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Lausanne au balcon

Le photographe Marko Stevic a immortalisé les habitants durant le semi-confinement dans un livre original et frais, «Be my Quarantine», à conserver comme un morceau d’histoire.

Un mois après la Saint-Valentin 2020, la Suisse, submergée à son tour par la première vague de Covid-19, plonge dans le semi-confinement. Partout, les rues se vident, les habitants partagent, d’un immeuble à l’autre, cette nouvelle réalité. Un épisode inédit dont témoigne le Lausannois Marko Stevic à travers un magnifique premier recueil d’images de ses concitoyens fixant son objectif depuis leur domicile. «L’idée m’est venue en voyant tant de gens sur leur balcon, devenu le seul moyen d’évasion», confie le jeune homme diplômé de l’École cantonale d’art de Lausanne. Il commence alors à photographier ses amis et connaissances dans tous les quartiers de la ville, illustrant en filigrane sa richesse architecturale.

Be my Quarantine, détournement de «Be my Valentine», plonge comme en apnée dans le quotidien de ces confinés, anonymes ou célèbres, tous compagnons de «quarantaine», sans avoir à franchir leur porte. Les visages, souvent souriants, contrastent avec la gravité de la crise: «Mon travail montre que, même dans une situation négative, on trouve du positif.» À l’image de ce diptyque d’une danseuse du Béjart Ballet Lausanne, contrainte de s’entraîner extra-muros et immortalisée en plein saut, comme une ode à la liberté. «Sans le confinement, je n’aurais jamais assisté à ces scènes magiques, ni fait sa connaissance, remarque l’artiste. Ces photos ont été prises en contrechamp, cette fois-ci, depuis ma fenêtre.»

L’ouvrage se savoure de bout en bout, tant pour la qualité de ses séries que pour la fraîcheur des textes courts signés Caroline Stevan. Avec toujours l’humain au centre, les histoires dans l’Histoire: le cliché d’un couple sur le point de devenir parents est suivi de celui de ce même couple de retour sur son balcon avec son nouveau-né Noam.

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Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans The Lausanner (no7).