Corine Décosterd présente le Jardin botanique cantonal de Lausanne, un endroit qui permet de faire le tour du monde, en y admirant plusieurs milliers de plantes indigènes et exotiques.
Situé à dix minutes à pied de la gare, le Jardin botanique de Lausanne conserve un patrimoine végétal de plus de 4000 plantes. Il est accessible gratuitement tous les jours, et ne ferme que durant les vacances scolaires de Noël. Cet hiver, pourquoi ne pas profiter d’une excursion en terres chaudes, en découvrant sa vaste serre tropicale. Aujourd’hui, la jardinière botaniste Corine Décosterd, qui en est la responsable, nous offre une visite.
Quelles sont les qualités requises pour votre métier?
Corine Décosterd: Il faut en premier lieu aimer les plantes, la nature et le fait de travailler en extérieur, quel que soit le temps qu’il fait. Il faut aussi se montrer observateur, par exemple pour distinguer une plante qui nécessite des soins. De manière générale, c’est assez physique, il vaut donc mieux être en forme. Ce qui me plaît dans ce travail, c’est le contact avec la terre et les éléments naturels. J’ai toujours aimé me balader en pleine nature et être émerveillée par sa beauté. À ce titre, le Jardin botanique est l’endroit idéal pour s’évader.
À quoi ressemble une journée type au travail?
Cela varie selon les saisons et en fonction de la collection dont on s’occupe. Depuis une année, je suis chargée de la serre tropicale, qui abrite une grande collection d’épices du monde entier. Il y a un important travail d’arrosage et de brumisage, soit le fait de vaporiser de l’eau sur certaines plantes ou racines. Je dois aussi repérer les minuscules prédateurs qui attaquent certains de nos pensionnaires. Il faut alors introduire des insectes dits «auxiliaires» pour s’en débarrasser, puisque nous utilisons aujourd’hui exclusivement des moyens biologiques pour le soin des plantes. Il y a aussi tout ce qui concerne le bouturage ou la taille, car les végétaux poussent vite dans notre serre.
Qu’en est-il de l’installation de nouvelles plantes?
Récemment, nous avons installé plus de 400 orchidées. Autre arrivée récente: une collection de broméliacées épiphytes, originaire d’Amérique du Sud, qui grandissent en étant suspendues à un fil de fer ou à un arbre. Notre serre tropicale a été entièrement rénovée il y a quatre ans, nous disposons désormais de bien plus d’espace, notamment sur la galerie.
Quels sont les défis engendrés par la saison hivernale?
Les principaux défis concernent la gestion du froid et la garantie d’une température d’au moins 20 degrés, une condition nécessaire pour maintenir nos collections en bonne santé. Outre la chaleur, il faut aussi amener suffisamment d’humidité.
Quelles sont les questions que le public vous pose le plus souvent?
Certaines personnes nous demandent des astuces pour leurs propres plantes, d’autres commentent simplement «y a du boulot !» Un espace qui intrigue énormément est celui des plantes carnivores, une des plus grandes collections de Suisse. Elles soulèvent beaucoup de questions sur leur nourriture ou leur digestion. Dans la serre tropicale, nous sommes par ailleurs en train de finaliser un renouvellement des étiquettes, de manière à mieux pouvoir identifier certaines plantes qui sortent du lot. Par exemple, notre giroflier, Syzygium aromaticum, qui ressemble à un simple ficus, mais qui est en réalité une plante tropicale qui dégage une odeur de clou de girofle.
Quelle est votre plante préférée au Jardin botanique ?
Je n’ai pas de préférence marquée, car c’est l’ensemble de notre collection qui fait le charme d’une visite de ce lieu magique. Mais si je devais en citer une, ce serait la liane de jade – Strongylodon macrobotrys –, une plante grimpante qui produit d’impressionnantes grappes de fleurs de couleur vert jade. Je me réjouis de voir sa floraison au printemps. Dans le jardin lui-même, il y a deux arbres que j’adore: l’un est un Cercidiphyllum japonicum, ou arbre au caramel, d’origine japonaise. L’autre, un Cornus florida, un arbre qui a la particularité de produire ses fleurs avant ses feuilles.
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Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans The Lausanner (n° 12).