- Largeur.com - https://largeur.com -

50 idées de business à lancer en 2023

De nombreuses entreprises innovantes se développent à l’étranger et pourraient trouver leur marché en Suisse. Présentation de 50 pépites, commentées par un panel d’experts.

Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans cialis viagra visa.

_______

Dossier réalisé avec Carole Berset, Julien Crevoisier, Erik Freudenreich et Stéphanie de Roguin

_______

«Le meilleur moyen de prévoir le futur, c’est de le créer», soutenait le célèbre économiste et entrepreneur autrichien Peter Drucker. La citation s’adapte particulièrement bien à la situation entrepreneuriale actuelle en Suisse. Après deux années fortement bouleversées entre autres par la crise sanitaire, l’inflation et les conflits géopolitiques, les Suisses ont décidé d’entreprendre. La comparaison sur dix ans montre une augmentation de 13% de la création d’entreprise en Suisse au premier semestre 2022, selon le rapport de l’IFJ Startup Support.

Reste alors à trouver le bon projet! Nouvelles technologies, innovations hôtelières, alimentation, énergie ou encore management, ce dossier présente 50 concepts de business innovants qui ont fait leurs preuves à l’étranger. Du Canada au Chili, en passant par l’Allemagne ou le Danemark, ces idées ont été sélectionnées pour leur potentiel d’application en Suisse. Certaines entreprises existent peut-être déjà sous une forme similaire sur le territoire, mais pourraient être davantage développées.

Des experts de l’entrepreneuriat et de l’innovation commentent chacun des concepts afin d’en évaluer la faisabilité, d’en estimer le potentiel et d’en pointer les ajustements et les complexités auxquels être attentif pour leur mise en place en Suisse. De quoi inspirer, peut-être, ceux qui souhaitent réinventer leur futur!

1- De la décharge au plastique

Créée en Israël cette année, UBQ Materials transforme les déchets ménagers – produits organiques, cartons, plastiques mixtes et même couches sales –, en une matière thermoplastique: le matériau baptisé UBQ. Remplaçant le plastique fait à base de pétrole, les applications possibles s’étendent à de nombreuses industries. Chaque tonne d’UBQ évite 1,34 tonne de déchets en décharge.

Amanda Byrde: «C’est une solution intéressante dans le contexte helvétique: les Suisses figurent parmi les plus gros producteurs de déchets au monde et près de 50% de nos ordures finissent encore en incinération. Transformer des déchets en polymère d’une qualité qui peut être à nouveau transformée en polymère sur des cycles multiples est donc plutôt intéressant. Cependant, il est primordial de travailler sur le problème à la source, soit de lutter contre la surconsommation.»

_______

2- Assurer les risques liés à l’IA

La start-up allemande QuantPi a développé une plateforme qui permet aux entreprises de s’assurer que divers risques (juridiques, commerciaux, éthiques ou de réputation) liés à leurs solutions d’intelligence artificielle soient identifiés et traités. Elle vise notamment à éviter des dérapages de l’IA fortement dommageables à l’image de l’entreprise. La start-up fondée en 2020 par des mathématiciens après sept ans de recherche vient de lever 2,5 millions d’euros à l’automne 2022.

Maurizio Caon: «J’aime bien ce projet, car il ose s’attaquer à un problème important, même si son marché est encore à un stade assez jeune de son développement. On sait que la méthode d’apprentissage automatique la plus répandue aujourd’hui s’appuie sur le deep learning, et que ce type d’algorithme peut conserver certains préjudices liés aux données qui l’ont entraîné. Plusieurs pays sont d’ailleurs en train d’étudier des moyens pour réguler les dérives de ces IA. Développer des réponses à ces problèmes demande de grands efforts mais présente un fort potentiel à plus long terme.»

