On l’avait presque oublié, ce fameux projet mijoté par les éminences économiques et médiatiques du pays. Swissup a pris du retard, mais a été finalement lancé hier jeudi à Zurich.
Vous vous souvenez peut-être, le projet initial – il y a un peu plus d’un an – consistait à créer un magazine en ligne s’adressant à tous les publics, contenant chaque jour des articles pointus ainsi que des débats interactifs. «Un outil pour informer sur la nouvelle économie au sens large, un magazine de vulgarisation qui ciblera tous les publics», expliquait alors le journaliste Jacques Pilet, approché par son ami Daniel Borel, patron de Logitech, pour coacher le projet.
Le site Swissup.com lancé hier s’est éloigné de l’objectif premier pour parler essentiellement d’éducation. «Nous avions visé trop grand au début, explique Madeleine von Holzen, directrice de la startup. Le thème de l’éducation était déjà présent, mais nous avions aussi l’ambition de créer des liens entre les créateurs de startups et les investisseurs. D’autres se sont lancés dans ce créneau, et la bulle internet a éclaté. Nous avons donc décidé de nous centrer sur la formation, car il y a une lacune très importante d’outils et d’informations dans ce secteur.»
En investissant dans Swissup, Daniel Borel veut ainsi montrer concrètement sa reconnaissance pour le système éducatif suisse qui lui a permis – grâce à une bourse – d’aller poursuivre son cursus aux Etats-Unis, puis de fonder le numéro un mondial de la souris, et de devenir ainsi plus tard multimilionnaire en dollars (et d’acheter notamment une Alfa 156 V6 24 soupapes qu’il conduit particulièrement vite).
Mais revenons à Swissup, qui propose donc en exclusivité mondiale le premier classement des universités suisses. On y découvre que l’Université de Genève est la plus cotée pour les sciences sociales et Fribourg pour le droit (sans surprise). Que les étudiants romands sortent plus vite de la fac que les alémaniques. Ou que les étudiants sont plus heureux dans les petites unis (Fribourg et Neuchâtel) que les grandes. L’interface élégante permet à l’internaute de fabriquer lui-même son classement, sous la rubrique «my ranking», en fonction de ses propres critères d’évaluation.
«Il nous a fallu un an pour mettre en place ce classement ambitieux, détaille Madeleine von Holzen. Nous avons travaillé avec des spécialistes indépendants suisses et étrangers pour garantir l’impartialité des traitements.»
En marge de ce «ranking», le site propose chaque jour des articles – traduits en français allemand et anglais – ainsi que des débats liés à la formation. La rédactrice en cheffe assure qu’elle bénéficie d’une «indépendance rédactionnelle totale» et que Swissup sera donc libre de prendre position sur les grands thèmes. L’entreprise est financée par des donations de particuliers ou de grands groupes, dont le Credit Suisse, la Fondation Famille Sandoz, Novartis, Nestlé, Logitech ou PubliGroupe.
Disposant ainsi d’un budget de 1 million de francs suisses par année, cette confortable startup emploie 5 personnes, essentiellement à Genève, ainsi qu’un réseau de collaborateurs extérieurs. A terme, la société devra s’autofinancer, mais cela ne semble pas une priorité pour le réseau de donateurs aux poches profondes. «Nous allons proposer aux entreprises d’afficher des profils et des annonces de recherche d’emploi sur le site contre paiement», dit tout de même Madeleine von Holzen.