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La voiture favorise l’obésité, c’est prouvé

Après huit ans d’études, des chercheurs américains et chinois l’affirment: la dépendance à des formes motorisées de transports contribue à l’épidémie universelle d’obésité.

A la veille du dimanche sans voiture organisé dans quelque 70 communes suisses, laissons à d’autres le soin de disserter sur les problèmes de trafic, de pollution, de réchauffement de la planète et de développement durable. Plus égoïstement, penchons-nous sur la relation entre le moyen de transport et la corpulence.

Cette relation méritait d’être analysée. C’est aujourd’hui chose faite, grâce à un détour par la Chine.

Les Chinois sont en train d’abandonner leur vélo pour la voiture, alors même que les Occidentaux semblent découvrir les avantages des déplacements sur deux roues ou deux pieds. Une inversion de tendance qu’a analysée une équipe de chercheurs américains et chinois. Leurs premiers résultats viennent d’être publiés dans la revue «cialis pbs australia» (volume 10, numéro 4).

«La route vers l’obésité ou le sentier de la prévention: transports motorisés et obésité en Chine»: tel est le titre de l’étude menée sous la direction de Colin Bell, par le Département de nutrition de l’Université de Caroline du Nord et l’Académie de médecine préventive de Pékin.

Laissons aux auteurs le soin d’en définir l’objectif: «La dépendance à des formes motorisées de transports pourrait contribuer à l’épidémie universelle d’obésité. Or les changements se produisant en Chine procurent une occasion idéale d’étudier l’association entre possession d’un véhicule à moteur et obésité. Notre objectif a donc consisté à voir si les deux phénomènes peuvent être mis en relation.»

De 1989 à 1997, un groupe de 2485 adultes âgés de 20 à 25 ans au début de l’étude ont été suivis pour mesurer l’impact de l’acquisition d’une voiture sur les risques d’obésité. Durant cette période, 14% des ménages chinois ont acquis une automobile.

A la fin de l’étude, 84% des adultes ne possédaient toujours pas de moyen de transport à moteur. Ce statut leur a valu un tour de taille significativement inférieure à celui des automobilistes, nous apprend l’étude.

Durant cette période de huit ans, le pourcentage d’obèses a augmenté de 18% parmi la population masculine devenue motorisée. Ces nouveaux automobilistes ont engraissé de 2,2 kilos (le poids moyen d’un Chinois est de 57,9 kilos) et courent désormais deux fois plus de risques de devenir obèses.

En revanche, les personnes qui ont fait l’acquisition d’un vélo ont un risque trois fois inférieur de devenir obèse, par rapport à la population qui, elle, n’a pas changé de véhicule.

Pas besoin d’être savant pour expliquer ces chiffres. La motorisation contribue à l’obésité en remplaçant une forme active de transport – le vélo ou la marche – par une forme passive.

Dans leur conclusion, les chercheurs estiment que l’accroissement de la dépendance à l’automobile ne doit pas être considéré comme une conséquence inévitable du développement économique.

La Chine a l’opportunité de développer ses moyens de transports traditionnels non motorisés dans une perspective de stratégie préventive de l’obésité. Au contraire des Etats-Unis et d’autres pays occidentaux, qui font des efforts considérables pour précisément recréer le type de transport qui prévaut aujourd’hui encore en Chine…

A ma connaissance, il s’agit là de la première étude établissant une corrélation entre transport motorisé et poids des usagés. Généralement, le moyen de transport est mentionné dans la littérature médicale comme un obstacle pour la mise en œuvre de programmes d’incitation à davantage de mobilité, mais pas comme un facteur de risque indépendant pour l’obésité.

Nous connaissions déjà les nombreux avantages économiques et environnementaux à limiter notre dépendance à l’automobile. Les données nouvelles de cette publication suggèrent qu’il y a également des avantages en termes de santé publique.

Les initiateurs des dimanches sans voitures l’avaient sans doute deviné. Ainsi, ce week end, à Genève, une attention toute particulière sera portée au lien étroit entre écomobilité et santé.