Trois questions à celui qui remplacera Daniel Pillard à la tête du Matin. Le journal orange n’a pas réussi à intégrer son rédacteur en chef.
Après plusieurs mois de tension, la rédaction du Matin a retrouvé un peu de calme mardi dans l’après-midi. La direction du groupe Edipresse, propriétaire du quotidien orange, a décidé de se séparer de Daniel Pillard, rédacteur en chef.
Cette crise avait pour origine «des divergences aiguës opposant différents groupes de rédacteurs à propos notamment de l´organisation de la rédaction et de la politique du personnel menée par Daniel Pillard», note Edipresse dans un communiqué.
On peut résumer l’affaire en disant qu’une partie de la rédaction (les «anciens») s’est opposée aux réformes entreprises par les «nouveaux» (Daniel Pillard et ceux qu’il a engagés).
La mission principale de Pillard et de son équipe consistait à mettre en place une nouvelle formule du journal: de nouvelles rubriques, un ton plus incisif, une meilleure réactivité, dans un format plus petit (tabloïd, la moitié du format actuel). Le rédacteur en chef n’a pas pu mener ces réformes et sera donc remplacé par son supérieur, Théo Bouchat, directeur des publications suisses d’Edipresse. Maintes fois retardée, la nouvelle formule devait sortir au printemps de cette année. Le départ de Daniel Pillard repousse l’échéance à cet automne, au mieux.
Ce n’est pas la première fois que la rédaction du Matin s’oppose à la modernisation et aux changements. Il y a quatre ans, Jacques Pilet, alors directeur des publications suisses d’Edipresse, s’était déjà cassé les bras en essayant de soulever un peu d’enthousiasme pour une nouvelle formule du Matin. Il avait fini par quitter le groupe, plus ou moins contraint, dépité surtout.
Théo Bouchat, considéré lui aussi comme un dangereux réformateur par une partie de la rédaction, parviendra-t-il là où ses prédécesseurs ont échoué? Peu après sa nomination «temporaire» au poste difficile de rédacteur en chef du quotidien, Largeur.com lui a posé trois questions:
Largeur.com: Qui a eu la peau de Daniel Pillard?
Théo Bouchat: Personne. C’est une décision de la direction générale d’Edipresse de sacrifier Daniel Pillard pour que la rédaction retrouve la paix.
Largeur.com: Le Matin est-il un journal impossible à réformer?
Théo Bouchat: Non. D’ailleurs, je vais tenter de le faire. Il est normal que la nouvelle formulle soit retardée puisque le changement de locomotive au milieu du trajet implique quelques adaptations. Il est cependant important et très bien pour tout le monde que cette nouvelle formule voie le jour.
Largeur.com: Qu’allez-vous faire dans cette galère?
Théo Bouchat: Je vais tenter de mener à terme un projet ambitieux qui ne mérite pas d’être abandonné en cours de route. Je resterai le temps qu’il faudra pour remplir cette mission.
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Largeur.com publie chaque semaine une chronique dans l’édition dominicale du Matin.