_______

3- Collier connecté pour chien

Get Wüf a créé un collier pour chien qui permet aux propriétaires d’animaux d’accéder à des données sur leur animal. Localisation, dépense physique, masse, sommeil, ce suivi d’activité permet, grâce à l’application liée, de surveiller si le chien est en bonne santé. Des recommandations en matière d’alimentation de la part d’experts sont également disponibles en fonction de l’âge, du poids, de la race et de l’activité du chien. L’application créée aux États-Unis en 2017 fournit aussi des conseils de dressage sous forme de jeux.

Pascal Bourgier: «Je trouve l’idée géniale. Les Suisses sont prêts à dépenser de grands montants pour leurs animaux de compagnie et bénéficient d’un pouvoir d’achat important. Les colliers connectés actuels ne proposent que le suivi GPS. Ici, à la manière des montres connectées pour humains, les options permettent un suivi précis de la santé de son animal. Le fait que l’application donne des conseils de dressage sera utile pour limiter la maltraitance et les abandons, souvent dus à des négligences en la matière de la part des maîtres. Le côté communauté avec les utilisateurs représente également un atout.»

_______

4- Une plateforme qui aide les commerces locaux à se digitaliser

PideDirecto offre la possibilité aux entreprises locales d’Amérique latine – épiceries, fleuristes, restaurants, etc. – de développer leurs canaux de vente directe et propose également une solution de commande et de livraison en moins de 30 minutes. Lancée en 2020 aux Mexique, la plateforme soutient les petites structures dans la création de leur site web et peut aussi leur fournir des informations clients ainsi qu’une aide en matière de stratégie marketing. Le tout pour un montant fixe grâce à un abonnement mensuel, entre CHF 90.- et 120.- par mois. PideDirecto a été incubé par la très sélective entreprise internationale de financement précoce de startups Y Combinator.

Nathalie Nyffeler: «Je trouve le concept fin et intelligent. Beaucoup de petites structures n’ont en effet pas les compétences nécessaires ou le temps de se consacrer au développement de leur présence en ligne, qui devient par ailleurs de plus en plus indispensable afin de rester concurrentiel. Le covid a particulièrement mis en lumière ce besoin. Offrir un service d’aide et de soutien logistique et marketing me paraît ainsi très pertinent et prometteur. Reste à s’assurer des normes juridiques et de sécurité en Suisse.»

_______

5- Du tissu fait… de tissu

En Suède, l’entreprise Renewcell développe le Circulose, un matériau recyclé à partir de textile jeté. Les vêtements sont déchiquetés, décolorés et transformés en une bouillie. Reste la cellulose, le polymère organique biodégradable qui remplace l’huile vierge, le coton et le bois dans la production de fibres textiles. Ces fibres peuvent ensuite être utilisées par les fabricants d’habits. L’entreprise existe depuis 2012 et a déjà conclu des partenariats avec Zara, H&M et Levi’s.

Amanda Byrde: «C’est important de développer des solutions pour traiter la masse de textile au lieu de créer du neuf, car l’industrie textile est l’une des plus polluantes au monde! Les grandes marques vestimentaires proposent depuis des années déjà des gammes eco-friendly, mais bien souvent, il s’agit de textiles faits à partir de plastique recyclé, et dans le cas de la fast fashion, cela ne change pas le système. Le plastique ne se recycle pas indéfiniment, le fait d’extraire la cellulose pour refaire du tissu paraît donc beaucoup plus intéressant, puisqu’il s’agit d’un matériau durable. Reste à savoir quelles sources d’énergie sont utilisées pour broyer le textile et produire ces fibres, car toute transformation de matière représente un impact environnemental certain.»

_______

6- Panneaux photovoltaïques souples

Au Brésil, Sunew conçoit des revêtements photovoltaïques souples, légers et semi-transparents. Cela ouvre la voie à leur installation sur des surfaces et au sein d’espaces où il est aujourd’hui impensable de fixer des panneaux solaires classiques. La firme cible avant tout les clients B2B, plus susceptibles d’installer leur produit à grande échelle sur des façades vitrées, des toits de bâtiments ou sur une flotte de véhicules, mais elle s’adresse aussi aux particuliers.

