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Année sabbatique: le ridicule ne tue pas

Jadis réservée à quelques profs d’université, l’année sabbatique devient un véritable marché. Public cible: les étudiants, ou plutôt leurs parents inquiets. Efficace ou inutile?

«Tu laisserais ton fils prendre une année sabbatique? Ludovic nous dit qu’il a besoin de respirer après son bac. Il veut faire un tour du monde.» Marianne, rencontrée début juillet, était désemparée. Elle paniquait à l’idée de voir son fils de dix-neuf ans prendre son premier envol.

Un mois plus tard, elle m’explique que son fils partira, coaché par une agence anglaise qui s’occupera de tout. Mariane a appris qu’en Grande-Bretagne, la «gap year» était une pratique très répandue. Elle a déniché une offre sur le site d’une agence de voyage. Elle est maintenant rassurée. A quel prix? Je ne le saurai pas. Certaines offres vont jusqu’à 2’500 livres pour quatre semaines!

Quel paradoxe! Ces années sabbatiques qui étaient initialement consacrées à la seule recherche prennent maintenant des allures de voyage organisé.

A l’origine, elles étaient accordées tous les sept ans aux professeurs d’université, d’abord aux Etats-Unis et au Canada puis dans d’autres pays. C’est à l’époque hippie que leur concept a évolué. Elles ont ressurgi il y a quelques années, dépouillées de leur dimension anticonformiste.

L’année sabbatique revient dans nos mœurs parée de nouvelles vertus. Elle constituerait une étape indispensable dans la construction personnelle, permettrait à l’étudiant de forger son caractère, de différer d’un an son choix professionnel, d’y voir plus clair avant d’entrer dans une vie d’adulte. Bref, voici une simili épreuve initiatique dans une société qui n’en a plus guère d’autres à proposer.

La très sage EPFL de Lausanne ne lui fait cependant pas encore les yeux doux. Elle lui consacre même une cialis proper dosage sur son site internet.

L’année sabbatique ne serait pas «la première solution à envisager après un échec», y lit-on. Recommencer des études scientifiques ou techniques après une telle interruption serait «difficile» et exigerait «une motivation à toute épreuve.»

Pour ceux qui sont tentés par l’aventure, on conseille d’attendre la troisième année durant laquelle le cursus EPFL encourage la mobilité (échanges universitaires) et les stages. «Vous aurez ainsi facilement la possibilité de «prendre le large», tout en avançant dans les études.»

A Genève, une enquête commandée par le rectorat de l’Université permet de dresser le cialis uk cost de «l’étudiant contemporain».

On apprend qu’un jeune ayant pris une année sabbatique avant son arrivée à l’Université a, statistiquement, plus de chances de réussite. Le taux de promotion des étudiants ayant obtenu leur diplôme secondaire est de 56% pour la volée 2001 et de 65 % pour ceux qui avaient pris un congé sabbatique.

Combien sont-ils à le faire? 50% des étudiants à l’Ecole de traduction et d’interprétation, 30% en Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education, et moins de 20% en sciences, médecine et droit.

Au retour d’une année sabbatique, la motivation à l’étude est plus grande, les Tanguy d’hier ont appris à planifier un voyage, à se trouver des petits boulots pour le financer; à se débrouiller seuls.

Mais n’empêche-t-on pas l’éclosion de telles compétences en recourant à des agences qui prennent en charge jusqu’au plus petit détail?

Commentant la situation en Grande-Bretagne, Mark Bowers de Voluntary Services Overseas, déplore: «Malheureusement, la «gap year» génère tout un business. Quantité de personnes essayent d’en tirer profit.» Un avis partagé par Susan Griffith, l’auteur de «cialis as needed dosage». Selon elle, ces «ready-made trips» coûtent très cher et privent les jeunes de riches potentialités d’apprentissage.

La semaine dernière, le Sunday Times consacrait un article aux parents inquiets qui achètent des «équipements de survie pour leurs teenagers en année sabbatique».

Couvertures colorées pour permettre le repérage par les avions, radios-balises permettant la localisation par satellite, alarmes contre les intrusions dans les chambres d’hôtel, kits de self-défense, dispositifs de rapatriement… Le marché sécuritaire a le vent en poupe.

Un pas supplémentaire vient d’être franchi avec la mise sur pied de cours spéciaux à suivre avant le grand départ. Leur nom, «Gap year safety awareness course».

Alors, rentrée ou année sabbatique? Vous hésitez encore? Consultez les astres! Si vous êtes sagittaire, «sortez la boussole, le monde vous appartient, prenez une année sabbatique», vous conseillent des astrologues perspicaces qui se sont empressés d’intégrer ce nouveau comportement à leur carte-conseils.