Malgré la contre-attaque de l’industrie musicale, la plupart des chansons sont toujours disponibles gratuitement sur le Net. Plusieurs systèmes d’échange coexistent. Guide comparatif.
L’échange de fichiers ne s’est pas arrêté avec la mort clinique de Napster. Au contraire, des dizaines de plate-forme ont pris la relève et permettent de trouver de la musique, des images ou des vidéos gratuites sur internet.
Depuis l’installation de filtres, le nombre de titres échangés par Napster a chuté de manière dramatique. Selon l’institut Webnoize, le nombre de chansons téléchargées est passé de 2,79 milliards en février à 360 millions en mai 2001, soit une chute de 87%. «La chute de Napster a été encore plus impressionnante que sa croissance», constate Gary Lacey, de Webnoize.

Dans le même temps, l’architecture «peer to peer» (p2p, prononcer pitoupi) popularisée par Napster s’est considérablement développée. A tel point que Sun Microsystems en a fait un modèle en créant une plate-forme de programmation – baptisée JXRA – spécialisée pour ce type d’application.
Du coup, le modèle Napster a rapidement fait école, et l’on trouve aujourd’hui quantités de nouvelles solutions destinées à échanger des fichiers, que ce soit au format MP3 (musique), MPEG (vidéo) ou JPG (photos). Tour d’horizon commenté.
AudioGalaxy
On entend relativement peu parler de la communauté musicale AudioGalaxy, qui est pourtant extrêmement vaste et performante. Le service se divise en deux parties: une section commerciale (que personne n’utilise) et une vaste plate-forme d’échange de musique accessible au moyen d’un petit logiciel baptisé «AudioGalaxy Satellite» qui ne fonctionne que sur PC (la firme américaine attend que des programmeurs Mac s’annoncent pour la développer).
Le moteur de recherche fonctionne très simplement et liste les usagers qui possèdent la chanson. Chaque membre de la communauté dispose de son catalogue, automatiquement classé par artiste et par genre, ce qui permet aussi de naviguer dans des répertoires de style (rap, rock, etc.) au lieu de chercher par auteur ou par titre.
Pour chaque morceau recherché, le satellite fournit une liste de tous les membres qui le possède. On peut choisir la qualité désirée puis lancer le téléchargement. Contrairement à Napster, le morceau apparaît même si l’usager qui le détient n’est pas branché. Dans ce cas, le satellite commencera le téléchargement dès que la source deviendra accessible.
Une interface Web permet de classer, jouer ou supprimer des téléchargements en cours. Il faut un peu de temps pour s’habituer à toutes les astuces de cette puissante plate-forme. Par exemple, en cliquant sur l’icône représentant une parabole satellite à côté d’un titre de chanson, AudioGalaxy télécharge automatiquement le morceau dans la qualité la plus vastement disponible.
Kazaa
Kazaa commence à se faire connaître comme le digne successeur de Napster. Son fonctionnement est extrêmement simple et ressemble beaucoup à son inspirateur. Son catalogue s’étoffe de jour en jour, en même temps que sa notoriété.
Kazaa fonctionne au moyen d’un logiciel à télécharger (seulement pour PC). Il permet non seulement de retrouver des fichiers musicaux MP3, mais aussi des films et des images. On peut lancer une recherche générale, ou seulement sur les titres ou les artistes. Son gros avantage par rapport à Napster, outre la taille du catalogue, vient de la possibilité d’interrompre le téléchargement et de le reprendre à n’importe quel moment. Certainement une plate-forme à suivre.

iMesh
Plus ancien que Kazaa, et donc plus largement fréquenté, iMesh reste une alternative sûre pour retrouver de la musique, des images ou des clips. Comme Napster, le système fonctionne de manière centralisée, c’est-à-dire qu’un seul serveur détient le répertoire des fichiers disponibles et leur localisation. Bien organisé, le logiciel (seulement pour PC) permet d’interrompre et de reprendre un téléchargement en cours. Hébergée en Israël, et donc loin des avocats des compagnies discographiques, la plate-forme iMesh pourrait bénéficier d’un sursis supplémentaire de la part des tribunaux américains.
Aimster
La communauté Aimster se greffe subtilement sur celle de la messagerie d’AOL. Les membres d’AOL peuvent ainsi utiliser ce logiciel d’échange de fichiers à la place de la messagerie. Juridiquement, Aimster se différencie des autres plate-forme car les internautes qui s’y échangent de la musique sont – théoriquement – des «buddies», c’est-à-dire des amis de confiance au sein de la communauté. Raison pour laquelle l’inventeur d’Aimster, Johnny Deep (son vrai nom), a décidé d’en poursuivre l’exploitation malgré les menaces judiciaires. Une version pour Mac est en développement.
WinMX, Napigator
Ces deux sytèmes utilisent des serveurs différents de Napster, mais qui exploitent le même protocole – baptisé OpenNap. Il existe des dizaines de serveurs compatibles avec OpenNap, répartis autour du globe, sur lesquels WinMX et Napigator permettent de se connecter. Napigator nécessite l’installation préalable de Napster. Ces programmes (uniquement pour PC) listent les serveurs disponibles. Le principal problème pour l’usager consiste à déterminer lesquels sont fiables et performants. Par rapport aux autres plate-formes, qui centralisent l’information sur un seul serveur, cette recherche représente une perte de temps.
BearShare, LimeWire, Gnutella
La particularité du réseau d’échange de fichiers Gnutella vient de son architecture répartie: toute machine connectée peut devenir un serveur qui possède la totalité ou une partie de la base de données. Les requêtes s’envoient dans la nébuleuse et reviennent petit à petit (lentement) vers l’usager.
Techniquement, c’est un monstre à plusieurs têtes, impossible à achever, ce qui en fera certainement le dernier bastion lorsque les procès des maisons de disques auront réussi à boucler tous les autres systèmes. Les logiciels BearShare et LimeWire proposent des interfaces assez élégantes, compatibles avec Gnutella. Des versions pour Mac, Unix et Linux, sont aussi disponibles.
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Et vous, quelle plate-forme utilisez-vous? En connaissez-vous d’autres? Quels sont vos expériences? Pargagez vos avis dans notre débat.
