la lune, de Paris à Lausanne, d’Athènes au soleil».

L’écrivaine Emylia Hall fait de Lausanne le décor de The Swiss Affair, en 2014.

Le rappeur Oxmo Puccino cite Lausanne à la fin de Doux or die en 2015.

En 2016, l’épisode «Meurtre sur le lac Léman» de la série française Meurtres à… voit la police de Thonon collaborer avec celle de Lausanne.

La même année, dans Moka avec Nathalie Baye et Emmanuelle Devos, le réalisateur suisse Frédéric Mermoud transpose entre Lausanne et Évian l’intrigue du roman éponyme qui se jouait entre Paris et Biarritz.

_______

Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans The Lausanner (n° 13).