Le cabriolet a longtemps emporté dans son sillage deux sortes de clichés. D’un côté, il évoquait l’image d’un gentleman aux lunettes noires, roulant à pleine vitesse sur la Côte d’Azur avec une blonde hitchcockienne à ses côtés… De l’autre, il traînait une réputation de tape-cul, une capacité d’emport tout juste équivalente à deux trousses de toilette, une capote fragile et un habitacle bruyant, peu adapté aux longs trajets.
Il aura fallu que les constructeurs voient leurs ventes se liquéfier pour qu’ils s’attachent enfin, et presque par hasard, à corriger ces défauts. Si les cabriolets ne représentent que 4% des ventes de voitures en Suisse, ils offrent désormais suffisamment de qualités pour intéresser le public le plus large.
La version décapotable est devenue un must dans toutes les gammes, depuis la Smart jusqu’à l’Opel Astra, mais ce sont les constructeurs français qui ont su, mieux que les autres, réinventer le concept du cabriolet. Avec des modèles à moins de 30’000 francs, Peugeot et Citroën ont été les premiers à séduire une clientèle jeune, prête à tenter le tout-en-un. Ford et Volkswagen les ont aussitôt suivis.
Peugeot 206 CC

Le principe du «coupé-cabriolet», qui avait longtemps été réservé à une clientèle fortunée, est réapparu récemment avec le modèle 206 CC de Peugeot. Unique quatre-places de sa catégorie, il fait déjà un tabac en Suisse où il est devenu en six mois le cabrio le plus vendu. Il mêle en effet les atouts d’un «vrai toit» sous la pluie et d’une ligne élégante quand on l’ouvre au soleil, alliant le meilleur des deux mondes en 30 secondes sur une pression de bouton. Ainsi capotée, la 206 offre une protection contre le bruit ou les intempéries que ses concurrentes ne peuvent que lui envier.
Quand on prend le volant, malheureusement, la version de base à 110 chevaux ne pousse pas au lyrisme. La boîte à vitesse manque de souplesse, la direction se révèle un peu molle et les suspensions transmettent fidèlement les accrocs de la route vers le bas des reins. Mais malgré ces bémols, le concept plaît et ne tardera pas à faire des émules: la 307 CC vient de sortir d’usine, Renault y convertira bientôt sa Mégane, et Nissan songe déjà à une Micra du même type. Sans oublier Opel, qui travaille également sur un concept similaire.
Citroën C3 Pluriel

Mieux encore que Peugeot, c’est Citroën avec sa C3 Pluriel qui illustre le mot-clé du moment: la modularité. Dans la version cabriolet, les deux arches métalliques restent en place et assurent un redéploiement aisé de la capote en cas d’averse. Escamotables, elles peuvent également demeurer au garage pour dévoiler un «quasi roadster». Pour transporter des objets volumineux, il est possible de rabattre les sièges arrières et d’ouvrir la partie basse du coffre qui résistera à une charge de 100 kilos. Qui a dit qu’on ne pouvait pas aller faire ses achats chez Ikea avec un cabriolet?
Un «Ka-briolet» pour Kylie

Il y a deux ans, sa présentation au salon de Turin avait été accueillie par un tonnerre d’applaudissements: la Ford Ka version cabrio, dessinée par Ghia, n’en était alors qu’au stade de «concept car». Aujourd’hui, elle est enfin sur le marché, produite en Italie dans l’usine du carrossier Pininfarina et promue par la star australienne Kylie Minogue. Les rares modifications qui la séparent de la Ka ne font que renforcer son côté ludique, avec un train élargi, un châssis rabaissé, plus rigide, un freinage plus mordant et des suspensions adaptées. Les jantes 16’ de série lui donneraient presque une image de sportive, ce qu’elle n’est pourtant pas. Si le moteur 1.6l (95 ch) déplace honnêtement les 1140 kg, il a surtout pour lui sa consommation (8 litres/cent) et sa souplesse. L’habitacle ne s’embarrasse pas de simili-banquettes arrières et assume sa condition de biplace au profit d’un vrai coffre. Pas de fantaisies non plus pour la capote en toile, à l’ouverture manuelle en sept étapes.
New Beetle Cabrio

Plus sensuelle, la New Beetle Cabrio fait de l’œil à un public féminin, branché, ou carrément nostalgique. Ses coloris font rêver: bleu aquarium, jaune banane ou lune d’été. De dimensions et d’aménagement intérieur identique à son aînée, elle ne propose pas d’adaptations particulières, si ce n’est des arceaux de protection, déployés automatiquement en cas de danger. La capote, actionnée électriquement en 13 secondes et repliée en Z, surplombe élégamment la silhouette – mais une fois relevée, elle masque une bonne part de la vue en arrière. De conduite neutre et sans émotions, sa motorisation de base de 1.4l (75 ch) se révèle vite pataude et plus adaptée à la balade du dimanche qu’à une échappée sur la corniche.
Mais la New Beetle Cabrio dispose d’un redoutable atout dans son jeu: des sièges-arrière relativement confortables, presque utilisables par des adultes. Pas de doute, le cabriolet est vraiment entré dans une nouvelle ère.
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Peugeot 206 CC, 1.6L 16V, 110 ch, à partir de 27’300 francs.
Citroen C3 Pluriel, 1,4L, 75 ch, 29’390 francs.
Ford StreetKa, 1.6L Duratec, 95 ch, à partir de 27’950 francs.
Volkswagen New Beetle Cabrio, 1,4L, 75 ch, 29’390 francs.