Nasri Nahas: «J’adore cette idée! La démarche est très intéressante tout au long du processus: la fabrication est clean, le recyclage des panneaux bien pensé. Les surfaces photovoltaïques flexibles ne représentent pas une nouveauté, mais ce qui est intéressant ici, c’est la transparence des revêtements: cela permet de conserver une partie du rayonnement solaire à l’intérieur, et ne gâche pas la vue. Cette solution me paraît tout à fait adaptée à la Suisse, où nous avons de plus en plus de soleil, des montagnes, beaucoup de trains… Ces panneaux peuvent se mettre quasi partout et permettront vraiment de rendre nos villes plus ‘clean’.»

_______

7- Prothèses sur mesure

La plateforme allemande Mecuris propose aux professionnels de la santé, plus particulièrement de l’orthopédie, une solution de modélisation qui permet de créer – entièrement en ligne – des orthèses, prothèses et autres dispositifs adaptés à chaque patient. Elle dispense également des cours en ligne, des webinaires, ainsi que des coachings ou encore met à disposition une médiathèque où trouver des livres et ouvrages spécialisés sur le sujet.

Nasri Nahas: «Cette démarche me paraît très intéressante parce qu’elle va dans le sens de la personnalisation de la santé. Selon le handicap à soulager ou le type de prothèse à porter, celle-ci peut être mieux acceptée par le patient – car conçue expressément pour lui – que si on lui impose un corps étranger standardisé. De plus, les dispositifs médicaux élaborés avec une imprimante 3D ou autre technologie analogue est souvent plus accessible financièrement. Mecuris fait preuve d’une démarche agile, d’un souci d’adaptabilité à chaque patient et c’est très opportun dans le domaine de la santé. Cependant, elle n’est pas la seule sur le marché, loin de là, bien qu’elle opère dans un secteur où il peut y avoir plusieurs leaders.»

_______

8- Contrôler la durabilité des chaines d’approvisionnement

Lancée en 2019, l’entreprise allemande Traxpay offre un service de gestion optimisée des fonds de roulement et de la chaîne d’approvisionnement. La plateforme met en relation les entreprises avec les fournisseurs et les banques pour leur permettre de gérer au mieux les rentrées et sorties d’argent. En outre, en mettant en avant les fournisseurs partenaires en fonction de critères de durabilité, Traxpay permet d’assurer une chaîne d’approvisionnement qui respecte les meilleures pratiques en matière d’environnement.

Nadine Reichenthal: «Cette solution me paraît tout à fait intéressante pour les PME, qui ont parfois besoin de liquidités rapidement pour leurs commandes auprès des fournisseurs. Toutefois, il paraît difficile de convaincre sur l’aspect de la durabilité des fournisseurs tant cette notion est vague et pas forcément la première préoccupation des entreprises.»

_______

9- Tinder psychologique

Créée en 2019 au Royaume-Uni, So Syncd propose la première application de rencontre basée sur l’indicateur de types psychologiques de Myers-Briggs (MBTI). Idéaliste, aventurier, rationnel, protecteur… Les utilisateurs en quête de l’âme sœur sont tout d’abord invités à effectuer un test, qui déterminera leur personnalité parmi les 16 recensées. Sur cette base, l’application réunira ensuite les profils compatibles.

Nathalie Nyffeler: «Le test de Myers-Briggs est utilisé dans divers domaines et a un côté rassurant. Les utilisateurs seront tentés de valider une description vague de leur personnalité – c’est l’effet Barnum. Or, le modèle reste très critiqué par les experts en psychologie sociale car il ne s’appuie sur aucune base scientifique et n’est pas stable. Une même personne peut ainsi obtenir des résultats différents d’une semaine à l’autre…»

_______

10- Une plateforme NFT pour les artistes

Leader du stockage et de la gestion NFTs, l’entreprise Pinata permet aux artistes d’héberger et de monétiser facilement leurs médias. Créée en 2018 aux États-Unis, la société vient de clôturer un tour de table de 21,5 millions de dollars. Prenant en charge des vidéos, images et fichiers musicaux, Pinata revendique aujourd’hui 240’000 utilisateurs et des partenariats avec plusieurs grands acteurs du marché comme OpenSea, Yuga Labs et LooksRare.

