cialis pbs australia

Dans les coulisses de la guerre

Le photographe russe Nikita Teryoshin s’est intéressé à la banalité souvent festive des principaux salons mondiaux de l’armement.

Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans le magazine photographique Météore.

_______

«J’ai désormais du mal à regarder certaines de mes photographies.» Nikita Teryoshin a couvert, entre 2016 et 2021, comme photojournaliste, les foires commerciales du secteur de la défense de 14 pays. «Mon travail au plus grand salon de la défense de Russie, en 2019, est quasiment devenu un document historique. Les visiteurs pouvaient observer des démonstrations de chars et des explosions depuis les tribunes. Des bombes y étaient exposées, scindées en deux, pour en montrer la composition. Cette foire était organisée en parallèle d’autres expositions sur l’armée russe, avec une église édifiée en son sein, le tout dans le “Parc patriotique” de Kubinka, près de Moscou. Cela laissait finalement entrevoir la folie qui allait suivre.» Le photographe engagé, qui a posté sur Instagram au début de l’invasion de l’Ukraine en février dernier une image de son passeport russe en feu, avec l’inscription «Not in my name», ne peut retourner dans son pays d’origine.

Distinguée en 2020 par le prix World Press Photo dans la catégorie Questions contemporaines, l’œuvre de Nikita Teryoshin baptisée Nothing Personal–the Back Office of War (en français: «Rien de personnel – les coulisses de la guerre») devrait faire bientôt l’objet d’un livre. «J’ai réduit pour l’instant ce travail a 200 photographies, mais je dois encore trouver le bon mix entre des images très spéciales et certaines plus répétitives. En effet, bien qu’elles se passent en France, aux États-Unis, en Chine, en Inde ou à Dubaï, ces foires présentent des traits communs. Les armes sont montrées d’une manière banale, comme s’il s’agissait d’un aspirateur. Il y a aussi souvent un aspect festif, avec des grands buffets de boissons et de nourriture.»

Un parti pris intéressant de Nikita Teryoshin est l’absence de visages dans son travail. «Ne pas dévoiler les visages des marchands d’armes était, d’une part, une sorte de métaphore de la face cachée de cette industrie. D’autre part, je ne voulais pas accuser des personnes en particulier, dont je ne connaissais pas les histoires individuelles, mais pointer un système. Un système dans lequel des humains vendent des armes pouvant détruire d’autres humains, ainsi qu’eux-mêmes ou leurs familles.»

Question directe : Vos photos permettent-elles de voir la guerre ?

Nikita Teryoshin : «Mes photographies montrent une perspective différente de la guerre, presque historique. Elles permettent de voir ce qui se passe avant le conflit. Les armes, les hélicoptères, les tanks montrés sur les salons peuvent ensuite être malheureusement utilisés, comme en Syrie il y a quelques années ou en Ukraine aujourd’hui.»

NIKITA TERYOSHIN, RUSSIE

Nikita Teryoshin a grandi à Saint-Pétersbourg, avant de s’installer en Allemagne, à Dortmund, où il a obtenu un Bachelor en photographie. Sur son site internet, il décrit son travail comme un mix de «street, documentary and everyday horror». Il vit aujourd’hui à Berlin.

Découvrir l’artiste tadalafil 900 mg 30 ml.