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18. Où l’on entrevoit pour le lecteur, mais surtout pour le commandant Moritz, le début des ennuis

Dix-huitième épisode de notre feuilleton de politique-fiction. Ce récit présente le scénario catastrophe auquel le Forum de Davos a échappé de justesse en délocalisant sa prochaine édition à New York.

Dans la nuit qui précède le Forum de Davos, chacun se prépare. D’une part, Max, conférencier invité se retrouve au lit avec la directrice de son hôtel. D’autre part, le jeune Japonais Tsutsui monte au-dessus de la station pour s’attaquer à un relais de téléphonie mobile.
Ce fils putatif de Max, construit dans la nuit un mystérieux bonhomme de neige Et pendant ce temps-là, le commandant Moritz surveille aussi bien les invités que les non-invités qu’il repère jusque dans les neiges. Lire ici le début du récit.

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Chapitre 18.

Oui, c’est vrai, le passe-montagne noir est devenu très médiatique. Sur celui des opposants on trouve, brodé sur le devant, le logo de la station.

Le A de Davos forme un triangle bleu comme le ciel et le O un rond jaune comme le soleil. Mais ce O est pourvu d’une mèche qui en fait une bombe d’anarchiste. Le logo détourné est pourvu d’une légende explicite: Wipe out WEF. On peut acheter ce gag de mauvais goût dans les boutiques alternatives.

– Oui, mais le type qui porte ce passe-montagne, tu n’as peut-être pas remarqué, chef… Si tu regardes bien, c’est un de ceux que tu appelles leaders informels.

Comme si le commandant Moritz devait avoir en tête le portrait de chacun de ceux qui se sentent appelés à troubler le bon déroulement du Forum. Et bien, le jeune leader informel, lui non plus, ne peut pas dormir. Il est allé prendre l’air avant sa manif.

– Non, chef, excuse-moi de te contredire, mais il s’agit du seul leader informel dont tu voulais toi-même qu’on s’occupe. Si tu regardes bien. Sur la troisième prise de vue. Tu reconnaîtras. Voilà, zoom sur la tête du Japonais. Mirafiori Tsutsui.

Bon, Ruth n’a vraiment pas envie de laisser le commandant Moritz aller se reposer. Elle sait se montrer coriace quand on ne la prend pas au sérieux. Mais que disent les spécialistes de l’identification. Est-ce du cent pour cent?

– Non chef, mais presque, on a pris une marge. Le service ID dit que toutes les pièces de vêtements sont concordantes.

Admettons qu’il s’agisse de ce type-là. Normal qu’il ne dorme pas. Avec ce nom à coucher dehors. Et qu’est-ce qu’il ferait d’autre que de prendre l’air? Il est victime du décalage horaire.

– C’est que voilà. Tu as demandé, chef, pourquoi on a mis l’infrarouge sur un téléski. Loin du sommet, juste au-dessous de l’arrête où on s’élance – enfin quand on fait du parapente -, là il y a un relais de télécom. Un relais de priorité maximum.

Le commandant Moritz commence à comprendre, il entrevoit le début, le tout début des ennuis que prépare cette longue nuit face aux écrans.

On dit à ses troupes de ne pas s’énerver, mais on est le premier à s’y laisser prendre.

(A suivre)

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Jusqu’au 30 janvier 2002, les épisodes de «Davos Terminus» sont publiés sur Largeur.com chaque lundi, mercredi et vendredi. Lire ici le dix-neuvième épisode.

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A la même cadence, «Davos Terminus» est publié en traduction anglaise par nos confrères new-yorkais d’Autonomedia.org et en allemand sur le site zurichois Paranoiacity.ch.