KAPITAL

Redonner un regard

C’est à 28 ans que Marina Buckel décide de se former au métier d’oculariste. Avec sa sœur Milena, elle fait désormais partie de la cinquantaine d’artisans dans le monde à maîtriser l’art de la fabrication de prothèses oculaires en verre soufflé.

Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans PME.

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Lorsque Matthias Buckel, unique oculariste réalisant des prothèses en verre soufflé en Suisse romande, souhaite former la relève, sa fille Marina Buckel, diplômée en communication visuelle de la HEAD, se projette pour la première fois dans ce métier. «Mon impulsion a aussi donné envie à ma grande sœur, Milena, de perpétuer la tradition familiale pour la 4e génération.» Commence alors une formation de sept ans, de 2014 à 2021, presque entièrement dispensée par Matthias Buckel. «Étant dans un domaine paramédical, nous avons aussi suivi des colloques afin d’en apprendre davantage sur l’œil et ses maladies.» Généralement envoyée par les ophtalmologues, la plupart des patients consulte suite à la perte d’un œil, survenue en raison d’une maladie, d’un accident ou d’une opération. Remboursée par l’assurance maladie à raison d’une prothèse par année, la prestation s’élève à un tarif unique de 775,45 francs.

Depuis mars 2022, Marina Buckel a repris le cabinet de son père, situé à Perly, à Genève, tandis que Milena Buckel exerce à Sion et Lausanne. Les deux sœurs se sont réparti la base de données d’environ 1’000 patients que leur a confiés leur prédécesseur en fonction de leur situation géographique. «Je m’occupe principalement de la patientèle genevoise, même si des Français et des Portugais anciennement établis en Suisse viennent parfois consulter.» Les deux sœurs ont toutefois décidé de ne pas s’associer. «Je pense qu’il est important que nous puissions travailler chacune à notre manière.»

Marina Buckel reçoit aujourd’hui deux à trois patients par semaine, ce qui correspond à un taux d’activité d’environ 50%. «Cela me permet d’avoir une marge de deux heures s’il faut refaire une prothèse qui ne convient pas ou qui casse durant la fabrication. Le verre soufflé reste une matière très délicate à manipuler. Seule une cinquantaine d’ocularistes à travers le monde maîtrise cette technique.» Les patients repartent ensuite directement avec leur prothèse.