Dans les années 1990, le photographe Andri Pol a dressé une série de portraits de paysans suisses. Les clichés en noir et blanc sont aujourd’hui réunis dans un livre.
Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans le magazine photographique Météore.
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«Je me suis intéressé au monde agricole parce que c’était un univers que je voulais découvrir.» Pendant près de trois ans, Andri Pol est parti régulièrement à la rencontre de fermiers dans les alpages suisses. «Les fermiers ne sont pas forcément à l’aise avec la caméra. Je devais toujours prendre le temps de les rencontrer, de les apprivoiser en quelque sorte. À force de patience, certains ne remarquaient même plus ma présence.»
La photo n’est au final qu’un fragment du travail d’Andri Pol. «Chaque portrait est avant tout une rencontre. Si je n’ai que dix minutes à disposition, je préfère en passer huit à discuter et à observer, quitte à ne prendre qu’une seule photo.» Avec ses clichés en noir et blanc, Andri Pol cherche à trouver le moment qui révèle la personne. Un angle particulier, un regard, une émotion soudaine, ce sont ces courts instants qu’il immortalise. Ses photos sont publiées cette année dans le livre 24 Knechte, 5 Bauern Und 1 Hirt (ou en français «24 ouvriers agricoles, 5 agriculteurs et 1 berger») aux éditions Everyedition.
Poussé par ses souvenirs d’une enfance passée à la ferme de ses grands-parents, Andri Pol a voulu approfondir la connaissance de son propre pays. «Je suis originaire des Grisons, j’ai vécu dans le Valais et aujourd’hui à Lucerne. La Suisse est mon pays, c’est un territoire que soi-disant je comprends un peu, et qui me fascine. Il me reste énormément à découvrir ici.»
Le photographe a mené ce reportage au début des années 1990. Aujourd’hui, il constate néanmoins que les clichés sur les paysans perdurent. «Je crois que c’était plus facile à l’époque. Aujourd’hui, le clivage ville-campagne s’est exacerbé, les fermiers sont encore plus méfiants vis-à-vis des médias par crainte d’être représentés selon des préjugés.»

À propos de racines :
«Ce travail représentait une recherche sur mes racines familiales, mon héritage paysan. Mais mes racines ne sont pas une question de patrie, surtout pas de nationalisme. J’ai beaucoup déménagé dans ma vie, mes racines sont donc là où se trouvent les gens que j’aime.»
ANDRI POL, SUISSE
Né en 1961, Andri Pol a étudié le dessin avant de se consacrer à la photographie. Il travaille pour de nombreux magazines dont notamment Das Magazin ou GEO. Il a également publié de nombreux ouvrages photographiques comme Grüezi – Heidiland (éd. Kontrast, 2007), Where is Japan (éd. Steidl, 2010) ou plus récemment Inside CERN (éd. Lars Müller Publishers, 2014).
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