Avec son hymne «Red Alert», le duo londonien s’impose comme la révélation house de l’année. On l’entendra partout cet été. Bon pour les clubs, bon pour la radio, et pas mauvais pour les jambes.
Une rumeur se répand depuis quelques semaines dans le milieu très sélect des DJ’s londoniens: en découvrant le premier album de Basement Jaxx, le légendaire Thomas Bangalter aurait déclaré «Ah les salauds! Leur disque est meilleur que le nôtre!»
Que l’anecdote soit vraie ou fausse n’a finalement pas grande importance. Ces mots prétés à Thomas Bangalter suffisent à donner une idée de la hype qui entoure Basement Jaxx. Il faut savoir que le Bangalter en question appartient à la crème des producteurs de house. On le considère comme une sorte de buddha des platines. Moitié de Daft Punk, il est aussi à l’origine de «Music Sounds Better With You» de Stardust, le tube incontesté de l’été 1998.
Fat Boy Slim, auteur de l’autre tube de 98, «Rockafeller Skank», serait également un ardent supporter des deux Basement Jaxx. On comprend pourquoi. Leur premier album, «Remedy», qui sort cette semaine, mélange des refrains d’une évidence cristalline aux pulsations les plus énergiques du moment, sans vulgarité ni racolage.
La coloration sonore de Basement Jaxx évoque la house originelle de 1987, ces mixes mythiques du label DJ International qui reviennent en force sur les bonnes platines. Un son assez rétro, baigné de vocaux euphoriques et de stridences disco: irrésisitible.
Plus que jamais, la production d’un tube house répond à de savants dosages. Il s’agit d’assembler des souvenirs de jeunesse (la pop culture des années 80 pour la nouvelle génération) à des beats plus modernes, et surtout, à des mélodies aisément mémorisables.
Experts dans le maniement des codes, les producteurs de Basement Jaxx ont compris la recette: ils alignent toutes les références historiques, tous les clins d’oeil qui façonnent le style de 1999: soupirs extatiques, sonneries de téléphones mobiles, concentré de salsa, cris de foule en délire et basses spectaculaires.
Contrairement à Daft Punk, qui joue la carte du minimalisme, ces deux-là fonctionnent sur l’accumulation: en écoutant leur disque, un musicologue repérerait des influences qui vont des rythmes cosaques au vocoder de Zapp, en passant par des bouffées de raggamuffin, du balearic beat et des violons tziganes de supermarché.
Mais c’est surtout la mélodie qui prime. Le morceau-phare de l’album, «Red Alert», se retient dès la première écoute. Un grand hymne à l’insouciance, appuyé par des paroles revenues de tout: «C’est une catastrophe, mais ne panique pas: la seule chose qui continue, c’est l’histoire.» Un texte pas forcément politique: pour y trouver une référence clintonienne, ce serait plus du côté de George que de Bill qu’il faudrait chercher. La mélodie rappelle sérieusement Funkadelic.
Depuis quatre ans, Felix Buxton et Simon Ratcliffe, les deux producteurs de Basement Jaxx, bénéficient d’une réputation de première classe dans les meilleurs clubs. Ils ont commencé dans les quartiers sud de Londres, où leurs soirées réunissaient toutes les fashion victims de la capitale. Leur notoriété s’est vite répandue sur la planète: ces derniers mois, ils ont animé des nuits au Japon, en Californie, à New York et jusqu’en Australie!
Leurs premiers vynils, «Flylife», «Samba Magic», sont rapidement devenus des classiques underground. Recrutés par le label XL (maison-mère de Prodigy), ils s’attaquent aujourd’hui au grand marché international, avec vidéo sur MTV et couvertures de magazines branchés.
Cette force de frappe commerciale devrait leur permettre de squatter toutes les radios
d’ici à quelques semaines. On ne s’en plaindra pas: Basement Jaxx compose la bande-son du présent et c’est irrésistible.
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Basement Jaxx, «Remedy», XL Recordings.
