Chef de commando, féru de poésie et de philosophie, mathématicien et pianiste à ses heures, le Premier ministre israëlien ressemble à un superhéros de fiction. Branchez la console et jouez à l’Eclair.
En lisant les nombreux portraits consacrés à Ehud Barak par la presse internationale, j’ai eu envie de créer un jeu vidéo. Ce jeu s’appellerait «L’Eclair» (barak, en hébreu) et mettrait en scène un superhéros dans les situations les plus délicates.
Ehud Brog, mon superhéros, ressemble un peu à Mr Magoo. Avec sa tête ronde et son sourire naïf, il passe inaperçu dans la foule. Personne n’imaginerait, en le croisant, qu’il est le soldat le plus décoré de son pays.
Ehud manie les mitrailleurs Uzi avec la même dextérité que Schwarzenegger dans le film «Predator». Né dans un kibboutz, élevé à la dure selon les principes du socialisme pionnier, il entre dans l’armée à l’âge de 17 ans. C’est à ce moment-là qu’il décide de changer de nom. La pratique est courante, à l’époque, dans son pays: il s’agit de célébrer le nouvel homme juif. Ehud Brog devient alors Ehud Barak: l’Eclair.
Cliquer sur «start» pour les choix de carrière. L’Eclair reste dans l’armée pendant 36 ans, ce qui ne l’empêche pas de suivre des études supérieures. Il devient mathématicien et physicien, il obtient des diplômes à l’université américaine de Stanford ainsi qu’un brevet de pianiste. Il lit aussi beaucoup de livres philosophiques, des poèmes et des ouvrages de stratégie.
Durant sa carrière militaire, l’Eclair participe à d’innombrables opérations de commando. Il lui arrive de citer des poètes et des philosophes dans les situations les plus incongrues. Cliquer sur «action» pour les exploits.
Le 8 mai 1972, l’Eclair dirige le groupe d’élite qui libère les otages retenus par des terroristes palestiniens sur l’aéroport de Tel Aviv. Déguisé en mécanicien, l’Eclair remplit sa mission.
Le 9 avril 1973, il commande l’un des groupes chargé de faire exploser un immeuble du Front démocratique de libération de la Palestine à Beyrouth. La mission est claire: assassiner trois dirigeants de l’OLP tenus pour responsables de l’attentat des Jeux olympiques de Munich où des athlètes israëliens avaient perdu la vie.
Pour cette opération délicate, L’Eclair se déguise en femme. Il porte une perruque blonde et des faux seins. La mission est accomplie avec brio.
En 1988, l’Eclair prépare l’opération qui aboutit à l’assassinat d’Abou Jihad, le numéro deux de l’OLP, dans son domicile de Tunis.
Tous ces exploits peuvent être reproduits dans mon jeu vidéo: c’est l’option Army. Mais il y a aussi l’option Private, qui permet de simuler la vie sentimentale de l’Eclair. Par exemple, sa rencontre avec la belle Nava. Dans cette séquence, l’Eclair et Nava portent tous les deux l’uniforme.
La scène se déroule à l’Université hébraïque de Jérusalem, en 1967. L’Eclair a 25 ans. Il est assis dans la bibliothèque de la faculté, à côté d’une jeune femme qui ne l’a même pas remarqué. Elle écoute une pièce de Shakespeare à l’aide d’un casque audio.
L’Eclair est tétanisé. Comment aborder cette créature à l’étrange beauté séfarade? Il saisit un journal et l’ouvre à la page des cinémas. Avec son stylo, il griffone des points d’interrogation à côté de chaque film et tend le journal à la jeune femme. Sans même retirer ses écouteurs, elle jette un oeil à la liste et appose un point d’exclamation sur le film qu’elle a envie de voir.
Plus tard, au restaurant, l’Eclair apprendra qu’elle était officier des renseignements pendant la guerre des Six Jours. Cliquer sur «love».
Deux ans après cette rencontre, l’Eclair épouse Nava. Ils auront trois enfants. Retour sur l’option «Army». L’Eclair devient chef du renseignement militaire en 1983.
Le 1er avril 1991, l’Eclair atteint l’apogée de sa carrière militaire: il est nommé chef d’état-major général, avec le grade de général de corps d’armée. Il décide de moderniser les troupes et d’orienter Tsahal vers la très haute technologie. Cliquer sur l’option «Politics». Le 17 mai 1999, l’Eclair est élu premier ministre de l’état d’Israël.
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Tous les événements décrits ci-dessus font partie de la biographie officielle d’Ehud Barak, telle qu’elle a été racontée par le Daily Telegraph, le New York Times, Le Monde et Libération.
