LATITUDES

L’artisanat japonais au cœur de la Palud

Dans chaque numéro, «The Lausanner» présente une exposante ou un exposant des marchés de la ville. Rencontre avec Akiko Amiguet, créatrice d’art nippon.

Créé en 1979, le marché des artisans-créateurs se tient tous les vendredis à la place de la Palud. Akiko Amiguet y partage depuis huit ans l’amour de son pays d’origine, le Japon, notamment à travers ses créations en origami, cet art ancestral du pliage de papier. Sous le nom de son atelier Cre-Ako, elle le décline en bijoux emplis de poésie, en magnifiques écrins ou en cartes de vœux.

Comment fabriquez-vous vos bijoux?

Akiko Amiguet: Je crée des boucles d’oreilles, des broches et des colliers avec des origamis que j’enduis de résine japonaise pour les rendre résistants. J’utilise différents papiers : du très fin, comme le kami, pour réaliser les nombreux détails des boucles en forme de tulipes, aux plus épais, comme le washi. Je fais également des colliers ornés de perles et de chirimen, un tissu avec des ondulations, que je plie jusqu’à obtenir de minuscules fleurs. Je les couds ensuite une à une. J’aime travailler ce qui est petit.

Que faites-vous d’autre en origami?

Les boîtes dans lesquelles sont vendus mes bijoux, des cartes et des orizuru. Ces grues sont le symbole de la paix, de la longue vie et de la guérison.

Où achetez-vous les matières que vous employez?

Au Japon. Je fais des réserves quand je rentre voir ma famille, à Nara. L’artisanat étant très important dans mon pays, on est très exigeants avec les matières. En achetant les produits traditionnels sur place, je suis sûre d’avoir la qualité que je recherche. J’aime aussi l’idée que mes créations viennent vraiment de là-bas. Même si je confectionne tout à Lausanne… avec les exigences japonaises ! (Rires)

Comment avez-vous débuté?

Ma mère et ma grand-mère faisaient beaucoup de tricot, de couture, de broderie, de pliage… Toute petite, je les observais. Puis, très vite, je m’y suis mise et c’est devenu une passion, surtout l’origami.

Que représente cet art pour vous?

Il me permet de m’exprimer, d’exprimer mon état d’esprit à travers la difficulté des pliages. C’est relaxant et bon pour la santé parce que cela nous oblige à utiliser nos dix doigts au quotidien, tout en faisant travailler la mémoire. Au Japon, dans les maisons de retraite, on fait d’ailleurs beaucoup de pliages pour ces raisons.

Comment s’organisent vos journées de travail?

Le matin, je réponds aux e-mails de clients ou d’élèves. Je donne en effet des ateliers d’origami ou de furoshiki (technique d’emballage avec des tissus, ndlr). L’après-midi, je fabrique ce que je vends au marché. J’aime tellement ça que, des fois, je ne vois pas le temps passer et je travaille jusqu’à minuit (rires).

Qu’aimez-vous particulièrement au marché?

Le contact avec les visiteurs et les autres artisans. J’aime aussi transmettre ma culture et parler avec des personnes qui aiment le Japon. Durant le Covid, quand je ne pouvais plus rentrer voir ma famille, cela m’a particulièrement touchée.

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Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans The Lausanner (n° 12).