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A la peine financièrement, l’École 42 Lausanne veut répondre à la pénurie d’informaticiens

L’école d’informatique fondée par Xavier Niel, qui fête ses deux ans, suscite un fort intérêt auprès des étudiants mais peine à boucler son budget, basé sur le mécénat.

Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans viagra and cialis combo pack.

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Dans un contexte de pénurie d’informaticiens en Suisse, l’école 42 Lausanne vient de vivre sa deuxième rentrée. «Nous avons sélectionné 210 candidats parmi les 2500 candidatures reçues pour cette nouvelle volée, soit dix de plus que prévus initialement, indique Christophe Wagnière, directeur de l’établissement. En parallèle, les 170 étudiants de la première volée vont débuter leur stages en entreprise, et ainsi déployer les premiers effets concrets de notre formation sur le marché économique.»

 

D’ici à la fin de la décennie, le pays aura besoin de 120’000 nouveaux professionnels en technologies informatiques à cause des départs à la retraite, des mouvements de population et des enjeux liés à la transformation numérique, selon la nouvelle étude sur la main-d’œuvre qualifiée réalisée par l’Institut d’études économiques de Bâle (IWSB) sur mandat de l’association ICT-Formation professionnelle Suisse. Le rapport relève que l’offre en formation actuelle et la main-d’œuvre provenant de l’immigration pourrait couvrir deux tiers des besoins estimés. Il manquerait cependant alors près de 40’000 spécialistes en technologies de l’information et de la communication.

 

Financement privé

 

L’établissement 42 Lausanne, qui compte aujourd’hui une dizaine d’employés, a fait le choix d’être entièrement financé par des mécènes privés. Il compte parmi ses partenaires des entreprises comme Qoqa, Swisscom ou Infomaniak et s’est constitué sous forme d’association à but non lucratif. L’institut lausannois fait partie du 42 Network, dont la première école a été fondée en 2013 par l’homme d’affaires français Xavier Niel et trois associés. Le réseau compte aujourd’hui une quarantaine d’établissements répartis dans plus de vingt pays à travers le monde.

 

Une inquiétude demeure pour le responsable de l’école: le bouclement du budget. «Il nous manque toujours 1,6 millions de francs sur le budget de 7,5 millions prévus pour les cinq premières années, révèle Christophe Wagnière. Ce qui nous surprend, c’est que nous avons récolté la majorité de ces fonds avant même l’ouverture de l’école.»

 

Depuis, les retours enregistrés sont très positifs, mais il reste compliqué de les convertir en soutiens concrets. «Je suis parfois étonné du discours de certains entrepreneurs que je rencontre, qui se plaignent de la difficulté à embaucher du personnel informatique, mais n’ont ni apprentis, ni stagiaires. Ils hésitent à nous apporter leur soutien, pensant que l’État va régler ce problème. Je crois au contraire que la solution à la pénurie d’informaticiens, ce sont des initiatives concrètes et complémentaires comme la nôtre.»

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Une approche inédite de la formation en informatique

 

Les écoles 42 sont gratuites, sans condition de diplôme et accessibles dès 18 ans. Autre particularité: pas de professeurs, ni d’horaires fixes. La formation se décline sur 21 niveaux séquentiels, avec d’abord un tronc commun (langage informatique, base de données, applications web, etc.), suivi d’une spécialisation et de stages en entreprises. À la clé, pas de diplôme reconnu par l’État mais «une garantie d’emploi de 100%». 

 

La pédagogie de base est mise au point à Paris, mais chaque école du réseau est libre de proposer des compléments inédits. «Nous développons aujourd’hui deux modules supplémentaires, le premier avec Infomaniak autour de l’infrastructure de développement OpenStack, le deuxième avec Romande Energie autour de la question du développement informatique durable», détaille Christophe Wagnière, directeur de 42 Lausanne.

 

La sélection des étudiants s’effectue via un test en ligne suivi de sessions de «piscine», une plongée de quatre semaines dans le monde de la programmation. «Nos critères se basent tant sur les compétences techniques que les capacités sociales, Nous choisissons des personnes capables de mener la formation au bout, adaptées à l’auto-apprentissage, mais qui savent également s’intégrer pour mener des projets en équipe.»

 

L’école accueille aujourd’hui d’une part des jeunes de 18 à 25 ans qui n’ont pas fini l’école ou abandonné leurs études supérieures en cours de route. Elles attirent d’autre part des personnes plus âgées – le doyen a 57 ans – qui veulent se reconvertir professionnellement, de manière contrainte ou anticipée. «Environ 90% de nos étudiants habitent en Suisse romande, 5% viennent de France voisine et 5% sont des Européens qui viennent s’installer en Suisse. Environ 20% d’entre eux sont des femmes.»