TECHNOPHILE

L’actualité irakienne racontée par les warblogs

Le reporter de CNN, Kevin Sites, a monté son propre site en Irak avant que la chaîne ne le remette à l’ordre. Au même moment, un mystérieux Irakien jouait au correspondant de guerre depuis Bagdad.

www.kevinsites.net: un site clair, concis, tirant parti des possibilités techniques comme la mise en ligne de photos et de contenu audio via son téléphone. Mais, dès le troisième jour de la guerre, la chaîne a préféré que le journaliste se concentre sur son travail pour elle. «On m’a demandé de suspendre mon warblog. J’espère pouvoir trouver un accord très prochainement», dit-il. Une affaire qui reste à suivre, donc.

La publication de blogs confirme l’apparition d’un tournant journalistique, ou au moins l’émergence d’une nouvelle forme de diffuser l’information, plus directe et personnelle, complémentaire aux canaux traditionnels. «Nous sommes en train de développer de nouvelles hiérarchies dans la confiance en ces nouveaux médias, de la même façon que nous l’avons fait pour les médias traditionnels», explique le journaliste Dan Gillmor du San Jose Mercury News qui a, lui aussi, créé son propre blog.

Confiance et méfiance, comme l’illustre la controverse entourant le site d’un indépendant irakien de 28 ans, Salam Pax, qui publie depuis le cœur de Bagdad, supreme suppliers cialis, un journal intime de sa vie au quotidien depuis janvier, dans l’attente des hostilités, jusqu’à cette semaine, sous les bombes. Mais comment vérifier la véracité des propos diffusés ainsi depuis la capitale irakienne? S’agit-il d’une campagne de désinformation du Gouvernement américain? Du Mossad?

«Ce blog a commencé comme une communication personnelle avec mon ami Raed, qui était parti en Jordanie, nous a expliqué Salam Pax, par e-mail. Il est de retour à Bagdad, mais le site continue.» Pour dissiper les rumeurs, un journaliste américain, Paul Boutin, a retracé techniquement les origines (adresses IP, e-mails) du bloggeur de Bagdad et en atteste la provenance.

Autre expérience originale, celle du journaliste américain Chris Albritton, qui demande aux internautes de participer à ses frais de voyage pour partir en Irak et devenir correspondant de guerre. Il connaît la situation géopolitique ayant déjà passé du temps au nord du pays, dans la zone kurde. Baptisé «Back to Irak», son blog représente une autre forme inédite d’initiative médiatique. Les contributeurs recevront en contrepartie et en exclusivité ses articles, avant la publication online. On dirait que ça marche: Chris Albritton a déjà récolté près de 10 000 dollars.

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Le mot «blog», contraction de «weblog», désigne un site web thématique géré à distance par un particulier. Les blogs doivent leur succès à l’émergence d’outils de publication dynamique simplifiant considérablement la mise à jour. Devenir éditeur de blogs est à la portée de tous et, selon l’outil choisi, quelques minutes suffisent pour avoir une présence sur l’internet. Les «warblogs» sont des blogs dont le thème principal est la guerre.

Dans le paysage anglophone, les blogs ne sont plus confinés à une communauté d’initiés, comme c’est encore le cas dans la blogosphère francophone. Des journalistes professionnels anglais et américains travaillant pour de grands médias prestigieux publient ainsi des sites en leur nom, qui apparaissent en évidence sur ceux de leur employeur, que ce soit le San Jose Mercury News ou The Guardian.

Forbes, quant à lui, a publié récemment une liste des cinq meilleurs blogs anglophones dans différentes catégories (technologie, média, économie, mais aussi warblogs). Les blogs accélèrent et concrétisent la promesse du web, qui permet facilement à chacun de devenir éditeur.

ARTICLE ECRIT EN COLLABORATION AVEC CYRIL FIEVET