Près de trente ans après l’affaire du Watergate, l’espionnage par micro caché est à la portée de n’importe quel amateur. Il suffit de posséder un téléphone mobile équipé d’une oreillette «mains libres».
Avec un tel accessoire, l’appareil peut être programmé de manière à se déclencher automatiquement après quelques sonneries. Cela permet aux conducteurs de répondre sans lâcher le volant. Mais d’autres usages, plus discrets, peuvent alimenter la curiosité d’apprentis espions. Ou d’amants jaloux, comme ce Genevois de 28 ans qu’on appellera Bertrand.
Depuis plusieurs semaines, Bertrand soupçonnait sa compagne d’avoir une liaison avec un autre homme. Il voulait en avoir le cœur net. «J’avais remarqué que mon mobile pouvait se déclencher automatiquement quand l’oreillette était branchée, raconte-t-il. J’ai eu l’idée de l’utiliser pour espionner ma copine. Je l’ai programmé en mode «silencieux» et je l’ai planqué dans le vestibule. J’a appelé plusieurs fois par jour, pendant une semaine. Les communications s’établissaient sans problème. Elle ne s’apercevait de rien, et moi, j’entendais ce qui se passait dans son appartement. C’était comme une drogue.»
«Le son n’était pas terrible, reconnaît-il, mais suffisant pour que je sache si elle était bien seule. Un jour, j’ai appelé alors qu’elle était en train de téléphoner sur sa ligne fixe. Elle parlait à un homme… » Un coup de poignard à distance.
L’appareil de Bertrand, de marque Siemens, est particulièrement adapté à ce genre d’espionnage puisqu’il permet de programmer simultanément décrochage automatique et mode silencieux. Chez d’autres fabricants, ces deux fonctions sont incompatibles. «Nos appareils ne peuvent se déclencher automatiquement que si une sonnerie a bien retenti, explique un vendeur Nokia à Genève. Question de sécurité.» Certains usagers ont cependant trouvé la parade: ils programment une sonnerie sans note, donc silencieuse, et il leur suffit alors de brancher l’oreillette pour transformer leur Nokia en micro clandestin.
Et Bertrand? «Grâce à ces séances d’espionnage, j’ai sauvé mon couple. Ma copine n’a jamais su comment j’avais découvert ses petites affaires. Et moi, je n’ai jamais plus utilisé cette fonction de mon téléphone.»
Encore un détail: pour éviter que d’autres appelants déclenchent involontairement l’appareil espion, il est conseillé d’en programmer la fonction «filtre» avant de le placer en un lieu discret. Et surtout ne jamais oublier que, comme le rappelle le bon Gérard de Villiers, «celui qui écoute aux portes entend souvent davantage qu’il ne le désire».
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Cet article de Largeur.com a été publié le 9 septembre 2001 dans l’hebdomadaire Dimanche.ch.
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