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Kandou Bus, future licorne suisse de l’informatique

L’entreprise vaudoise Kandou Bus révolutionne les connexions USB en permettant de transférer plus de données tout en diminuant la consommation d’énergie. Elle connaît une croissance exponentielle et prévoit de décupler son chiffre d’affaires l’an prochain.

Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans cialis soft pills.

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Rendre les puces informatiques plus efficace du point de vue énergétique, tel est le défi de Kandou Bus. Fondée sur l’Innovation Park de l’EPFL il y a dix ans par Amin Shokrollahi, professeur de mathématiques, elle a été désignée l’année dernière comme l’une des 50 entreprises les plus dynamiques d’Europe selon le rapport Tech Tour Growth 50.

En farsi, «kandou» signifie ruche. Un nom qui rappelle les origines iraniennes de son fondateur mais qui représente aussi un clin d’œil à la technologie développée par l’entreprise. «Comme les abeilles entre elles, chaque câble en aide un autre, explique Amin Shokrollahi, CEO. Notre objectif est ainsi de garantir une consommation d’énergie plus faible lors du transfert informatique de milliers de données.» Cette technologie permet par exemple aux appareils électroniques de notre quotidien de devenir plus économes en énergie.

En 2020, Kandou Bus a levé plus de 84 millions de francs lors d’un troisième tour de financement auprès d’investisseurs étrangers et suisses dont Swiss Select Opportunities ou Swisscom. Elle compte désormais130 employés à travers le monde et des bureaux sur plusieurs continents: de la Norvège, en passant par Taïwan et jusqu’aux Etats-Unis. Et cette croissance ne semble pas prête de s’arrêter.

Plus de 400 brevets déposés

Kandou Bus, c’est avant tout une histoire de persévérance. «Notre objectif a été de réussir à créer un produit prometteur, et non d’atteindre des chiffres de ventes colossaux dès le début, précise Amin Shokrollahi. C’est pourquoi il a été important d’avoir les bons investisseurs: s’ils avaient tout de suite mis la pression pour augmenter les ventes, nous n’aurions pas été capables de développer des produits et des solutions d’une telle qualité.»

A ses débuts en 2011, l’entreprise élabore des solutions technologiques pour lesquelles elle dépose une série de brevets. Une stratégie audacieuse qui ne porte toutefois pas directement ses fruits. Mais cinq ans après sa création, le business de Kandou Bus prend son envol avec son premier client, Marvell Technology Group. Cette société d’informatique basée en Californie achète une licence permettant d’améliorer le rendement de ses propres puces informatiques. Aujourd’hui, ce sont plus de 400 brevets qui ont été déposés. «Le nombre de brevets détenus par Kandou bus montre la force de sa technologie aux yeux des investisseurs», analyse Lara Rossi, responsable communication pour Innovaud, l’agence de promotion de l’innovation et de l’investissement du canton de Vaud. A ce jour, les principaux clients de l’entreprise sont actifs dans différents secteurs comme l’informatique mais aussi la technologie satellite ou encore la gestion de centres de données.

Grâce à sa dernière levée de fonds en 2020, Kandou Bus élève son capital à près de 130 millions de francs. Une somme qui lui permet d’investir dans le prochain lancement d’une puce en silicium dénommée «Matterhorn». Développée depuis 2017, cette puce est une composante essentielle des premières prises USB-C, ces connecteurs que l’on retrouve sur de nombreux appareils électroniques. Ils fournissent données et énergie aux périphériques informatiques et sont destinés à remplacer toutes les versions USB précédentes, en accord avec la nouvelle norme dite «USB4». Du côté des fabricants de matériel électronique, la demande pour des puces telles que «Matterhorn», nécessaires au fonctionnement de toute prise USB-C, s’annonce déjà colossale. «Avec le lancement de Mattherhorn, on prévoit de décupler notre chiffre d’affaires pour l’année prochaine, puis d’atteindre plus de 200 millions de dollars les années suivantes», soutient Amin Shokrollahi.

Une technologie unique

Avec sa technologie «Mattherhorn», Kandou Bus prévoit de diminuer le coût énergétique d’une puce électronique de moitié. L’entreprise maîtrise ainsi une technologie complexe: celle du transfert de données à haut débit et basse consommation d’énergie. «Pour les dix à quinze prochaines années, nous prévoyons de réduire la consommation des centres de données d’au moins 50%, explique Amin Shokrollahi. Nous allons donc repenser les serveurs dans leur architecture, de manière à sauvegarder le plus d’énergie possible.»

Kandou Bus s’assure ainsi une place sur le marché de demain, destiné à être moins gourmand en énergie. «Aujourd’hui, nos vies s’organisent autour du transfert de données à un niveau informatique, explique Alberto Dassatti, professeur à la Haute école d’ingénierie et de gestion du canton de Vaud (HEIG-VD). Au vu des dépenses énergétiques qui ne cessent d’augmenter, il faut se tourner vers d’autres solutions. Toute technologie capable de réduire ces dépenses est donc vraiment intéressante.»

Pour de nombreux observateurs dont Innovaud, l’entreprise se profile comme une future licorne suisse, à savoir une entreprise valorisée à plus d’un milliard de dollars. Et ce statut est rare: la Suisse dénombre seulement cinq licornes selon la plateforme d’analyse CB Insight qui estime à près de 670 le nombre total de licornes dans le monde. «La technologie que propose Kandou Bus est non seulement innovante, mais aussi unique, explique Lara Rossi. L’entreprise a su attirer des investisseurs reconnus comme en atteste sa dernière levée de fonds. Elle a tout ce qu’il faut pour devenir la prochaine licorne de l’Arc lémanique.»

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Né en 1964 à Téhéran en Iran, Amin Shokrollahi est issu d’une famille qui a le goût des mathématiques. Ce sont ses deux oncles, eux-mêmes professeurs de maths, qui lui enseignent la matière à un très jeune âge. «Ils ont pensé que j’avais du talent et ils m’ont encouragé dans cette direction», se souvient l’entrepreneur. Des études qu’il poursuivra à un niveau universitaire en Allemagne, entre Karlsruhe et Bonn, mais également aux Etats-Unis à l’Université de Berkeley. Il emménage en Suisse en 2003 pour enseigner à l’EPFL.