- Largeur.com - https://largeur.com -

Pourquoi McDonald’s vend du «café éthique» de Max Havelaar

Curieux mariage que celui de Max et de Ronald. Saviez-vous que depuis deux semaines, les clients des 140 restaurants McDonald’s en Suisse peuvent s’acheter une bonne conscience en terminant leur repas avec un café au label «fair-trade» de Max Havelaar?

Des petites pancartes ont d’ailleurs été placées sur les tables pour expliquer le projet: «Le partenariat avec Max Havelaar vous permet, à chaque café Aroma que vous dégusterez, d’apporter votre contribution à un commerce plus équitable et à l’avenir des pays en voie de développement.»

Pionnière du commerce équitable, la fondation Max Havelaar travaille depuis plus de dix ans pour offrir des débouchés commerciaux aux denrées provenant de pays désavantagés. Plusieurs magasins en ligne vendent déjà des produits estampillés du label de la fondation.

Mais cette apparition de Max Havelaar dans le temple de la restauration rapide est une première mondiale. «C’est nous qui avons pris l’initiative d’une telle collaboration parce que nous voulions miser sur la qualité et l’éthique de la production de nos cafés», explique Andrea Hemmi, chef de la communication de McDonald’s Suisse.

Une tentative de correction d’image indispensable alors que, pour la première fois dans son histoire, le géant du fast food s’est retrouvé l’an dernier dans les chiffres rouges.

Pour se distancier du symbole, devenu gênant, du rêve américain, la filiale suisse de McDo avait déjà essayé l’ancrage régional. «Dans les années 1990, nous avons lancé les Heidi Spots, et c’est la troisième année consécutive que nous organisons des semaines suisses.» Depuis les McRöstis jusqu’au McTicino, en passant par le McEmmentaler ou le McVacherin, la gamme McDo se pare de saveurs locales, joue la carte «ethno».

Didier Deriaz, chargé de l’information de Max Havelaar, reconnaît que ce nouveau partenariat peut choquer. «Mais nous avions d’excellentes raisons de l’accepter. C’est Max Havelaar qui infiltre McDonald’s et non l’inverse», dit-il, avant de préciser «qu’il faut rester prudent avec ce genre de partenaire».

Si l’expérience suisse, première du genre, est concluante, ce sont les McDonald’s de toute l’Europe qui adopteront les cafés Aroma de Max Havelaar. Une aubaine inespérée qui devrait permettre d’empêcher la disparition d’un grand nombre de producteurs du Sud qui ne reçoivent aujourd’hui que 50 cents pour la livre de café sur les marchés locaux.

«En aucun cas, il ne s’agit pour nous de jouer les alibis, de redorer le blason de McDonald’s, poursuit Didier Deriaz. Certes, par les temps qui courent, notre collaboration peu paraître paradoxale, mais nos négociations sont bien antérieures. D’ailleurs McDo est moins diabolique qu’on peut le penser.»