cialis 200mg

La Suisse se profile en neuro-informatique

C’est Zurich, et non l’arc lémanique, qui convoite le futur centre de coordination international de neuro-informatique. Mais l’Ecole polytechnique de Lausanne entend participer au projet.

«La Suisse nous a envoyé sa candidature de manière spontanée à la fin de l’année dernière, et lors de son passage ici en janvier, Pascal Couchepin a encore défendu le dossier zurichois», raconte Stefan Michalowski, secrétaire exécutif du Forum mondial de la science de l’OCDE.

Dans les bureaux parisiens de l’organisation, on ne s’attendait pas à un tel empressement, d’autant qu’à ce jour, aucun appel à candidatures n’a encore été lancé. Mais la Suisse a préféré prendre les devants: elle est bien déterminée à offrir à Zurich le futur International Neuroinformatics Coordination Facility (INCF).

«La ville qui sera choisie bénéficiera de retombées importantes, explique Stefan Michalowski. Il s’agira de coordonner les recherches mondiales en neuro-informatique, de manière à ce que les données puissent être utilisées par l’ensemble de la communauté scientifique. Le futur centre abritera des ordinateurs de haute performance et devrait occuper une dizaine de personnes dans un premier temps, surtout des informaticiens. Le site retenu organisera également des conférences, ce qui contribuera au rayonnement mondial de la neuro-informatique.»

Cette discipline relativement nouvelle consiste à développer des outils logiciels et des bases de données pour aider les neuroscientifiques (chercheurs qui étudient le fonctionnement du cerveau) à manipuler, stocker et partager leurs informations. Il s’agit donc d’une branche voisine de la bio-informatique, dont l’arc lémanique se flatte d’être l’un des pôles mondiaux.

On comprend dès lors pourquoi quelques sourcils romands se sont levés quand il a été su que Pascal Couchepin défendait une candidature zurichoise. Pourquoi n’est-ce pas l’axe Genève-Lausanne, si chevronné en bio-informatique, qui porte les couleurs suisses pour le futur Centre de coordination international? «La candidature zurichoise s’est faite en coopération avec nous, répond Nicolas Henchoz, porte-parole de l’Ecole polytechnique de Lausanne (EPFL). Il se trouve que Zurich a une longue tradition en neuro-informatique, c’est tout-à-fait naturel que cette ville défende le dossier suisse.»

Au siège lausannois de l’Institut suisse de bio-informatique, qui contribue également à la réputation mondiale de l’axe lémanique en la matière, on ne montre pas davantage de déception. «Ici, nous ne faisons pas de neuro-informatique et nous n’avons aucune intention d’en faire, dit le directeur Ernest Feytmans. Il est vrai que la bio-informatique, au sens large, peut inclure la neuro-informatique. Mais ces deux disciplines restent distinctes et il ne serait pas bénéfique de les rapprocher.»

D’autres chercheurs, comme Stefan Catsicas, vice-président de l’EPFL, se montrent moins catégoriques sur ce point. «Il est vrai que la région lémanique, et plus particulièrement Genève, est à la pointe de la recherche en bio-informatique, dit-il. Ce domaine concerne avant tout la génomique et la protéomique. Mais j’ai l’impression que grâce aux outils informatiques, on peut désormais y inclure d’autres domaines. Notamment par le biais de l’analyse d’image, on peut mettre en relation des composants cellulaires. On peut établir une carte informatique des relations entre cellules, entre neurones. La neuro-informatique devient dès lors un élément de ce grand tableau de bio-informatique.»

Zurich accueillera-t-elle le carrefour mondial des neuro-informaticiens? Elle le saura avant la fin de l’année. Il va de soi que si sa candidature est retenue, les neuro-informaticiens romands participeront activement à l’aventure. «L’EPFL entend collaborer à ce projet, avec son centre Brain and Mind, dont le but est justement d’utiliser l’informatique à un niveau supérieur», assure Stefan Catsicas.