Frédéric Baetscher: «La solution de Pinata répond à une réelle problématique des créateurs de NFTs pour la gestion centralisée de leurs œuvres. Son succès va toutefois dépendre de l’évolution du marché des cryptomonnaies et de la confiance des acteurs dans les NFTs. Nous traversons actuellement une crise qui se traduit notamment par une baisse des transactions de plus de 99%… À cela s’ajoutent aussi les polémiques autour des contrefaçons.»

_______

11- De l’herbe comme isolant thermique

Gramitherm, en Belgique, développe un matériau isolant fabriqué à partir d’une matière première abondante: l’herbe. Sa durée de vie se révèle plus longue que d’autres isolants classiques (50 ans contre 35 ans). Il a l’avantage d’être entièrement recyclable et renouvelable.

Nasri Nahas: «Cette solution semble intéressante, mais il ne faudrait pas qu’elle entre en compétition avec l’herbe qui doit continuer à nourrir le bétail – afin d’éviter que l’on déboise pour créer de nouvelles surfaces de pâture. Il faut relever aussi qu’il s’agit d’un secteur hyper-compétitif, plusieurs matériaux de substitution pour l’isolation ont vu le jour et la société ne donne pas de comparatif “relatif” de son rendu énergétique. Seuls des chiffres absolus sont documentés. L’isolation des bâtiments est une priorité aujourd’hui. En ce sens, c’est une démarche à encourager.»

_______

12- Bijoux en impression 3D

L’entreprise estonienne Cloud Factory propose un service complet de conception, de production et de livraison de bijoux. Fondée en 2018, c’est une des premières entreprises au monde à utiliser l’impression 3D sur métal pour fabriquer à grande échelle des bijoux de qualité, de manière rentable et durable. L’entreprise est récemment parvenue à lever 2 millions d’euros auprès d’investisseurs.

Amanda Byrde : «Il y a là un aspect intéressant puisque la bijouterie représente une industrie à impact environnemental élevé. L’entreprise agit sur deux niveaux: celui de limiter les déchets, comme dans toute production à l’imprimante 3D qui permet de ne fabriquer que ce qui est nécessaire en fonction de la demande, et de préserver les ressources. Ce sont en effet des métaux recyclables qui sont utilisés.»

 

 

13- Carte fidélité digitale

Grâce à un réseau de plus de 1’000 enseignes partenaires, l’application française Pasha permet à ses utilisateurs d’économiser sur leurs achats. À la manière d’une carte fidélité, l’application permet d’engranger des récompenses sous forme de «cash-back», que l’utilisateur peut reverser sur son compte en banque ou utiliser sous forme de carte cadeau chez un partenaire.

Nadine Reichenthal: «L’idée est très intéressante et a fait ses preuves dans des pays comme la France. Mais il faut garder à l’esprit que la Suisse reste un marché plus petit et avec des coûts d’exploitation plus élevés. En outre, si l’idée semble séduire les consommateurs, elle aura plus de mal à convaincre les distributeurs car les cartes de fidélité servent aussi à recueillir des données sur ses clients, donc déléguer ce service à un tiers les amputent d’une ressource majeure.»

_______

14- Voiture solaire

Avec plus de 456 demi-cellules solaires intégrées à la carrosserie, la voiture «Sion» de Sono Motors se recharge grâce au soleil. Cette recharge naturelle peut ajouter 112 km d’autonomie (en moyenne) à la batterie de la voiture, dans les conditions météorologiques européennes, ce qui permet une autonomie totale sur de courtes distances, par exemple en milieu urbain. L’entreprise basée à Munich en Allemagne garde un prix fixe de 29’900 euros par voiture, en limitant notamment les options, dont la couleur qui est forcément noire. Près de 42’000 exemplaire de cette voiture ont déjà été réservé en Europe. Elle sera mise en circulation dans le courant de l’année 2023.

