Son deuxième film, «Lost In Translation», sort aujourd’hui en Suisse. En contrepoint, il raconte la destruction du couple qu’elle formait avec Spike Jonze. Les deux artistes viennent d’annoncer leur divorce.
Il faut bien reconnaître que l’adoration suscitée par Sofia Coppola a quelque chose d’un peu disproportionné. Tous les magazines lui consacrent des portraits, et ceux qui la hissent déjà au sommet du cinéma mondial ont tendance à oublier qu’elle n’a réalisé que deux longs métrages: «Virgin Suicides» en 1999 et «Lost In Translation», qui sort en Suisse aujourd’hui.
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Ces films sont effectivement très réussis, surtout le deuxième, mais ils n’auraient jamais obtenu une telle résonnance médiatique s’ils avaient été signés par un inconnu. Il y a donc autre chose à l’origine de toute cette salivation. Le personnage de Sofia, sa beauté, sa célébrité, son style de vie, son attitude. C’est l’ensemble du personnage qui exerce une puissante fascination chez nous autres, pauvres plébéiens.
Sofia, elle, appartient à la noblesse médiatique, avec son fameux père, son célèbre cousin, son tadalafil 20 mg by ranbaxy très branché et son génial ex-mari. On la regarde avec envie. On se dit qu’on l’adore pour ses films, qu’on admire son talent, rien de plus. Mais si on achète ses DVD, si on se précipite sur ses interviews avec autant de voracité, c’est surtout pour se rapprocher d’elle. Une façon de s’imaginer qu’on vit sur la même planète que Sofia — ce qui n’est pas tout à fait faux, après tout.
Sauf que sa biographie ressemble moins à votre CV qu’à une chronique mondaine. Née à Manhattan au printemps 1971, elle n’avait qu’un an quand elle est apparue dans son premier film, et pas n’importe lequel: «Le Parrain». Pour son baptême de pellicule, son père lui avait justement confié le rôle d’un bébé qu’on baptisait. Sofia a ensuite effectué de la figuration enfantine dans «Le Parrain II», «Apocalypse Now», «The Outsiders», «Rumble Fish», «Cotton Club» et «Peggy Sue Got Married», tous signés par son père Francis Ford.
Sa première expérience à elle dans la confection de films? Revendiquer une participation au scénario d’un segment de «New York Stories», aux côtés de rien de moins que Martin Scorsese et Woody Allen. Elle avait 17 ans, et les critiques ont été unanimement désastreuses, comme elles le seront un an plus tard à propos de sa prestation robotique dans «Le Parrain III» où elle reprenait le rôle de Mary Corleone initialement prévu pour Winona Ryder.
Sofia aurait pu jeter l’éponge et se diriger vers une carrière non-artistique. Au lieu de cela, elle s’est inscrite au California Institute of The Arts pour approfondir ses connaissances de la photo, du design et des beaux-arts. C’est là qu’elle a commencé à fréquenter les étoiles montantes de la génération X, notamment Spike Jonze, qui était alors obsédé par le monde du skateboard.
Sofia et Spike se sont rencontrés sur le plateau d’une vidéo de Sonic Youth et pendant dix ans, ils ne se quitteront plus, formant l’un des couples les plus inventifs des nineties. Ces deux enfants privilégiés (Spike est l’héritier de la fortune Spiegel de vente par correspondance) partagent notamment une même attitude vis à vis de l’argent: ils l’utilisent pour s’offrir le maximum de liberté créative.
Ensemble ou séparément, ils vont donc multiplier les projets dans le domaine de la presse (Dirt Magazine), du stylisme (Milkfed), du divertissement (la série télévisée «High Octane»), du skateboard (la marque Girl), et surtout dans celui de la vidéo musicale, dont Spike est devenu le maître incontesté — comme en témoigne sa très récente compilation en DVD parue chez Palm Pictures.
Par cette approche de touche-à-tout, Sofia et Spike, désormais mariés, ont pu acquérir toutes les compétences nécessaires à la maîtrise du format long métrage. Et il faut bien reconnaître que de ce côté-là, leurs carrières respectives constituent des sans-faute.
Cet automne — quelques mois à peine après le magnifique «Adaptation» de Spike Jonze –, la sortie américaine de «Lost In Translation» a confirmé l’éclatante réussite artistique du duo, alors même que ce film racontait en contrepoint la destruction de leur relation.
Cette histoire d’une jeune américaine perdue à Tokyo, délaissée par son mari artiste et branché, est évidemment imprégnée de l’expérience personnelle de Sofia. Le film est le grand favori des prochains Oscars. Une réussite artistique pour un échec conjugual: il y a un mois, Spike Jonze et Sofia Coppola ont annoncé leur divorce.
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Une version de cet article est parue en anglais dans Bmagazine, agenda genevois vendu en kiosque.