LATITUDES

Au secours! Triumph crée le slip anti-viol

Une version électronique de la ceinture de chasteté vient d’être présentée lors d’un défilé de mode à Madrid. La marque Triumph défend son projet avec le plus grand sérieux.

Quand j’ai appris que Triumph avait développé un sous-vêtement anti-viol en acier tricoté, je n’arrivais pas y croire. J’ai appelé le siège suisse à Zurzach et j’ai demandé des renseignements.

La porte parole, Helga Leistritz Wittmack, m’a confirmé la nouvelle avec le plus grand sérieux: «Triumph International a été fondé il y a 110 ans. Nous nous devons moralement d’arriver sur le marché avec des idées originales. Actuellement, nous tentons de trouver une solution au harcèlement sexuel.»




C’est Triumph Espana, la filiale espagnole du fabricant de lingerie, qui a eu l’idée de développer ce slip protecteur avec ceinture de chasteté intégrée. Le modèle en est encore au stade du prototype mais un prix a déjà été fixé: 150’000 pesetas (soit 1’500 francs suisses ou 6’000 francs français). Le premier exemplaire sorti des ateliers a été présenté récemment lors d’un défilé de mode à Madrid

«Aucune réforme et aucune loi n’est capable d’éradiquer la violence contre les femmes», observe la marque de sous-vêtements. Il s’agissait donc de trouver une solution technologique à un problème aussi vieux que le monde.

La maison de lingerie ne renie pas sa source d’inspiration médiévale. Mais si, au Moyen-Age, certains parents ou maris jaloux faisaient porter aux jeunes filles ou à leurs épouses une ceinture de chasteté pour protéger la virginité des unes et assurer la fidélité des autres, la version Triumph a une autre fonction. Elle est destinée aux femmes évoluant dans un environnement à risques, et à elles seules. D’instrument de torture, la ceinture de chasteté est devenue libératrice. La clé a changé de mains

Les dessous antiviols sont faits d’un tissu de fil d’acier tricoté de manière à offrir la plus grande élasticité. Une puce électronique et un mini haut-parleur ont été intégrés à la culotte. Triumph veut utiliser la technologie la plus sophistiquée pour «remplacer les cris vains d’une femme harcelée» par une alarme efficace.

Le sous-vêtement est ainsi doté d’une serrure dont seule la propriétaire détient la clé. Si un agresseur tente de l’ouvrir de force, l’alarme se déclenche.

A la lecture de ces spécifications techniques, soigneusement consignées dans le dossier officiel, l’esprit vacille: s’agit-il d’un gag ou d’un projet sérieux?

Si c’est une plaisanterie, une sorte coup de marketing censé rafraîchir une marque à l’image surannée, on peut douter du goût de ses initiateurs. Triumph mentionne dans son dossier que l’an dernier, 300 femmes ont déposé plainte en Espagne pour viol. Elles apprécieront l’humour de la compagnie de lingerie.

Mais s’il ne s’agit pas d’un gag, et si Triumph a développé ce slip anti-viol dans le but de le commercialiser un jour, comme le suggèrent les réponses sérieuses de la porte parole, je crois que c’est encore plus déprimant…