Stéphane Genoud: «Le postulat de base de créer de nouvelles voitures destinées au milieu urbain est à contre-sens des objectifs environnementaux actuels. Il faut libérer les villes des véhicules qui occupent l’espace. L’énergie solaire sera en outre probablement trop faible pour maintenir la voiture, il faut donc bien intégrer les bornes de recharge au modèle d’affaire et la voiture doit impérativement être garée à l’extérieur. Néanmoins, il peut être intéressant d’avoir ce genre de véhicule pour le car-sharing, à l’instar des offres de Mobility.»

_______

15- Des serviettes hygiéniques en fibre de banane

En Inde, Saathi Eco Innovations a mis au point une serviette hygiénique 100% biodégradable et compostable fabriquée à partir de fibre de banane, l’une des fibres naturelles les plus absorbantes et abondantes en Inde. Contrairement à la pâte de bois ou au coton, il s’agit d’un sous-produit agricole qui ne nécessite pas d’utilisation supplémentaire de terres. Cela permet ainsi aux agriculteurs de percevoir un revenu supplémentaire. Saathi crée également de l’emploi auprès de femmes pour la confection des serviettes.

Amanda Byrde : «Mon coup de cœur, pour le caractère inclusif du projet! Et pour l’impact social que cette démarche offre: des produits d’hygiène accessibles à toutes, et la création d’emplois. C’est intéressant aussi sur le plan environnemental, car ces fibres de bananes sont achetées aux agriculteurs au lieu d’être jetées. Il ne faut pas oublier que les serviettes hygiéniques conventionnelles sont en grande partie faites de plastique, elles prennent une centaine d’années à se dégrader naturellement. Pour la fibre de banane, il faut compter six mois. Après, cela reste un objet à usage unique. Il existe maintenant des cups ou des serviettes lavables, réutilisables, et c’est dans ce sens, je pense, qu’il faut aller.»

_______

16- Le réseau social du voyage

Réunir Le Routard, TripAdvisor et Booking.com sur une seule plateforme, c’est le pari de Mafengwo, le réseau social du voyage. Fondés en 2010, les services de Mafengwo rassemblent une communauté de plus de 130 millions d’utilisateurs en 2021, principalement en Chine mais aussi répartis dans le monde entier.

Nadine Reichenthal: «Mettre en place une plateforme dédiée au voyage sur un marché comme la Chine est une idée brillante. Le pays est en effet très spécifique, de par le nombre de voyageurs qu’il engendre et le fait que leurs envies et préoccupations ne sont pas les mêmes que celles des Occidentaux, beaucoup n’ayant pas la même aisance à visiter des pays étrangers. En Suisse, le marché est plus complexe parce qu’il faut trouver sa place parmi une abondance de plateformes numériques consacrées au voyage. L’idée de tout rassembler est néanmoins intéressante, l’enjeu sera alors de se distinguer des acteurs connus comme TripAdvisor et GetYourGuide.»

_______

17- Pédalez pour son électricité

Avec Off The Grid, chaque séance d’entraînement sportif génère de l’électricité sur le réseau de l’immeuble. Une heure d’entraînement sur un vélo produit ainsi en moyenne suffisamment d’électricité pour alimenter une ampoule LED pendant 20 heures ou charger 15 téléphones portables. L’entreprise fondée au Canada vise surtout les professionnels comme salles de sport ou les hôtels. L’application associée utilise le principe de gamification: les utilisateurs peuvent suivre leur classement et relever des défis personnalisés.

Stéphane Genoud: «L’idée est amusante, quoiqu’un peu dystopique d’imaginer devoir pédaler pour avoir de l’électricité! Ces vélos chargeurs sont de beaux gadgets mais sachant qu’une personne qui pédale une heure produit en moyenne 150 Wh au total, ce qui est très faible, l’énergie créée potentielle ne pourra jamais compenser l’énergie grise nécessaire à la production de ces vélos.»

