CULTURE

Le poids de la ville

Entre verdure et solitude, le photographe Pierfrancesco Celada dépeint sa vision contrastée de la ville de Hong Kong, où il a vécu pendant sept ans.

Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans le magazine photographique Météore.

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«Quand je suis triste, je prends un train pour la vallée du bonheur.» Sous cette déclaration poétique, le photographe Pierfrancesco Celada livre une représentation empreinte de spleen de Hong Kong, ville moderne figée dans une demi-brume de révolution et de résignation. Ce n’est pourtant pas la «happy valley» – du nom d’un quartier de la ville – qui se dégage de ces individus sur les photos, penchés, harassés par le poids de la ville sur leurs épaules.

Paradoxale, la ville expose ses contrastes. Elle est à la fois ultra-urbanisée, avec ses gratte-ciel et ses autoroutes colossales, mais aussi complètement encerclée de nature verdoyante. Le gigantisme des infrastructures se réverbère en une forme de solitude, « on se sent rapidement claustrophobe ».

«J’ai déménagé à Hong Kong en 2014, juste avant la révolution des parapluies. La population était alors descendue dans la rue pour défendre ses droits. C’était un événement poignant, qui avait complètement bouleversé les habitudes locales. En 2019, les soulèvements révolutionnaires ont repris, toujours écrasés par la répression.»

Au cœur de ces mouvements sociaux, le photographe a tenu à se différencier des reporters de presse. «Ils étaient là pour documenter un événement. Moi, je n’ai pas cherché à rapporter une réalité mais à donner mon interprétation. En sept ans, j’ai développé un rapport personnel avec cette métropole complexe. J’ai voulu montrer, à l’aide de métaphores visuelles, ma relation et ma perception de la ville.»


Vos photos montrent-elles la liberté ?

Pierfrancesco Celada: «La liberté n’était pas le sujet de mon travail quand j’ai commencé. Mais la lutte pour ce droit fondamental qu’est la liberté est la raison pour laquelle les citoyen·ne·s de Hong Kong se sont rassemblé·e·s dans les rues en 2014 et en 2019. J’ai ainsi été témoin de ce combat inspirant, mené conjointement par des milliers de personnes.»

PIERFRANCESCO CELADA, ITALIE

Né en 1979 en Italie, Pierfrancesco Celada a d’abord obtenu un doctorat en ingénierie biomécanique avant de se consacrer à la photographie. Il a remporté le Prix Photo Review Arles 2021 au festival des Rencontres d’Arles pour son travail When I feel down I take a train to the Happy Valley.

Découvrir l’artiste ici.