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Les hommes des sapins

À la veille de Noël, rencontre avec les Vaudois Rémy Merminod, vendeur de sapins depuis plus d’un demi-siècle, et Jean-François Jaquier, pépiniériste.

Avant d’être enroulés de guirlandes, les sapins vendus sur le marché de Lausanne par Rémy Merminod profitent de l’air estival dans la Broye, où ils sont cultivés par Jean-François Jaquier. Interview croisée.

À quand remontent vos débuts au marché de Lausanne?

Rémy Merminod: J’ai commencé à vendre des sapins à la place de la Riponne en 1968, à l’âge de 20 ans. D’abord avec mon frère, je me suis ensuite lancé seul. Je vendais mes arbres en parallèle à mon activité principale de policier à Renens. J’ai obtenu l’autorisation d’exercer cette deuxième activité jusqu’à ma retraite. Aujourd’hui, il n’existe que deux marchands de sapins à Lausanne.

Qu’est-ce qui vous plaît tant dans cette activité?

RM: Avant d’être policier, j’exerçais comme bûcheron. J’aimais le travail en forêt, mais j’ai dû arrêter à cause d’un problème au dos. Je suis resté cependant particulièrement attaché à la nature.

Jean-François Jaquier: De mon côté, j’ai grandi avec les sapins. Ma famille en cultive depuis plus de cent ans. J’ai été agriculteur tout en reprenant, avec mon frère, l’entreprise familiale. Aujourd’hui, je suis retraité mais tant que je serai en bonne santé, je continuerai à m’occuper des sapins.

Quelles espèces vendez-vous à la Riponne?

RM: Principalement du Nordmann, car il a la particularité de sécher moins vite et qu’il ne perd pas ses aiguilles. J’ai aussi des sapins blancs et des Nobilis avec des teintes bleutées à l’odeur d’eucalyptus. Tous les arbres vendus ont entre 5 et 20 ans. Pour calculer l’âge d’un sapin, il suffit de compter les couronnes, c’est-à-dire les étages de branches, qui correspondent à une année.

Jean-François, comment travaillez-vous?

JFJ: Ma culture dans la Broye est pratiquement biologique, sans traitement contre les mauvaises herbes. Je n’utilise aucun engrais car le sapin doit pousser lentement pour avoir une belle forme. Nous n’arrachons pas la souche après la coupe. Un sapin peut repousser sur le même tronc trois ou quatre fois.

Combien de temps un sapin coupé peut-il tenir?

RM: Facilement jusqu’au début du mois de janvier, à condition de mettre de l’eau sous le sapin et de ne pas en retirer l’écorce pour éviter qu’il sèche. Il faut aussi le garder sur le balcon jusqu’au jour où on va le garnir.

Pour vous, à quoi ressemble le sapin de Noël idéal?

JFJ: Je prends toujours un Nobilis. Je trouve cette espèce magnifique car les sapins sont épais, légèrement bleutés et dégagent une essence qui me plaît.

RM: De mon côté, je choisis un Nordmann. Pour mes enfants, un sapin, c’était important. Pour mes petits-enfants aussi. On ne peut pas remplacer l’odeur d’un vrai sapin ! Même si certains leur trouvent toujours un petit défaut, je leur dis: «Un vrai sapin est comme nous: il n’est pas parfait!»

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Une version de cet article réalisé par LargeNetwork est parue dans The Lausanner (no4).