_______

18- Promotions hôtelières ultra-personnalisées

Basée en Norvège, l’entreprise Loyall propose aux hôtels et aux restaurants de récolter les données et habitudes de leur clientèle en fonction de leurs recherches internet, des applications utilisées, des préférences alimentaires des commandes passées afin de cibler de manière individualisée chaque client. Par exemple, le client qui utilise les promotions envoyées pour son anniversaire, ouvre régulièrement Instagram, réserve toujours le service petit déjeuner mais pas le spa aura ainsi une offre individualisée.

Pascal Bourgier: «La personnalisation constitue l’avenir de l’hôtellerie. Cette entreprise a l’avantage de proposer ses services clé en main, ce qui peut être bénéfique pour les PME. Néanmoins, cette offre propose surtout une analyse des dépenses, or un tracking plus large serait encore plus pertinent même si des géants du numérique comme Google et Facebook le font déjà avec plus de moyens. Par ailleurs, en Suisse, la fidélisation de la clientèle se fait encore beaucoup par le contact direct, la création de lien humain entre gérants et clients. Attention également à utiliser ces données personnelles dans le respect du Règlement général sur la protection des données (RGPD).»

_______

19- Des vêtements antitaches, anti-plis et anti-odeurs

Lancée en 2016, l’entreprise espagnole Sepiia a mis au point une technologie à base de nanoparticules d’argent afin de développer un tissu résistant aux taches et aux plis, capable de neutraliser les odeurs indésirables. Conçue en polyester recyclé et recyclable, chaque vêtement représente une économie de 98% d’eau et de 51% de CO2 par rapport à des pièces en coton, par exemple. Sepiia fait partie du top 5 des entreprises certifiées B Corp®.

Nathalie Nyffeler: «Sepiia participe à une économie circulaire et locale, ce qui est essentiel au vu de l’impact désastreux de l’industrie du textile sur l’environnement. Cependant, je ne pense pas qu’on puisse choisir un vêtement uniquement pour des raisons fonctionnelles ou écologiques. La dimension esthétique manque. Mettre la technologie à disposition des marques pourrait s’avérer une alternative intéressante.»

_______

20- Des compléments alimentaires à base de pelures de fruits

« Upcycler » les déchets fruitiers, c’est le projet de l’entreprise chilienne Cascara Food. Aujourd’hui, près d’un tiers des ressources alimentaires sont jetées. Dans la fabrication des jus de fruits, ce sont les deux tiers du produit qui finissent à la poubelle. Or, ces déchets concentrent une grande partie des anti-oxydants du fruit. Depuis 2017, Cáscara («pelure» en espagnol) Foods récupère les ressources nutritives des pelures, pulpes et tiges rejetées lors de la transformation des fruits et fabrique des compléments alimentaires tels que des poudres solubles, des farines et des barres de céréales énergisantes.

Pascal Bourgier: «Une gestion intelligente des déchets n’est désormais plus un “nice to have” mais une obligation. Cette entreprise est un exemple inspirant d’économie circulaire et d’upcycling. Les compléments alimentaires représentent un marché très important et croissant, les produits suisses bénéficiant par ailleurs d’une image de qualité en la matière. Le risque réside dans le fait que ces parties les moins nobles du fruit deviennent plus chères face à cette demande. On pourrait imaginer un partenariat avec les grandes enseignes alimentaires comme Coop ou Migros et les restaurants professionnels.»

_______

21- Une géothermie moins invasive

Le groupe américain SLB (issu de l’entreprise centenaire Schlumberger) a mis au point la REDA Thermal, une pompe submersible électrique destinée à la géothermie. Consommant peu d’énergie, elle permet une production d’électricité économiquement viable à partir de puits géothermiques jusque-là non rentables. Elle a comme avantages d’être rapide à installer, de nécessiter peu de maintenance et de faire preuve d’une longue durée de vie.

Nasri Nahas: «Schlumberger appuie là où il faut dans son argumentaire: le fait que la construction et l’installation de la pompe elle-même consomment peu d’énergie constitue un argument imparable. Et puis, c’est un acteur bien établi, avec une certaine crédibilité. Il faudrait cependant analyser le sous-sol suisse pour dire si cette solution serait adaptée chez nous.»

