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L’abus de monopole de Swisscom, Orange et Diax

Depuis la libéralisation du marché des télécoms, on peut appeler les Etats-Unis pour une dizaine de centimes par minute. Mais curieusement, pour joindre un correspondant sur son mobile dans le même quartier, le prix dépasse les 50 centimes par minute.

Les Suisses s’aperçoivent que les communications vers les mobiles prennent une place de plus en plus importantes dans les factures. Mais pourquoi ces prix ne baissent-ils jamais, dans un marché pourtant concurrentiel?

Explications. Chaque opérateur mobile fonctionne un peu comme un pays dont les habitants sont ses abonnés. Pour acheminer un appel vers l’un des habitants de ce pays, les autres opérateurs doivent verser une taxe d’entrée, fixée par ce que l’on appelle les tarifs d’interconnexion.

Par exemple, Swisscom facture environ 40 centimes par minute aux opérateurs privés qui veulent acheminer des appels vers un abonné au réseau Natel, en plus des frais de mise en service. Des prix trop élevés, en comparaison à ce qui se pratique dans d’autres pays. Il est ainsi moins cher pour les privés de faire transiter les appels par l’étranger: «Si l’on passait directement par Swisscom, on devrait facturer près de 60 centimes par minute, sans compter notre marge, détaille Francis Cobi, patron de l’opérateur Smartphone qui facture 49 centimes par minute pour les appels vers les portables. Pour arriver à ce tarif, nos communications partent à l’étranger, puis reviennent en Suisse.»

En entrant sur le marché, Diax et Orange se sont alignés sur les tarifs de Swisscom. Aucun des trois acteurs du mobile suisse n’aurait avantage à faire baisser les prix d’interconnexion pour une raison simple: son image n’en souffre pas. Sur la facture, l’usager ne voit pas qu’il paie cher à cause d’un tarif d’interconnexion exorbitant. «S’il est abonné chez Smartphone, il pense que c’est Smartphone qui coûte cher alors que nos marges sont minuscules, s’énerve Francis Cobi. Pas besoin d’une loupe pour constater que la concurrence ne joue pas entre les trois opérateurs mobiles et que la liaison vers les abonnés mobiles est surfacturée.»

La Commission de la concurrence, qui soupçonne aussi une attitude cartellaire entre les trois opérateurs mobiles, a ouvert une enquête. «Leur structure tarifaire est étrangement similaire, il y a des indices clairs de position dominante collective», confirme Stefan Renfer, à la Commission.

Si un oligopole est mis en évidence, le régulateur pourra imposer une baisse importante des tarifs d’interconnexion, et donc du prix des appels vers les mobiles.