- Largeur.com - https://largeur.com -

«Présentiel» et les autres mots de juillet

Le langage révèle l’époque. Notre chroniqueuse s’interroge ce mois-ci sur l’usage des termes «présentiel», «surconfiance» et «ombre».

Présentiel

Il n’y a pas si longtemps, le mode «présentiel» était la norme, à tel point que l’expression n’existait pas. Mais avec l’arrivée du virtuel, les communications à distance se sont multipliées et on a pu croire qu’elles remplaceraient les échanges directs. On se rend compte aujourd’hui que ce n’est pas le cas.

Pendant les semaines de confinement, les communications à distance se sont déployées dans quantités de domaines: le télétravail, les vidéoconférences, les contacts familiaux, les concerts, les visites de musées, les cours de sport, et même le tourisme.

D’abord encensé, car permettant de tout faire à partir de son canapé, ce mode de communication a rapidement généré une forme de saturation. D’où l’actuelle aspiration au présentiel. Un des ingrédients clés du retour à l’«avant», à «la normalité», pourrait-on croire.

Sans sous-estimer les services précieux rendus par les échanges à distance, le regard porté sur le mode présentiel s’est transformé. Expérience faite de sa privation, il est perçu désormais comme une dimension indispensable dans les interactions humaines.

 

Surconfiance

En ces temps de débats autour d’un virus, on entend régulièrement sur les ondes, à la télévision ou sur les réseaux sociaux des expressions telles que: «je ne suis pas médecin (ou épidémiologiste ou virologue) mais je pense que… ». Les incompétents semblent étrangement sûrs de leurs hypothèses.

Alors même que les vrais experts admettent leurs doutes, les ignorants assènent leurs vérités avec beaucoup d’aplomb. Ce comportement a un nom: syndrome de Dunning-Kruger. Les psychologues américains David Dunning et Justin Kruger ont en effet décrit, en 1999, ce biais cognitif. Ils ont établi que l’ignorance est plus souvent source de confiance que la connaissance.

Une personne incompétente tend à surestimer son niveau de compétence et ne parvient pas à reconnaître la compétence de ceux qui la possèdent véritablement. Elle n’est pas suffisamment compétente pour parvenir à se rendre compte de son degré d’incompétence.

Pour ne pas tomber dans ce piège de la surconfiance, j’achève ici mes propos relatifs à un sujet psychologique hors de mon spectre de compétence et me rue sur la lecture de «Quand est-ce qu’on biaise?» .

 

Ombre

Pendant la canicule, les riches bénéficient de zones ombragées alors que les pauvres doivent se coltiner une chaleur d’enfer. L’ombre peut être un marqueur d’inégalité sociale, il devient un luxe. Une telle observation a été faite à Los Angeles où d’immenses arbres se trouvaient à Bel-Air et Beverly Hills, alors même que les quartiers pauvres du sud en étaient dépourvus. Les autorités ont décidé d’y remédier en plantant 90 000 arbres et des voiles d’ombrage autour de 750 arrêts de bus.

«Peut-être que nous ne l’avions pas pensé ainsi, mais l’ombre est une question d’équité», a déclaré le maire de la Cité des Anges dans le quotidien de la ville californienne cialis uk cost.

Cette disparité californienne de la localisation de l’ombre se retrouve-t-elle à Paris, Zurich, Genève ou Lausanne? Ces villes se montrent sensibles à la problématique des arbres à l’heure du réchauffement climatique.

Ainsi, en ville de Genève, tout arbre abattu est désormais remplacé par trois nouveaux. Une mesure de compensation qui vise à augmenter la couverture arborée du territoire municipal. S’inquiétera-t-on, au moment de leur implantation, de corriger une éventuelle disparité de leur répartition actuelle pour ne pas aggraver l’ombrage porté aux pauvres?