_______

22- Aimanter l’encre pour mieux recycler

Des encres magnétisables imprimables facilitant le tri et le recyclage des déchets, c’est ce qu’a mis au point Magnomer, une entreprise américaine créée en 2020. Ces encres imprimables sur des emballages en plastique souple, sous forme de revêtement transparent, permettent une séparation de plus de 99% des éléments d’emballage.

Amanda Byrde: «Il existe de nombreux contenants que l’on ne peut pas recycler en Suisse aujourd’hui, car nous n’avons pas la technologie adéquate pour séparer les différents matériaux qui les constituent. La colle, celle des berlingots de thé froid par exemple, représente aussi un obstacle. Une solution comme celle de Magnomer a pleinement sa place dans le marché actuel: elle impacte ainsi tout le secteur du packaging.»

_______

23- Energie verte garantie

En Espagne, FlexiDAO crée des logiciels pour aider les utilisateurs – entreprises et particuliers – à consommer de l’électricité verte de manière transparente. L’un des outils proposés consiste en un “score d’énergie sans carbone” (CFE), pour mesurer son utilisation, ainsi qu’un calculateur en ligne permettant aux usagers d’estimer leur score individuel. Présente dans 13 pays, l’entreprise est déjà partenaire de grandes entreprises énergétiques comme Total.

Nasri Nahas: «Lorsque je participe comme juge à des concours d’innovation, je constate le grand nombre de startups du cleantech qui cherchent à verdir le sourcing de l’énergie. L’avantage que je vois dans la proposition de FlexiDAO est l’idée du feedback constant: les entreprises ont la possibilité de recevoir des rapports très détaillés sur ce qu’elles consomment comme énergie et d’où celle-ci provient. Il y a dans ce dispositif une dimension d’interactivité qui permet une amélioration croissante de ses pratiques, jusqu’à atteindre les 100% d’énergie renouvelable. Pouvoir certifier de l’origine de l’énergie consommée peut être un argument de vente et, dans certains pays, un critère pour obtenir des subventions.»

_______

24- Pollinisation sur mesure pour les agriculteurs

En fournissant aux abeilles une alimentation précise à base de molécules d’origine végétale, Beeflow aspire à accroître le rendement des cultures de près de 60%. Lancée en 2016 par deux biologistes et un économiste, la start-up argentine a développé une solution renforçant la capacité des abeilles à évoluer dans des environnements difficiles et à se concentrer sur les espèces de plantes cultivées.

Laurent Menoud: «L’idée est tout à fait pertinente au vu des défis qui attendent les apiculteurs. Je possède moi-même des ruches, je peux donc en attester! Mais du point de vue logistique, le projet est compliqué à mettre en œuvre: élever des colonies d’abeilles et les transporter demande énormément de ressources. On peut toutefois imaginer un système de franchise où de petits exploitants locaux offrent ce service dans leur zone.»

_______

Experts:

Frédéric Baetscher, directeur de Creapole à Delémont, entrepreneur et coach au sein de la plateforme d‘innovation Platinn

Pascal Bourgier, coach en développement d’entreprise chez Genilem.

Amanda Byrde, co-fondatrice de Impact Hub à Lausanne

Maurizio Caon, professeur HES et responsable du Digital Business Center à la Haute école de gestion Fribourg (HEG-FR)

Stéphane Genoud, professeur de management de l’énergie à la HES-SO Valais

Anne Headon, directrice du HUB Entrepreneuriat et Innovation de l’Université de Lausanne

Nasri Nahas, directeur du parc Biopôle de Lausanne

Laurent Menoud, coach business au sein de l’association Fri Up

Nathalie Nyffeler, responsable de la cellule Innovation et Entrepreneuriat de la Haute École d’ingénierie et de gestion du canton de Vaud (HEIG-VD)

Nadine Reichenthal, coach business à l’EPFL EssentialTech Centre et directrice de l’Entrepreneurship Laboratory de l’Université de Genève

_______

Retrouvez la deuxième partie du dossier demain.