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Investir dans le football, un jeu aussi excitant (et incertain) qu’un match

Une vingtaine de clubs de football sont aujourd’hui cotés en bourse. Un nombre en baisse depuis quelques années, qui s’explique notamment par l’addition de facteurs qui influencent le cours de leurs actions.

Alors que la nouvelle édition de la Ligue des Champions vient de débuter, certains supporters tremblent plus que d’autres devant leur écran de télévision. Pour marquer leur soutien, ils n’hésitent pas à acheter des actions de leur club favori.

Olympique Lyonnais, Borussia Dortmund, Juventus de Turin… On compte aujourd’hui une vingtaine de clubs cotés en bourse. Regroupés sous l’indice Stoxx Europe Football (voir encadré), leurs actions fluctuent au gré des résultats. Ces derniers influent d’ailleurs directement leur cotation, comme conclut l’étude d’économistes anglais qui ont analysé la performance boursière de clubs par rapport avec leurs exploits sportifs*.

L’action d’un club augmente en moyenne de 0,53% le lendemain d’une victoire, et de 0,88% dans les trois jours qui suivent, selon l’analyse des données issues du championnat anglais sur une période de vingt ans. A l’inverse, les chercheurs ont constaté que l’action baisse de 0,24% le lendemain d’une défaite, une proportion qui atteint même 1,01% en moyenne dans les 72 heures.

 

Clubs de seconde zone

Après Tottenham en 1983, première entrée en bourse d’un club de football, les cotations se sont multipliées jusqu’à la fin des années 1990. Mais elles connaissent un recul depuis quelques années. «On ne compte aujourd’hui que peu d’équipes de premier plan sur la vingtaine de clubs européens cotés, explique Pierre Rondeau, expert en économie du sport et journaliste sur RMC Sport. Il s’agit souvent d’équipes qui évoluent en Europa League ou sont tout simplement absentes des compétitions européennes.»

Cela s’explique par l’explosion des droits télévisés et des contrats publicitaires qui ont bouleversé l’économie footballistique. L’an dernier, les trois clubs les plus riches – Real Madrid, Manchester United (voir encadré) et Barcelone – ont engrangé des revenus combinés de 2,1 milliards d’euros, soit 95% des revenus additionnés des vingt clubs les plus riches en l’an 2000, selon le rapport «Football Money League» réalisé par le cabinet Deloitte. «Les formations prestigieuses bénéficient de revenus colossaux issus des droits TV, du sponsoring ou de produits dérivés. Résultat: ils sont gérés de manière auto-suffisante et n’ont plus besoin des largesses de la bourse.»

Marché volatil

Ces données en tête, l’investissement dans un club de football peut-il s’avérer judicieux? «C’est un placement boursier plutôt risqué en raison de la volatilité du marché», estime Pierre Rondeau. Ainsi, l’étude anglaise précitée a constaté que les cours des actions de clubs de football fluctuent de manière particulièrement marquée lors des deux dernières journées de championnat, au moment où se dessine une qualification pour une lucrative place européenne ou une possible relégation.

La «glorieuse incertitude» qui règne sur la pelouse – et qui fait tout l’intérêt de ce sport – se reflète également au niveau de la cotation. Et l’expert de citer le cas de la Juventus de Turin: «Ce printemps, l’action de la Juve a bondi de plus de 55% quand le club s’est retrouvé opposé à l’Ajax Amsterdam lors des quarts de finale de la Champions League. Tout le monde jugeait qu’il s’agissait d’un bon tirage au sort. Les jours qui ont suivi l’élimination de l’équipe italienne, le cours de l’action a ensuite chuté de plus de 25%.» A l’inverse, le parcours européen honorable de l’Ajax a fait monter l’action à des hauteurs historiques.

Ce qui passe en dehors du terrain a aussi son importance: rumeurs de transfert, limogeage d’entraîneur, scandales… «L’annonce de la signature de Cristiano Ronaldo à Turin en 2018 a provoqué une véritable envolée de l’action du club. Mais celle-ci a connu un fort recul suite à l’accusation de viol portée à Las Vegas contre la star portugaise.» Ainsi, l’investisseur est avisé de suivre de près aussi bien l’actualité sportive qu’extra-sportive. «Il s’agit finalement d’un bon moyen pour un supporter de renforcer l’attachement qu’il éprouve envers son club.»

cialis price in lebanon Pour les investisseurs tentés par l’aventure footballistique, il existe aussi des produits structurés. Ainsi, la banque en ligne Swissquote émet un certificat consacré à «la fièvre du football», avec une performance de 23,4% sur un an. Il se compose de divers produits financiers liés au domaine: actions de clubs (Borussia Dortmund, AS Rome), mais aussi sponsors (McDonald’s, Hisense, Coca-Cola) ou équipementiers (Adidas). Une manière de diminuer les aléas de la compétition.

*«Information salience, investor sentiment, and stock returns: The case of British soccer betting»

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L’indice Stoxx Europe Football

Allemagne: Borussia Dortmund
Danemark: AGF Århus / Aalborg Boldspilklub / Brøndby IF / FC Copenhague / Silkeborg IF
France: Olympique Lyonnais
Italie: AS Roma / Juventus Football Club / SS Lazio
Macédoine: FK Teteks
Pays-Bas: Ajax Amsterdam
Portugal: FC Porto / Sporting Portugal / Benfica
Pologne: Ruch Chorzów
Royaume-Uni: Celtic Football Club
Suède: AIK Fotboll
Turquie: Besiktas / Fenerbahçe SK / Galatasaray SK / Trabzonspor

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Entrée et sortie de bourse: le cas Manchester United

C’est le club de football anglais au palmarès le plus étoffé: vingt championnats d’Angleterre, douze Coupes d’Angleterre, cinq Coupes de la Ligue anglaise, mais aussi trois Ligues des Champions, une Coupe des Coupe, une Ligue Europa, une Supercoupe de l’UEFA, une Coupe intercontinentale et une Coupe du monde des clubs…

L’équipe qui a ses quartiers dans le stade d’Old Trafford a fait son entrée sur les marchés boursiers anglaise en 1991, avec une valorisation équivalent à 65 millions d’euros. Au début des années 2000, l’homme d’affaires new-yorkais Malcolm Glazer rachète le club via une offre publique d’achat qui valorise alors le club à près de 1,1 milliard d’euros (soit près de 17 fois la valeur initiale). «C’est probablement le cas de figure le plus intéressant pour un petit actionnaire puisqu’il bénéfice d’une offre de rachat supérieure à la valeur du marché», souligne Pierre Rondeau, expert en économie du sport et journaliste chez RMC Sport.

Lourdement endetté en raison du montage financier employé par Malcolm Glazer et ses associés pour prendre le contrôle du club, Manchester United a fait une nouvelle entrée en bourse en 2012 à New York, permettant de lever 186 millions d’euros. Il est aujourd’hui l’une des formations les plus riches du monde, avec des revenus estimés à 666 millions d’euros pour la saison 2017/2018, selon le cabinet Deloitte.

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Une version de cet article réalisé par LargeNetwork est parue dans le magazine Bilan.