Les mobiles sont devenus des supports musicaux. Pour obtenir sa part d’un marché annuel estimé à un milliard d’euros, l’industrie du disque prépare sa riposte.
Le phénomène a commencé en juillet 1999, quand James Winsoar a ouvert son site, le premier du genre. Ce Britannique de 23 ans avait remarqué que son mobile comportait une fonction permettant d’intégrer de nouvelles sonneries (ringtones). Il décida d’en faire un commerce.
Aujourd’hui, plus de 1’400 sites proposent le même service et offrent tous les genres de musique, depuis les airs de jazz jusqu’aux hymnes nationaux en passant par les derniers tubes FM et les bandes sonores de feuilletons ou de jeux vidéo.
Le chanteur Boy George a même composé une sonnerie originale intitulée «Sonic Trigger Ringtone» pour l’opérateur Vodafone.
En Finlande, le groupe féminin Nylon Beat a sorti son tube «Not Guilty» en sonnerie téléhargeable avant même la publication sur CD. Ce «teaser», qui a passé sur les ondes des radios, s’est révélé si efficace que le titre s’est retrouvé numéro 1 le tout premier jour de sa mise en vente.
Dans toute la Scandinavie, les sonneries sont devenues si populaires que la plupart des groupes sortent maintenant leurs chansons en cinq formats: CD, cassette, vidéo, MP3 et … ringtone.
Mais le tableau général est moins idyllique. Le téléchargement de sonneries occasionnerait des pertes de près d’un millions d’euros par jour à l’industrie du disque, selon les analystes chez Envisional, une société britannique de logiciels spécialisée dans la protection des droits d’auteur.
L’an passé, le groupe EMI a été le premier à intenter une action en justice contre YourMobile.com, un site qui proposait des sonneries à télécharger gratuitement provenant de leurs artistes. EMI réclame 45 millions d’euros en dommages et intérêts.
Certains fournisseurs de sonneries contestent les revendications de l’industrie du disque, mais déjà, des alliances se forment entre les différents acteurs du secteur (comme EMI et Cartoon Network, EMI et Musiwave, BMG et Musiwave) pour le licenciement de technologies et de droits d’auteur.
L’agence Harry Fox, qui représente près de 30’000 éditeurs de musique et 160’000 compositeurs, a créé l’an passé un programme spécial pour le licenciement de sonneries. Un marché estimé à près d’un milliard d’euros pour 2001, mais qui ne devrait pas connaître de croissance notable en 2002.
Selon Gilles Babinet, PDG de Musiwave, «le manque de croissance du marché s’explique par un effet déceptif dû principalement aux services audiotels, qui annoncent des sonneries pour 1 à 2 euros, et en réalité en facturent 5, retenant les intéressés au bout du fil pour faire tourner le compteur.»
Mais le service s’améliore. Jusqu’à récemment, les sonneries étaient monophoniques, reproduisant une seule note à la fois. Les mouveaux modèles de téléphones compatibles SP MIDI permettent de reproduire 16 notes simultanément, avec sons et instruments différents. Les fichiers SP MIDI, trop lourds, ne sont pas transmis par SMS comme les sonneries d’aujourd’hui, mais par le biais du WAP.
Prochaine étape, la technologie MusiTones TM, développée par Musiwave et permettant d’utiliser de la «vraie musique» en guise de sonnerie. Cette innovation a intéressé BMG, la filiale du groupe allemand Bertelsmann, avec qui Musiwave a conclu un partenariat. BMG disposera ainsi d’un mode alternatif pour la distribution et la promotion de sa musique et, selon Gilles Babinet, «un moyen pour récupérer les droits d’auteur».
MusiTonesTM est déjà disponible auprès de plusieurs opérateurs européens comme One2One en Angleterre, D1, Vizzavi et Quam en Allemagne, Orange en France, Telefonica Moviles en Espagne et Optimus au Portugal.
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Quelques sites qui proposent des sonneries pour la Suisse: